interprétant librement les illustrations de la dessinatrice Nephyla, je me suis proposé, avec son autorisation, d'extrapoler quelque nouvelle fantastique, inspirée par son graphisme expressif.
EN RESUME :
coutumier de promenades noctambules au bord du canal de Ghiz, Akitin, le Colporteur a fait la découverte, flottant dans l'eau entre les bras d'un arbre mort, de la petite et mystérieuse Aracna. ayant confié la jeune enfant aux soins de la famille du docteur Grescar, Akitin la retrouve quelques mois plus tard. à défaut de connaître ni les origines exactes de l'enfant ni les circonstances de son abandon supposé, les Grescar en ont fait leur femme de chambre. apparement amnésique, la fragile Aracna s'accomode tant bien que mal de sa situation. Les visites d'Akitin, sont toujours une fête pour l'enfant secrète.
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ARACNA
et me voici, frappant de nouveau à sa porte.
j'entends les pas guillerets de la petite employée de maison se porter à ma rencontre. j'étais attendu - surtout par elle! baillant grand la lourde porte, elle me lança au visage son plus franc sourire rehaussé d'un regard de braise.
" ma petite sirène! " lui dis-je tendrement en lui ouvrant mes bras. elle vint s'y blottir comme en ce soir lointain où je l'avais couverte de mon attention, sans me douter qu'elle finirait par accaparer la meilleure part de mon affection.
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le souper n'avait pas encore été servi - loin s'en faut! c'est donc en tenue de femme de chambre (sa nouvelle fonction dans la maison Grescar)que ma petite sirène se jeta dans mes bras pour s'en extirper très vite et me dévorer tout vif de ses yeux plus que jamais rougeoyants.
" Si vous voulez bien vous donner la peine, Sliur Akitin " fit-elle en s'effaçant devant moi avec un sérieux aussi pompeux que grotesque entre nous. je me prétai au jeu, raffermissant mon allure. au passage, je lui remis une fleur que j'avais cueillie près de l'eau, en lui adressant tout de même un clin d'oeil entendu. puis, sans me douter de rien, je déclarai :
- veuillez m'annoncer je vous prie, Anna...
- ah, ça non, alors! rétorqua la fillette avec un bel aplomb. d'abord tout le monde t'attend! et puis, ajouta-t-elle avec davantage de malice indignée dans le murmure, ne m'appelle plus Anna! tu sais bien...
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je savais, en effet.
le nom que lui avaient donné les Grescar (à défaut de savoir quel était le sien véritable) ne lui plaisait pas. et, lors de ma dernière visite, nous étions retournés près de l'arbre où je l'avais trouvée. comme elle était profondément fâchée de devoir s'appeler Anna, je lui proposai de se nommer elle-même, sachant que je serais toutefois la seule personne possible dans la confidence. le complot lui avait plus. elle me demanda de tracer dans le sol détrempé les signes de son nom, ce que je fis.
- le nom entier, avait-elle précisé.
- que veux-tu dire ?
- bah, avec Grescar au bout, quoi.
la fillette demeura un moment, debout entre mes jambes. ramenant sur elle les plis de mon manteau, elle contemplait les lettres molles. puis elle prit une brindille et traça en miroir une anagramme qui me stupéfia. visiblement satisfaite, elle déclara :
- voilà! je m'appelle comme ça, maintenant.
sur le sol, les lettres molles formaient cet étrange patronyme : ARACNA GRENS.
- c'est joli, tu trouves pas ?
je plongeai mes yeux noirs dans la rougeur des siens. la tenant par la main, j'acquiesçai en silence. comme pour souligner la gravité de ma révérence, un vent siffla dans les branches de l'Arbre Mort.
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tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK -#340-2
proposition inspirée par une illustration originale de Nephyla
(toubi continioude...)