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  • amitiés à la crémone

    gaëna da sylvaÀ recompter mes doigts, étonné comme un singe
    apeuré dans la nuit bruissant les incongrus
    d'une jungle à tâtons, aux odeurs inconnues
    j'avisais la fenêtre aux seins couverts de linge
     
    Me serais-je endormi dans ce lieu étranger
    sans avoir calculé l'entrée ni la retraite ?
    Je ne veux pas bouger, priant que tout s'émiette
    et me rende bientôt à ma tendre forêt
     
    Il me semble pourtant être venu ici
    à l'invite empressée d'un regard amoureux
    et, comme moi, rebelle aux messages des cieux
    quand ils n'annoncent pas le beau temps ou la pluie
     
    Tu n'as pas attendu que la porte se ferme
    Tu as pris les devants, sans mot dire à personne
    ouvert les francs battants que tenait la crémone
    et, peut-être riant, menas ton rêve à terme
     
    Instant, cher instant "T", qui me laisse en suspens
    à recompter mes doigts, là, devant la fenêtre
    où a passé le cœur de mon plus très cher être
    à rêver d'évasion, le plus clair de son temps
     
    Es-tu si peu sensible au mouvement de l'âme
    ou t'importe si peu la douleur d'une perte
    que tu n'aies pas jugé devoir donner l'alerte
    quand mon ombre a mené son dernier pion à Dame ?
     
    S'il se peut que la nuit charrie mon seul espoir
    oh, que ce soit celui de bientôt la revoir
    franchir à reculons le fragile rideau
    de la désolation pour la gloire d'un mot :
     
    Aimer !
    - exempté de passion, l'or de nos amitiés
    au fond...
     
     
    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration d'en-tête : Gaëna da Sylva.

  • Barcarolle 2013

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    De ciels sans fin, les feux miroitent sur les ondes
    Deux voix seules au monde
    - enfin, et sans faconde !
    et disant tout le bien de pouvoir célébrer
    l'une l'autre, la fin si longtemps espérée :
    la belle nuit d'amour
     
    Un parfum de jasmin ajoute à leur ivresse
    transporte cette liesse
    loin des sombres bassesses
    qu'un nain fomente, à terre, en versant plus de vin
    qu'il en est nécessaire à l'esprit incertain
    qui réfute le jour
     
    Ô muse ! Ô courtisane ! Où porte votre chœur ?
    Il est plein d'une ardeur
    qui n'aura le bonheur
    à son dernier soupir, que d'être un chant du cygne
    puisque le drame attend sa conclusion indigne
    absurde et sans retour
     
     

    Nicklausse

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#202
  • vertige urbain

    Au reste, moins furtive et bien plus prometteuse
    qu'au dépourvu le geste offre une chair à prendre
    la ville, où tu disais vivre sans plus m'attendre
    crâne, m'éblouissait d'œillades aguicheuses
     
    Bientôt, j'embrasserai des ombres nyctalopes
    l'uniforme clameur aux multiples accents
    à prétendre que non, mais seul, et t'espérant
    et balançant ton nom pour un sou... pour un clope...
     
    Y eût-il une chance rare - ou malhonnête !
    de séduire un serpent et de lui arracher
    si ce n'est la raison, le lieu de ta curée
    car, aux fins de pardon, c'est tout ce que je souhaite
     
    Mollement, par les rues, j'implore ton parfum
    dans ce bain d'odeurs crues, d'ordures, de fumée
    ne gardant à l'esprit que la porte d'entrée
    et le moyen de faire, à rebours, le chemin
     
    Et puis, je t'aperçois ! C'est bien toi; c'est ton rire !
    À ton sein rond et blanc, ce petit animal
    chéri dans l'affection de tes paires vestales
    - et moi, dans ce dédale, à regretter le pire !
     
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    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adage

    (Quand je ne te verrai plus)
     
     
    Au rire singulier que tu lances dans l'air
    où, charnelle, roucoule une joie impromptue
    prodige de bienfaits pourtant involontaire
    à cet éclat subit, je t'aurai reconnue
     
    À ce parfum léger que ta nuque dispense
    et que ta chevelure embarque dans ses flots
    mêlant, par alchimie, l'odeur et la fragrance
    je saurai que je viens à présent dans ton dos
     
    À l'indolent séjour où ma paume repose
    éprouvant la chaleur d'un délicat velours
    que me seront lointains les brûlots et les causes
    et qu'il me sera doux d'espérer ton amour
     
    Au violent appétit m'envahissant le corps
    pour goûter au plaisir de faire un beau carnage
    et porter cette ivresse à son ultime bord
    alors, j'aurai livré à ton sort tous mes âges
     
    poésie,adage,amour aveugle,passion,loloche,cinq sensJe l'aurai accepté, comme le veut l'adage
    pour t'aimer davantage : être aveugle à jamais
     
     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le lieu de mon secret

    (à Ernesto Timor)
     
    À révéler mon lieu secret à d'autres paires d'yeux
    - d’autres destinataires !
    puis-je garder à discrétion, à défaut de mystère
    le lieu d'être de mon secret
    sans y voir soudain déballé
    ce que je chéris mieux
    - sans être avaricieux…
    loin des regards, loin des curieux et tous les tralalères ?
     
    À promener mon lieu secret, à ce moment précis
    du dedans au dehors
    sur le théâtre de la vie, parmi tous ses décors
    tel qu'en moi, je le lie, l'endroit
    où, tout ce que je lis, c'est moi
    jusqu'à le résumer
    à sa plasticité
    dans la geste photographique d'Ernesto Timor
     
     

    Ernesto Timor, "Mon lieu secret" - 2031

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un ouvrage du photographe Ernesto Timor
    "Mon lieu secret" éditions lebel ©2013