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provocateurs

  • Quitte, Anse

    EdvardMunch_1893.jpg

    Et puis, dans un virage
    cabré comme un présage nocturne
    vint l’or, Anse
    béant sa nonchalance au bras d’un ciel mort-né
    recueillant des soleils fatigués
    toutes les huiles lumineuses
    attrayantes ! rieuses !
    et partageant les eaux de la Baie des Gueuses

    Il y eut comme un printemps à l’or
    L’air charriant des rémanences fécondes
    vibrillonnait l’onde
    - la mer ouverte sous la nuit capitale
    avec tous ses boutons d’or pâle,
    des sourires vagues s’élargirent
    sur le rivage où rebondir

    Je descendis vers ce jeune et joyeux chaos
    rajustant un peu mon manteau
    - à l’épaule ample comme une aube
    et le col monté jusqu’au nez,
    Je croyais qu’il pleuvrait
    Il fallut donc qu’il pleuve, ah
    (mais rien de cette pluie dont les arbres s’abreuvent)
    ça ! il pleuvait, de la mer vers le ciel
    de l’or de l’Anse l’hydromel

    Main tendue paume à terre
    je happais, je captais et saisis des lumières
    qui sitôt m’échappaient et lâchaient dans le noir
    une manière de rire bonsoir
    laissant à l’autre dans le couloir une pensée
    « Ça ! je l’aurais bien cherché ! »

    « Te souviens-tu, semblait me dire
    cette pluie à n’en plus finir,
    Te souviens-tu de la jeunesse que tu m’as faite ?
    Oh, c’est pas tant de tes caresses
    - mais si, aussi, allez va !
    Rappelle-toi, du temps que j’étais à la fête
    l’ivresse que c’était
    ces mots que tu me destinais ».

    Mince alors !
    Qu’ai-je dit ?
    Un trésor… ?

    Puis le vent du dehors fraîchit
    annonçant la fin de la nuit
    l’or avait regagné les ciels
    qui pointillaient à qui mieux-miel
    (Ah, l’aurore !)

    Je poursuivis ma cheminée
    à contre-sens
    plaidant une nouvelle danse
    à rattraper

    L’orient dans mon dos s’agitait
    ayant tout bu de ton or, Anse
    sans même t’en donner quittance
    je m’en allai

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK