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  • girondine

    ondine.jpg

    j'aime d'Ondine
    le giron doux
    quand en sourdine
    elle amadoue
    mieux que morphine
    tous les courroux
    de mon âme égarée de loup

    "pour toutes les fois où..."
    dans ses rondes, Nocturne
    tu pris sur tes genoux
    mes peines taciturnes
    et leur tordis le cou,

    j'aime d'Ondine le giron doux.

    j'aime d'Ondine
    le violon dingue

    cette rustine
    sur ma carlingue
    où tambourinent
    comme au bastringue
    mes velléités de bourelingue

    "pour toutes les fois où..."
    d'esquisse, l'arabesque
    a ravi le filou
    à ses frasques dantesques
    d'un simple filet de meringue,

    j'aime d'Ondine le violon dingue.

    verrine.jpgj'aime d'Ondine
    le piano las

    sous la verrine
    (jus d'ananas
    et vanilline)
    maestria
    domestiquant mes reliquats

    "pour toutes les fois où..."
    tendre accompagnatrice
    caressant l'acajou
    tes longs doigts de lectrice
    pianotent sur mon bras,

    j'aime d'Ondine le pianola.

    Pleyel_logo.jpg

    "pour toutes les fois où..."
    et bien d'autres encore
    j'aime ton giron doux

    Ondine au long trésor. 

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour Ondine, écrivaine impromptue

    PIANOLAS.JPG

    Lien permanent Catégories : >imPrOmpTus 5 commentaires
  • avent d'hiver

    Rothenberg

    Quand la peau du ciel irrité
    pèle et pend dans l'air sur les toits
    Quand le réverbère engourdi
    pleure et plie le cou dans le froid
    Quand le cri du vent étouffé
    pâlit au-delà des nuées
    Je sais alors qu'un long hiver
    ne tardera plus à se faire
    l'arbitre de nos promenades
    égrainant à la dérobade
    nos mollissantes embrassades

    Au pied des arbres en détresse
    pourrissent de tristes rognures
    tombées de leurs doigts qui s'affaissent
    et découvrent les devantures ;
    seuls quelques enfants s'en réjouissent
    indifférents à la morsure
    d'une humilité au supplice
    dans nos poitrines, dans nos murs

    La buée fond sur les vitrines
    où rivalisent de merveille
    tous les noëls qu'on assassine
    avortés bien avant la veille ;
    seuls quelques enfants s'en amusent
    les mots et les ronds qu'ils dessinent
    ne s'inquiètent pas qu'on abuse
    le sourire enjoué sur leurs mines

    La Fée Lumière est à la fête
    et conduit le grand rigodon
    de la débauche, des emplettes
    et du gras sur les pantalons ;
    seuls quelques enfants s'en repaissent
    la bouche gavée de bonbons
    la bouche gavée de promesses
    le caprice au bout du menton

    Je souhaite alors qu'un long hiver
    prenne tout ce monde à revers
    saisisse au coeur de la parade
    son humanité de façade
    et l'oblige à la débandade !
    Que la peau d'un ciel courroucé
    peste sa rage sur les toits
    Que le réverbère abattu
    n'éclaire plus le peu de foi
    Que le cri d'un vent dépité
    mûgisse et fige la ruée !

    Vienne alors en libérateur
    un personnage en habit rouge
    distribuant au petit bonheur
    à qui l'orange, à qui la courge...
    Tous les enfants l'applaudiront
    même ceux dont ce n'est plus l'âge
    de noircir ses joues au bouchon
    en jurant qu'on a été sage

    et en demandant bien pardon.

    ho! ho! ho!
    Joyeux Noël, mamie
    "mévoui, les petits, Joyeux Nouwel à vous aussi, voui"

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • irruption opaline

    NEPHYLA2Ayant reçu confirmation de la dessinatrice Carole Carrion alias Nephyla, je vous soumets ce début de nouvelle, inspiré par une de ses illustrations. pour vous donner un énigmatique aperçu de ce qui vous attend, les mirettes! j'agrémente également cette note d'un projet de couverture en cours chez la même graphiste (hop! : ci-contre).
    comment je l'ai rencontrée ? ah!
    eh bien, je vais vous faire une confidence : je me suis découvert arachnophile, dis... si ; et l'intitulé du blog de Nephyla étant "L'Araignée au Plafond"...
    C'EST VU , C'EST PRIS...
    l'auteure y développe divers projets dont, si j'ai bien tout compris, celui d'une BD qui pourrait avoir pour titre "Les Enfants de L'Arbre Mort"...

    a-donc, proposition librement adaptée de l'original !

    _________________________________________________

    NEPHYLA (détail)IRRUPTION OPALINE

    je ne croyais pas aux sirènes, pensais avoir amplement dépassé l'âge requis pour de telles fantasmagories. puis vint ce jour sombre et gris vert d'un mois de novembre où l'hiver peinait à s'imposer dans l'air saturé de brouillards matinaux traînant les plis de leurs manteaux jusque tard dans l'après-midi. l'esprit encombré de pensées imprécises, j'avais fini - comme de coutume, par déambuler près du canal de Ghiz, où je me laisse couramment hypnotiser par les ombres et les reflets de l'onde apprivoisée. je m'étais laissé entraîné jusqu'aux limites des faubourgs, bien au-delà de la fonderie, où de vagues terrains avoisinent les labours, tandis qu'au ciel un firmament disputait ses rougeoiements avec ceux plus intermittents des grandes coulées de métaux lourds. c'est là, tranchant dans un rais de lune hésitant, que je vis son petit corps flotter de façon singulière. on l'eût dit couché sur la terre - ou sur quelque vieux canapé, mais il flottait! immergé à peine à moitié, sur le flanc droit et glissait nu sur le courant ne semblant pas souffrir du froid.

    A y regarder de plus près, je me trompais. ou plus exactement, j'étais victime d'une illusion d'optique. le corps de la toute jeune fille flottait bel et bien sur le canal, mais le courant passait dessous! tout en m'approchant davantage, je constatai qu'il en était de même pour les quelques insectes et résidus de branchages qui flottaient alentour. j'observai alors qu'un arbre mort, les pieds dans l'eau, délimitait cette zone incongrue, où le courant ne savait plus avoir de prise sur quoi que ce fût.

    illustration : NEPHYLA

    je me portai naturellement au secours de la pauvre enfant (idiotie présomptueuse!) et parvins à la hisser sur la berge, couvrant son petit corps aux longs cheveux luminescents sur la blanche et pure opaline de sa peau fine. seules quelques rougeurs logées aux articulations donnaient à cette apparition un témoignage de vie sanguine, car la faible respiration qui s'échappait de la menue poitrine ne laissait rien présager de bon. quelle ne fut pas ma surprise alors, comme je prenais dans mes bras le petit corps aux fins de le mener à de plus conséquents secours, le visage de l'enfant s'anima et découvrit sous ses paupières immenses, des yeux rouges vifs - de ceux qu'on voit aux lapins de laboratoire!

    " ça y est ? on est arrivés ? " me demanda le petit être, comme si j'avais toujours été de sa parentée.

    la petite sirène ne tarda pas à replonger dans sa torpeur engourdie.
    je m'avisais alors que nous étions plus proches de la demeure d'un de mes clients, médecin, que d'aucun autre secours. je m'y rendis au plus vite.

    et me voici, frappant de nouveau à sa porte.

    j'entends les pas guillerets de la petite employée de maison se porter à ma rencontre. j'étais attendu - surtout par elle! baillant grand la lourde porte, elle me lança au visage son plus franc sourire rehaussé d'un regard de braise.
    " ma petite sirène! " lui dis-je tendrement en lui ouvrant mes bras. elle vint s'y blottir comme en ce soir lointain où je l'avais couverte de mon attention, sans me douter qu'elle finirait par accaparer la meilleure part de mon affection.

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#340
    proposition inspirée par une illustration originale de Nephyla

    (toubi continioude...)

    NEPHNIAK.JPG
    hop! découvrez l'univers de Nephyla

    __________________________________________________

    Qui plus est, je dois à k-roll cette autre découverte, musicale celle-là.

    y a pas! avec Carole, ça colle...

     

     

     

  • plumet

    "fleur de plumele sang versé, il faut le boire"
    laissez-m'en vous conter l'histoire
    autour d'un pichet de vin chaud

    au sortir du profond dédale
    où je perdis mon rêve en bouche
    je me battais contre des mouches
    bruissante nuée infernale

    à l'orée de cette caverne
    m'attendait, le regard en berne
    un mainate monumental

    il ne siffla ni ne dit mot
    se frotta sur la roche brune
    goba toutes les importunes
    d'un coup de bec un rien falot

    puis, dans un geste de dépit
    haussant les épaules, partit
    laissant sur le sol un plumeau

    je m'en saisis du bout des doigts
    intrigué par la profondeur
    de sa naturelle noirceur
    et le gardai par devers moi

    me le fichant dans le revers
    j'en rehaussai la boutonnière
    et hurlai tel un Uroquois 

    " tout doux, l'ami " murmura-t-on
    sans que j'aie seulement idée
    d'où l'apostrophe provenait
    - était-ce une hallucination... ?

    mes yeux déjà me jouaient des tours
    irisant tous les alentours
    - ... un caprice de l'audition ?

    " tudieu, l'ami! n'avancez plus
    ou vous aurez le franc remord
    de m'être passé sur le corps
    sans m'avoir seulement connue "

    je me baissai pour m'accroupir
    car c'est du sol - sans vous mentir!
    que bavassait la voix ténue

    par quel merveilleux artifice
    - ai-je pensé devant la chose,
    brune araignée dans l'herbe rose
    es-tu mon interlocutrice ? 

    " vois-tu, l'ami, c'est dans ta tête
    que nous avons noué le lien
    indéfectible qui nous tient
    toi le rêveur et moi la bête.

    mais c'est pour tout autre prodige
    que devant tes yeux, je m'érige
    Tisseuse, Muse de Poète.

    vois-tu cette fleur à sinistre ?
    la robe dont elle est parée
    contient une encre pigmentée ;
    il faut que je te l'administre.

    pique ton plumeau dans son coeur
    et tu connaîtras ce bonheur
    envié de dieu, diable et ministres."

    sans chercher raison davantage
    je me pliai à la manoeuvre
    ignorant quels en seraient l'oeuvre
    le bénéfice ou bien l'outrage!

    de rouge le coeur devint or
    et dans mon plumeau coule encore
    ce sang qui défie tous les âges.

    depuis je ne sais rien écrire
    autrement que par ce moyen
    si j'en ai tiré quelque bien
    je dois en éprouver le pire ;

    ce monde qui ne rime à rien
    m'oblige en fortune et misère :
    je n'écris jamais plus qu'en vers.

     

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     "plose" inspirée par une illustration originale de Tisseuse

    "fleur de plume"

    SPIDER1N.JPG
    TISSMISS.JPG
    _'ttends, c'est pas moi,là... si ?creepiezn1.gif
    bah si_

     

    ___________________nan!

  • tisanière

    pffffflà, sur la table du salon
    tout près, paré pour la tisane

    objet de douce tentation
    plus foncé que sucre de canne
    sur son plateau de bois laqué
    son culot de rotin tressé
    aux côtés de la tasse en grès
    et la cuiller qui l’accompagne
    le pot de miel va décoller
    et répandre de la campagne
    en volutes dans l’escalier

    je suis cette abeille ouvrière
    volant vers toi, la tisanière

    au choixlà, sur la table de chevet
    encombrée des romans du soir
    j’attends que tu aies déposé
    (avant de plonger dans le noir
    notre niche où la nuit se meurt)
    la tasse aux relents de douceur
    que je t’ai montée tout à l'heure
    pour qu’enfin viennent à régner
    le miel nouveau et la sueur
    aux confins de notre chambrée
    siège de nos tendres bonheurs

    je suis l’abeille et te butine
    de la corolle à l’étamine

    libation mielleuselà, sur la table de ton ventre
    je recueille une perle ambrée
    qui s’est écoulée jusqu’au centre
    où ma langue vient déloger
    des humeurs les plus adorables
    toutes les saveurs ineffables
    et la fragrance incomparable
    preuves de passion florissante
    - et profonde et si délectable,
    qui disent mieux que tu ne chantes
    à quel point je te suis aimable

    je suis abeille et te déflore
    mon amie, encore et encore

     

    cuiller-appeau
    antique joyau
    cuit hier à Pau

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    à Lucia et May, les tisanières invétérées.

    bawoui kwué!