carnÂges - Page 14
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vertige urbain
Au reste, moins furtive et bien plus prometteusequ'au dépourvu le geste offre une chair à prendrela ville, où tu disais vivre sans plus m'attendrecrâne, m'éblouissait d'œillades aguicheusesBientôt, j'embrasserai des ombres nyctalopesl'uniforme clameur aux multiples accentsà prétendre que non, mais seul, et t'espérantet balançant ton nom pour un sou... pour un clope...Y eût-il une chance rare - ou malhonnête !de séduire un serpent et de lui arrachersi ce n'est la raison, le lieu de ta curéecar, aux fins de pardon, c'est tout ce que je souhaiteMollement, par les rues, j'implore ton parfumdans ce bain d'odeurs crues, d'ordures, de fuméene gardant à l'esprit que la porte d'entréeet le moyen de faire, à rebours, le cheminEt puis, je t'aperçois ! C'est bien toi; c'est ton rire !À ton sein rond et blanc, ce petit animalchéri dans l'affection de tes paires vestales- et moi, dans ce dédale, à regretter le pire !tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
adage
(Quand je ne te verrai plus)Au rire singulier que tu lances dans l'airoù, charnelle, roucoule une joie impromptueprodige de bienfaits pourtant involontaireà cet éclat subit, je t'aurai reconnueÀ ce parfum léger que ta nuque dispenseet que ta chevelure embarque dans ses flotsmêlant, par alchimie, l'odeur et la fragranceje saurai que je viens à présent dans ton dosÀ l'indolent séjour où ma paume reposeéprouvant la chaleur d'un délicat veloursque me seront lointains les brûlots et les causeset qu'il me sera doux d'espérer ton amourAu violent appétit m'envahissant le corpspour goûter au plaisir de faire un beau carnageet porter cette ivresse à son ultime bordalors, j'aurai livré à ton sort tous mes âgesJe l'aurai accepté, comme le veut l'adagepour t'aimer davantage : être aveugle à jamais
tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
Rouge heurt
Voici les yeux rougisLe bouquet, de la mainsur le sol a pourriquand s'est tu le refrain- de la meilleure école !qui n'émeut pas la folleet sa fièvre insatiableVoici le feu sans nomL'histoire à l'heure diteravageant les encoursavec, en point de fuiteun sinistre contouréquarrissant le jourde son humanitéVoici qu'il pleut du vinLa nuit de chaque chosede l'est à l'occidentdévore les osmoseset roule un vaste ranoù se perdent mon chantet ton ultime criAussi, je verseun bouquet rouge feupour le vin de tes yeuxque piétine le coursimparable du jourque mangera le soirà la table dressée au-devant de l'histoiretiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -
Carton plaint
(à vegas-sur-sarthe)Je connais la manière, oh ! je sais la chanson...Il lui prend le besoin de bouger des cartonsremplis de lendemains qui ne font plus l'affaireet de la crypte au front, lui monte un sang lunaireque rêve ni raison ne peuvent apaiserni l'heur d'un doux baiserni les psaumes perdus pour son oreille interneLe manège est couru jusque chez la voisine...On l'entend qui rumine aussi, à sa façonde frapper ses glaçons avec un pic en feren marmonnant les noms qui ne riront jamaisavec elle, en cuisine ou à plier les drapsen lui tendant les braspour être encore un peu, pas mieux aimés qu'hierJe sais bien... qui me tiens là, sur l'autre hémisphère...Notre L'Une a payé son tribu au sanctuaire :une semaine entière avec le ventre durà blêmir et gémir que "C'est déconfiture !"que "C'est trop d'injustice, la nature humaine !"que "J'aimerais t'y voir !"et que "Pour se raser, on fait pas tant d'histoires !"Alors, pour patienter, je tape le cartonavec mes congénères, garçons...Illustration : d'après "Go with the Flow", watercolor by Kat Grandy(avouez que ça s'invente pas !!) -
À l'instant
"L'instantanée à Biarritz" de Joaquín Sorolla y Bastida (1906)
Sa veste à Lui comme une promesse à ses pieds
Dans l'océane agitation, le port du ciel
L'été se réduit à l'instant que va saisir
le boîtier que tiennent les gants du souvenirFulgurance de la passion rouge baiser
tu brûles mieux que ne le peut le franc soleil
sur la mousseline à l'épaule, au vent légère
ou le lin blanc couvrant la hanche accorte et fièreElle n'a eu d'yeux que pour Lui et nous les cache
comme en secret Elle chérit un soliloque
L'Europe vibre au regain de sa Belle Epoque
et ses Lumières s'impriment de tache en tacheMise en regard d'un tableau impressionniste, vu à l'exposition du musée des Beaux-Arts de Caen (Normandie, France) et d'une photo prélevée sur le site de Gaëna da Sylva, photographe (Stoneham, Québec).
tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK