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carnÂges - Page 39

  • hypocrisies ? des chapelures...

    guillotine.gifHypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    Pardon, madame
    où est votre âme ?
    je crains incidemment
    d'avoir marché dedans

    hypocrisie des politesses
    servies aux courtisées
    pour mieux s'en défausser

    Pardon, cornard
    range ton dard !
    ou, veux-tu te moucher ?
    tu as la goutte au nez

    hypocrisie des mœurs viriles
    dressées sur des ergots
    inutiles dans l'eau

    Pardon, monsieur
    voici vos yeux
    ils traînaient sous les jupes
    de votre jeu de dupes

    hypocrisie des solitudes
    abreuvées au puisard
    des plus torves regards

    Pardon, petite
    lâche ma bite
    tu n'en as l'apanage
    - il est plat ton corsage !

    hypocrisie des régalades
    promulguées vers la Chaire
    depuis les bancs déserts

    Pardon, vieux con
    - c'est quoi ton nom ?
    dis, pourquoi tu m'agresses ?
    par déni de jeunesse ?

    hypocrisie des préséances
    dues aux sommets de l'âge
    et tous ses commérages

    Pardon, la poule
    parmi la foule
    mais, vois-tu, mes deux mains
    en ont après tes seins

    hypocrisie des impudences
    promues au rang d'esprit
    - qui manque aux malappris

    Hypocrisies ? des chapelures !
    répandues sur les chairs
    molles comme mohair

    et dessous l'âme
    qui crame, crame, crame

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pars, pitié !

    (forfait hospitalier)

    le coeur sur la main de NEWT 

    Viens, assieds-toi machin
    pose tes mains
    tu n'en auras besoin qu'au moment de partir
    et ce sera demain déjà
    et tout l'obscur empire
    du souvenir

    Viens, je te dis, entre
    qu'as-tu de mieux à faire de ton ventre ?

    Il a faim, ce regard
    Il a froid
    et ne se connaît pas d'autre endroit
    où porter
    sa vue jusqu'à l'été

    Tu t'appelles peu importe
    Vois, j'ai laissé la porte ouverte sur les blés
    qui tanguent
    et se parlent la langue ancienne
    des sillons et des graines
    dont on fait les chansons

    Et tiens, musique !
    - ça te dit, au moins ?
    pour moi, c'est du nectar
    et quand il faut chanter, il n'est tôt ni trop tard
    Musique ! du pain béni
    qui nous vaut, corps et âme
    d'aimer le goût d'aimer le goût des flammes
    - quelle que soit la saison
    Musique, bonnet d'âne posé sur la raison

    Allez, mange, pauvre ange
    connais-tu cet or, ange ?
    (oui, je lai déjà dit, mais regarde)
    c'est le bel aujourd'hui qui s'attarde

    Va, c'est bien, ne dis rien
    je suis d'humeur bavarde et parlerai pour deux
    cent, mille
    et des milliers d'années volubiles

    As-tu sommeil ?
    As-tu soif ?
    Veux-tu d'un bon bain chaud ?
    Aimes-tu qu'on te passe le gant dans le dos ?

    Veux-tu que je te fasse la lecture ?
    J'ai quelques vers de Max en villégiature
    profitons de l'aubaine

    Jules, peut-être... ?
    - lequel mettre... ?
    T'ai-je déjà narré L'Escale Brésilienne ?
    Ah oui ? Ah bon. Ah bien.
    Veux-tu m'accompagner ? je vais sortir le chien.

    Oui, quoi ? qu'allais-tu dire ?
    Qu'as-tu là, mon salaud ?
    Ah ça, mais tu me tues !
    (soupir)
    C'est con comme c'est beau.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : NEWT

  • c'est tout vu, amour

    yiiihaaa- fais-moi voir.
    - quoi donc ?
    - je ne sais... quelque chose...
    - quelque chose comme un bouquet de roses ?
    - quelque chose comme ça, oui.
    - quelque chose qui te dit comme je t'aime ?
    - oui, oh oui ! très exactement ça, même.
    - tu ne veux pas d'un poème ?
    - non, non, merci non... fais-moi voir, simplement.
    - attends... j'enlève mes gants.
    - j'attends, comme toujours.
    - par amour.
    - pardi !
    - alors voici...
    - oh, c'est beau ! qu'est-ce que c'est ?
    - mon cadeau, mon bouquet, mon petit effet.
    - c'est pour moi, vrai de vrai ?
    - non.
    - pardon ?
    - non, c'est à toi... pas pour toi.
    - ... comprends pas...
    - prends-le...
    - avec les yeux ?
    - avec les doigts si tu veux, mais tu voulais voir.
    - oh ! je vois, oui...
    - comme je t'aime ?
    - oui, oh, oui... ça oui ! très exactement ça, même.
    - c'est ce que tu voulais ?
    - en mieux !... si je m'attendais.
    - alors, dis : que vois-tu ?
    - je vois que je t'ai plu et sans l'avoir voulu, comme un reflet qui saurait dire la vérité sans détour et sans parler.
    - et que vois-tu encore ?
    - la mort, dis ! ...qui trépigne, s'indigne et compte ses épines pour aller jouer ailleurs, user d'autres rapines, aux endroits où l'on meurt.
    - et puis ?
    - et puis ta peau qui boit de l'eau qui me coule du dos ; ta peau qui me couvre de nuit ; ta peau qui m'envie, qui m'appelle... où mon corps est blotti et couve sous ton aile.
    - et tu vois les couleurs ?
    - je les vois, je les vois ! elles arrivent ! elles quittent la rive et font des ricochets sur les dunes et sur les parapets.
    - et tu les reconnais ?
    - ah oui ! il y a celle qui danse, il y a celle qui pleure, celle-ci qui affleure et cette autre qui pense à repeindre la cour où déjà reparaît le jour… ce jour où tout murmure est nouvelle aventure ; ce jour qui dit toujours oui ; cet aujourd’hui.
    - le spectacle te plaît, donc.
    - ah, le beau rigodon ! ah, la fête ! et quel est ce vol d'oiseaux trop sérieux sous le ciel amoureux... quelques canards chipeaux ?
    - non, des bergeronnettes.
    - tu m'aimes tant que ça ?
    - tu le vois.
    - je le vois.

    Qui a dit que l’amour est aveugle au faîte ?

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #51

  • présentations à la vierge

    Voici, putain ! l'heure qu'on dit sereine
    où l'on a tout paré pour jouer sa semaine
    les arbres sont rangés le long du boulevard
    les volets refermés disent qu'il est trop tard
    aux amis impromptus qui sonneront en vain
    et le lit pue du cul où dorment les gamins
    qui ont fait leur devoir en ne nous disant rien

    Voici, salope ! le moment de te prendre
    puisqu'il n'est de plaisir, au vrai, que de t'entendre
    dire "ah oui", "ah non", "ah, ça encore" et chanter
    de ta petite mort les termes mesurés
    bourgeoise qui s'enivre de se croire folle
    en étant si lascive qu'une praire molle
    ne s'offusquant pas même que je ne décolle

    Voici, carnage ! l'instant des appétits
    où n'est plus que la rage, ivre, pure, étourdie
    d'être sans compromis inclination des sens
    chorégie, peinture même, essence,
    à cru montant la chair, hurlant comme un orage
    déverse sa furie sur les âmes sans âges
    et ne craint pas qu'on vienne en demander dommage

    ◊◊◊

    Voici, lumière, ta seconde rendue
    à son éternité d'éternités repues
    il y vogue des âges l'or, la pierre à feu
    la course du Centaure après son lot de dieux
    la main qui fait la chose et la chose qui passe
    de la tienne à la mienne à une autre et se casse
    et se brisant me dit d'une autre vague lasse
    l'éclat fugace

    ◊◊◊

    - Voici, le torchon ?
    - Merci, non.

    ◊◊◊

    Voici le calme bleu et gris
    de l'océan et son roulis
    quelque histoire y peut naître encore
    un dieu attend qu'on l'y adore
    un monstre y préside au banquet
    un astre y ploie sa destinée
    encrier.jpg

    une tempête s'y fait belle
    des vents y soufflent ritournelle
    tandis que de mon pas je longe
    la rive grise de ces songes

    ◊◊◊

    Et voici ta virginité, comme je l'aime
    gribouillées de poLèmes
    page d'aube.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • les yeux mal venus

    briiiiightenIls sont passés
    comme qui dirait à l'improviste
    suivant pourtant la même piste
    connue
    les yeux mal venus

    Ils ont léché la trace
    l'ont trouvée dégueulasse
    mais s'en sont bien repus
    les yeux mal venus

    Ils ont levé un voile
    puis deux, puis trois
    s'y sont brûlés les doigts
    leurs petits doigts crochus
    les yeux mal venus

    Ils ont remplis leurs poches
    au premier son de cloche
    ont vite disparu
    les yeux mal venus

    Ils s'en sont retournés
    dans leurs sombres orbites
    rongées, mangées au mythe
    se sont pissé dessus
    les yeux mal venus

    Ils reviendront bientôt
    sucer jusqu'au noyau
    de mon fruit défendu
    les yeux mal venus

    Ils seront bien punis
    mon rêve les maudit
    de ne les aimer plus
    les yeux mal venus.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK