Sur un chemin de ronde
médiéval
deux vigies devisant du monde et sa faconde vénale
se gaussant
s'en vont leur tour de garde
tout du long, ce faisant
L'un a le pas latin
L'autre, le pied marin
tous deux vont lentement
L'un a bien galéré
sur toute mer connue
par le bel océan
L'autre n'est guère allé
plus loin que ci-devant
la colline allongée
ligne d'horizon nu
où la forêt d'antan
n'est plus
dis-moi encore,
les belles, les belles
dis-moi comment sont-elles
au jour venant ?
dis-moi de la plus belle
gardes-tu le tourment
quand passe l'hirondelle ?
dit l'un
mais l'autre n'en dit rien
et, les yeux dans les mains
soupire dans le vent
ce souffle fraîchissant
arrivé du lointain
dis, c'est par où la mer ?
continue le premier,
on dit qu'elle a gelé
on dit que le tonnerre y fait des ricochets
que la queue des baleines
s'y dresse en cathédrales
abritant des sirènes
tristes et pâles
mais l'autre n'en dit rien
le menton sur le poing
avance, mine de rien
et ça sent la choucroute
aux abords des tavernes
où des éclats de rire
ponctuent la baliverne
ça ronfle un peu plus loin
dans la maison bourgeoise
dont Matthieu a refait, hier
l'ardoise
et ça roucoule encore
dans les bosquets du parc
où la cuisse a trouvé
pour qui bander son arc
de ce temps, le bavard n'a cessé d'évoquer
de rêves en légendes, le conte et les histoires
de la tendre chimère et du sombre avatar
ce qui flotte à l'entour de la rondeur des jours
mais la boucle est bouclée, bientôt
deux vigies s'accommodent
dans la nuit qui s'érode
le silence à nouveau
leur offre un bon créneau
leur chemin circulaire
quotidien, débonnaire
tout un poème!
la voie de la simplicité même
tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
PoLème dédié aux Impromptus,
les fidèles, les volontaires et les occasionneux,
celles et ceux qui s'ignorent
et le plaisir des yeux