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carnÂges - Page 12

  • L'Enfumeuse

    Dans ses yeux logent des nuées paroxystiques
    qu'elle refuse à de malingres coutumiers
    indignes de ses élans magmatiques
    qu'elle réserve à son divin particulier
     
    Dès le matin, elle chérit sa familière
    (la toux grasse qui la prend avant le café)
    sitôt s'affaire à bourrer sa pipe en bruyère
    avec des gestes lents, gracieux et mesurés
     
    Tandis que gargouille le filtre, à la fenêtre
    elle se trouve des raisons de rester là
    juste à l'endroit prescrit pour ne pas apparaître
    au lever de rideau où nul ne l'attendra
     
    Et ça va continuer ainsi, le jour durant
    ponctué d'entrechats, placides, sabbatiques
    montant vers le plafond en longs volutes blancs
    enrobés de mourons aux soupirs cathartiques
     
    Je lui porte, à l'appui d'un discret voisinage
    une curiosité, furtive ou récurrente
    s'y trompe mon ennui en fantasques hommages
    quand ses ronds de fumée montent vers sa charpente
     
    À la tombée du jour, elle s'anime un brin
    déroule ses cheveux et s'offre un pas de danse
    puis, va se maquiller, se rhabiller de lin
    et file en quelque lieu se divertir, je pense
     
    Elle rentre parfois au bras d'un singulier
    qui la quitte au matin - jamais après midi...
    Elle, aura déjà mis en paume son foyer
    l'autre main employée à prolonger sa nuit
     
    M'eût-elle remarqué qu'elle n'y changea rien
    ni à son quotidien, ni à sa dilettante
    Est-ce à moi qu'elle adresse un signe de la main ?
    Elle part enfumer Cybèle, Atalante !
     
     

    L'Enfumeuse

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : reproduction en étude libre d’une œuvre de Liu Baojun. 
  • Trois pas de plus

    Un pas de plus dans la foulée aléatoire...
    Trop tard t'aurais-je méconnue ?
    Je viens; tu vas; ils vont et viennent...
    Ne serai jamais tien, pas plus que ne fus mienne
     
    Je vois tes yeux fermés à la vérité nue...
    Humble dans ce crâne boudoir
    je fais les cent pas dans le noir
    en rognant à l'aveugle une amertume inerte
     
    Des mélodies charrient des sourires à perte
    et, sans fin, des silences
    amenant la grand voile
    à ce mât d'acajou cargué devant le sort
     
    À deux pas du vieux port, tu t'enivres d'oubli...
    L'ombre à qui tu souris
    ne me ressemble pas
    puisque tu n'entends pas mon chant ni ses débords
     
    Cette douleur, au vrai, je ne veux rien en perdre
    et bois son vin de cèdre
    au goulot, sous le ciel
    où je sais l'hydromel qui nous a rassemblés
     
    Trois derniers pas lancés sur le monde incertain
    me traversent les mains
    de pleurs bien inutiles
    sauf à croire fertile un amour absolu
     
     

    chance

     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     
    à Laurence Le Masle
     
  • Opéra bouffe

    Plus haut la garde, mon amour !
    Je crains pour ton noble visage...
    Vois, comme la montagne est sage
    et maintient fermes ses contours...
     
    Plus haut, le rideau sur la tringle !
    si tu veux occulter ici
    l'intime jeu de nos partis
    pris au modèle de la jungle
     
    Plus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemble
    vers notre festin amoureux
    assis à la table des cieux
    où rêvons comme bon nous semble
     
    Plus haut, le bonheur attendu
    de se goûter la carne folle
    d'être à deux une farandole
    et résoudre notre inconnue
     
    Plus hauts, nos bras nus dans le ciel
    plaidant le délai quotidien
    arguant de notre rachidien
    comme du plus pur hydromel
     
    Plus haut, mon sexe dans ton ventre
    pour t'entendre crier mon nom
    et raccorder mon diapason
    à ce qui nous ramène au centre
     
    Plus haut ! Toujours plus haut que là
    où s'agrègent les imbéciles
    qu'ils soient de campagne ou de ville
    et réfutent notre opéra
     
    Plus haut, plus haut ! Je t'aime toute
    en ce rêve esseulé, sans doute
    Mais chut, ne le répète pas.
     
     

    jungle,intime

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du Samedi 
  • Pour quoi, don ?

    Parce que le coiffeur t'a ouvert ce dimanche
    la porte de côté où tu t'engages, seule
    aux feuillages d'été, d'âpres apartés feulent
    J'ai les yeux dans des mains qui ne sont plus étanches
     
    Parce que les nuées fondent sur Hermanville
    comme un amer avril et son plus triste mai
    j'ai le cœur imbécile et ne sais plus chanter
    sur mes lèvres brûlées qu'un titre de Granville
     
    Parce que les matins s'étirent jusqu'au soir
    avec le même goût de piètre médecine
    où balancent douleur et humeur assassine
    nulle paix n'apparaît aux nocturnes couloirs
     
    Parce que les journaux me sont trop quotidiens
    qui n'apportent jamais la nouvelle attendue
    que je crains d'y trouver où tu as disparu
    je ne lis que mon pas désormais sans le tien
     
    Mais parce qu'il faut vivre et mener sa partie
    je réclame l'oubli dans le moindre sursaut
    Peut-être dois-je ici graver un dernier mot
    pour nos mortes amours, sur leur tombe fleurie...
     

    Jersey red line

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#216
    à Laurence Le Masle
     
  • Ô, poil (deux douches) !

    Il s'en serait fallu d'un poil
    mais tout s'est joué autrement
    Et l'amour de mettre les voiles
    Et l'ennui de perdre son temps
     
    Au sortir d'un rêve glacial
    bras et mains pris dans sa banquise
    j'entends craqueler ma chemise
    sous l'effet d'épines d'or sale
     
    Sifflet de bise à mon oreille
    "Tu vois, je te l'avais bien dit.."
    sa voix de Nulle Autre Pareille
    roule des orgues sans merci
     
    Réfrigérante sur le seuil
    mène ici, entre chien et loup
    la Grande Ourse faisant la roue
    dont Paon seul est triste, le deuil
     
    Où trouver chaleur à nouveau
    sans risquer de finir en cendres ?
    Qui me dira "Je t'aime, sot !"
    sans frémir, ni son âme vendre ?
     
    À quoi bon se jeter l'un l'autre
    erreurs, fautes et tralalas ?
    La fin défait les agrégats
    quand l'orgueil s'en mêle et s'y vautre
     
    Pour l'heure, s'en est bien fini
    aux yeux, des brillances d'étoile
    puisqu'il aura suffi d'un poil
    pour tout anéantir, ici
     
     

    amour

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki# 214
    à Laurence Le Masle
     
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