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introspection

  • ouverture

    Du dehors
    j'ouvre grand
    la fenêtre en bois blanc
    (derrière, c'est dedans...)
    Juste au bord
    hésitant
    je regrette un peu le confort
    d'un humble sentiment
    qu'une parole amie
    m'offrit, incidemment
    - soleil chassant la pluie sans un souffle de vent

    Du dedans
    je déborde
    - et pas même une corde !
    les soupirs me sabordent...
    Juste à temps
    sans effort
    je me rattache au sentiment
    d'être un peu cet ami
    (ici, dans ce décor
    si profond que la nuit)
    que réclame la morgue en son Bel Aujourd'hui

    Hier cherche l'oubli
    Demain n'est pas encore
    et, maintenant, j'ai faim !

    Ma tête, frigide aire
    frétille à bout de poing
    transpire une encre noire

    Mon carné la recueille en fermant la fenêtre
    sur une tendre histoire

    C'est complexe que d'être, et dedans, et dehors
    Je regagne mon corps; il brûle comme un cèdre

    J'ose une mise au point
    J'y gagne mon pari et surfe sur ma ligne

     

    tiniak,polésie,une fenêtre ouverte,ou bleue,garcin,photographie

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • porridge

    (ilinx manifesto)

    et woup !

    Me suis né chaque foi sur la branche d'un arbre
    avec, tapie dessous, la fratrie verte encore
    hoquetant, gémissant, se perdant en palabres
    quand je voyais briller à point dans le décor
    ce lumineux murmure :
    « Viens à ma porte, pousse et... va ton aventure »

    Aussi, mort à mon tour dans une cage à poules
    étourdi, résigné, m'abîmant à son ventre
    là, je me ramassais l'entier comme une boule
    avant d'envisager qu'ainsi placé au centre
    - ha ! gangue mortifère...
    oui, je me refusais à ton ordre grégaire

    Tourniquet ! Tourniquet ! Lance-moi hors le jour
    de la terre engourdie à la grâce du ciel
    que la pluie me disperse, gravier dans la cour
    de vertige à fusion... Pis : de quoi je me mêle
    que ce qui me regarde
    ne tienne qu'à un fil où mon pas se hasarde

    (Ah... Foin de prévision...)

    Ô songes sans histoire, sans recul !
    Ouvrez-moi le chemin des routes provisoires
    funambules...

    Ô temps qui balancez l'Hier et le Peut-Être
    je veux boire à nouveau ma vasque d'aujourd'huis
    mesurer au cordeau ma petite fenêtre
    et m'y précipiter au filtre de l'An-nuit
    que j'y passe mon sang
    et recueille au tamis quelques jardins enfants

     

    Là !

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons..."

  • Du bois dont on fait les hommes - bonade

    Une ample clarinette basse
    en boucle, dans ma tête passe
    enrubannée d'une voix lasse
    pauvrette, maigrelette
    et surgie de certaine classe

    Sa mélodie
    trompe l'ennui
    mais souligne mon vague à l'âme
    vibrant rallentado son drame
    s'y rapporte en écho

    C'est bientôt un long flot d'aigreurs
    qui vient écouler ses humeurs
    et la nuit en prend son content
    d'heures
    abruties de noirceurs

    Je l'ai voulu
    Je suis servi
    Pleure mon cœur monocorde
    au puits
    la rumeur qui déborde
    et fuit

    Mais le mélo
    sous son chapeau
    me réservait une surprise
    et de mon gris sourire aiguise
    le pli repris aux commissures
    me ravalant la devanture
    y affiche un air de bravade
    "je t'en fiche" c'est la parade
    et son hymne d'âpre saumure s'évade

    Saumure, poisse... peccadilles !
    tant qu'on n'a pas joué sa bille
    dans le concert des bacs à sable
    rien n'est écrit d'inexorable;
    Petit-Œil, Grand-Œil, tout est bon
    tant que l'homme est vert et garçon
    une partition reste à faire
    entre porcelaine, acier, verre...

    COUVRE-BEC.jpgSouffle sonore
    dis-moi encore
    puisque l'on fait des clarinettes
    du bois coupé à la machette
    du fer réchappé des prisons
    parle à l'homme et montre au garçon
    les chemins mêlés d'Harmonie;
    que de mon siège (en PoLésie)
    j'entende reculer la mort
    pour une nuit

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    -I've got that tune-

  • altéré, go

    (cri sans thème)
    face_small.jpg
    Oui, je me suis perdu
    à cet endroit précis où je l'ai reconnue
    il faisait nuit
    il avait plu
    elle m'a souri
    je l'ai bue

    la liqueur prune

    Et de l'intérieur, mon pélot
    je fus broyé comme un grain d'orge
    d'un mot noué là, sur ma gorge
    où l'oubli surgi de sa forge
    a soufflé sur mes pauvres braises
    et j'ai fondu dans sa morne aise

    Oui, je me suis compris
    en cet endroit reclus où j'aurai tant appris
    du vent qui plie
    des vents qui puent
    et le mât pourri
    d'où je sue

    ma rancœur brune

    Quant à l'extérieur, mon pélot
    tu sais bien tout ce que je lâche
    des mots, du rêve et ce panache
    du haut du mât, qu'on se l'arrache
    pour en saccager les ramures
    le ton, le trait et l'écriture

    Oh non, pas de paix, jamais plus
    qu'un cent de petites vertus
    en chapelet sur des doigts gourds
    bouche et oreille au monde sourds

    Oh oui, la guerre, encore ! encore !
    et que parmi le monde mort
    je glisse au bas du mât pourri
    fouler les corps nus sous la pluie

    Mais oui, la prune, c'était toi
    cette brune avec un beffroi
    planté de la lèvre au regard

    Et non, tu ne me quittes pas
    depuis que tu m'as laissé là
    de larme en pied à mon brouillard

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - #490

     

  • descente à la cave à charbon

    baby_sitter.JPG

    redore-moi vingt ans, je ferai tout pareil
    raillant, buvant et crachant mon sommeil
    sur le lit défait de soleils ramant, tirant
    là-bas, là-bas, la barque des Trois Vieilles

    raccorde-moi dix ans, et j'irai au charbon
    des cendres de mémoire le lent colimaçon
    me ramène à tâtons jusqu'à ces billes noires
    fiévreux prenant garde à ses pantalons

    renouvelle-moi l'an, je dormirai tout comme
    cet oeil encor noyé d'être trop petit d'homme
    sous le cheveu garçonne un air à vendanger
    la seule mère, seule et qui fredonne

    Le temps, goutte à l'oeil
    déborde sur la joue
    lèvre, tu le recueilles
    d'un baiser doux
    comme une feuille d'acajou

    Je couvre des miennes tes mains qui dansent
    enfant, dis-m'en ce que je pense

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G.