Et puis, dans un virage
cabré comme un présage nocturne
vint l’or, Anse
béant sa nonchalance au bras d’un ciel mort-né
recueillant des soleils fatigués
toutes les huiles lumineuses
attrayantes ! rieuses !
et partageant les eaux de la Baie des Gueuses
Il y eut comme un printemps à l’or
L’air charriant des rémanences fécondes
vibrillonnait l’onde
- la mer ouverte sous la nuit capitale
avec tous ses boutons d’or pâle,
des sourires vagues s’élargirent
sur le rivage où rebondir
Je descendis vers ce jeune et joyeux chaos
rajustant un peu mon manteau
- à l’épaule ample comme une aube
et le col monté jusqu’au nez,
Je croyais qu’il pleuvrait
Il fallut donc qu’il pleuve, ah
(mais rien de cette pluie dont les arbres s’abreuvent)
ça ! il pleuvait, de la mer vers le ciel
de l’or de l’Anse l’hydromel
Main tendue paume à terre
je happais, je captais et saisis des lumières
qui sitôt m’échappaient et lâchaient dans le noir
une manière de rire bonsoir
laissant à l’autre dans le couloir une pensée
« Ça ! je l’aurais bien cherché ! »
« Te souviens-tu, semblait me dire
cette pluie à n’en plus finir,
Te souviens-tu de la jeunesse que tu m’as faite ?
Oh, c’est pas tant de tes caresses
- mais si, aussi, allez va !
Rappelle-toi, du temps que j’étais à la fête
l’ivresse que c’était
ces mots que tu me destinais ».
Mince alors !
Qu’ai-je dit ?
Un trésor… ?
Puis le vent du dehors fraîchit
annonçant la fin de la nuit
l’or avait regagné les ciels
qui pointillaient à qui mieux-miel
(Ah, l’aurore !)
Je poursuivis ma cheminée
à contre-sens
plaidant une nouvelle danse
à rattraper
L’orient dans mon dos s’agitait
ayant tout bu de ton or, Anse
sans même t’en donner quittance
je m’en allai
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK