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jour

  • Train-train journalier

    Un jour à naître dans les mains
    à ma fenêtre aux champs bleu nuit
    et tout l'orange qui s'ensuit
    j'hésite, le pied sur le frein

    T'ai-je dit que j'ai le sang lourd
    des pas venus à ma rencontre?
    Ils soufflaient : "brûle-moi, tout contre"
    et regagnaient vite leur cours

    Aujourd'hui s'étire à nouveau
    sur sa fragile étente à linge
    Cher payée, sa monnaie de singe !
    que j'ai trop souvent prise au mot

    T'ai-je vue me donner le bras
    pour me flanquer d'un oeil plus tendre ?
    Le jour, alors, pouvait attendre
    et la nuit, dérouler son bas

    Mais voici l'aube qui paraît
    Et, par quel extraordinaire
    son jupon de laine mohair
    me chatouille le bout du nez

    Allons ! C'est l'heure, il faut lancer
    sur le sol encore engourdi
    un pied ferme et plein d'appétit
    pour le train neuf de la journée

     

    poésie,lison,dominique durel

    tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • dais : l'aube jusqu'au soir

    lisa G, graphiste

    Faut-il donc que s'achève au point du jour le rêve
    plutôt qu'envisager de n'en sortir jamais ?
    Combien sur le pavé pour un pas sur la grève ?
    Qui compte (me le dire) ?

    Si l'aujourd'hui n'avait plus besoin de relève
    à l'horizon pourrait plus avant s'éloigner
    sur l'océan courbé le lent demain sans trêve
    et l'aube s'attendrir

    Le pire aurait un nom arrimé à l'hier
    qui s'entendait naguère inexorablement
    étirant sa lignée sur l'ombre et la lumière
    de tristes avenirs

    Le vent serait un chant qui se ferait l'écho
    de ces joies murmurées là-bas sur le velours
    que revêt l'océan sur les plis de son dos
    frémissant de soupirs

    Des âmes incarnées riant sous la volière
    imiteront la caille et le fou de Bassan
    pour aller caresser de la plume la mer
    qui ne sait pas vieillir

    Et cette gaie volée de parer l'indigo
    des nuances connues par le plus vif amour
    déshabillant la nuée de son paletot
    sans jamais l'affadir

    De tout ce camaïeu qui redore l'ennui
    le jour aura compris n'être pas le miroir
    mais le cadre élogieux où se distrait la vie
    de l'idée de mourir

    dès l'aube jusqu'au soir

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Lisa G, Des Châteaux en Espagne.

  • l'autre jour

    H. Matisse, la danse

    un jour, mais oui
    il y eut bien autre chose que le jour, dis

    ni lune, ni soleil,
    ni les autres planètes
    pas plus que les étoiles
    pas plus que les comètes
    ne se connaissaient plus
    pour ce qu'ils on été :
    des astres annoncés.

    ni devant, ni derrière,
    ni pi, ni haut, ni bas,
    abscisses éphémères
    et courbes à fond plat
    comptaient leurs hypothèses
    avec la retenue
    qui ne s'imposait déjà plus.

    cet autre jour, alors

    on a vu des mollusques
    coiffer des matadors
    qui voulaient les soumettre

    des gars de la flibuste
    piller des nombres d'or
    sur des tableaux de maître

    des chaos détonaient
    des coups de passe-passe
    pour un feu d'artifices

    et l'on vit décoller
    l'île de Samothrace
    au bras d'Amenophis

    cette autre chose encore :

    l'autre jour se fit jour
    pour la danse nouvelle
    la danse qui n'aurait jamais besoin du ciel

    dansons la capucine

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • le jour de la dernière nuit

    Le jour où quelqu'un vous aime,
    il fait très beau, dites-vous
    mais je vous aime la nuit, voyez-vous

    Le jour où cette nuit
    me conduit jusqu'à vous
    dans le ciel aura lui
    tout mon amour de vous

    1165224952.2.jpgIl n'y aura ni nuits
    ni petits-jours, ni pluies
    car tout aura fini
    et la lumière, partout
    rayonnera de nous

    Mais déjà le jour fuit
    je ne vois plus de vous
    qu'une ligne étourdie
    et floue

    Il me reste la nuit
    pour n'aimer plus de vous
    que cette ombre où je lis
    combien je suis épris
    combien je me languis
    de vous

    norbert tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    texte inspiré d'une photographie
    extraite de LA CHAMBRE NOIRE de Gaëna