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  • merci, Derain

    Derain - L'Estaque, 1907

    Dans les sous-bois de l’Estaque
    à l’abri d’un soleil flaque
    je t’ai vue venir, orange
    partagée d’aucun mélange
    oser le blanc sur le mauve
    là, entre les ocres fauves
    dans une ombre enfin lumineuse
    ta nudité radieuse

    Le cheveu brun à l’épaule
    le poing serré sur la gaule
    je t’ai croquée toute, écrue
    du bout du sein et du cul
    Ignorais-tu que je planque
    chaque jour dans les calanques
    tandis que dru le soleil plaque
    un dais sablé sur l’Estaque

    Tourbillon vertigineux
    l’œil mi-clos et la main bleue
    tu embrassais des fantômes
    essences parmi les chromes
    Quel bonheur de te saisir
    absolue dans cet empire
    lent mouvement rafraîchissant
    dansante absence de vent

    A travers le chêne-liège
    par quelque envieux sortilège
    tu m’aperçus, me souris
    m’approchas sous les taillis
    sans un mot pour mon travail
    ôtas mon chapeau de paille
    me confondis sur ta poitrine
    perlée de suées cristallines

    Notre bal sous les branchages
    un feu païen de sauvages
    rappelait de la nature
    la force brutale et pure
    surgissant de la bruyère
    s’égaillant dans la clairière
    escadrons frôlant nos genoux
    des nuées de criquets fous

    De vie à trépas, retour
    en ma chambrée de Collioure
    sous l'coude un canevas cru
    où tu ne figurais plus
    Je t’ai gardée pour moi seul
    pièce manquant au puzzle
    où l’écho de ta robe claque
    dans le marin sur l’Estaque

    (épilogue)
    t'ai-je vraiment retrouvée ?
    un peu tard, l’été dernier
    tes yeux plongeaient dans la toile
    mi-clos comme l’Estivale
    tu as vieilli ; moi, pareil
    nous reproche un franc soleil
    tu me remis ce chèque en main

    tu dis : merci
    moi : Derain.

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'une toile de André Derain
    L'Estaque, 1907.

  • Tournis coton

    tournicoti, tournicotonDiscobole ! Discobole !
    un genou sur le Tourniquet
    défiant Éole et ses nuées
    dans le suspens de ton élan
    tous les envols du temps prescient :

    Plein ouest, rien d’autre que le soir
    révolution, ce vain espoir
    de pouvoir embrasser jamais
    l’aube de la fertilité ;
     
    L’Étoile du Berger patiente
    fendant l’oubli, sa voie lactante
    un cheveu blanc sur le front plat
    d’un cosmos, Chaos et substrats ;
     
    Orient, extrême évanescence
    luit d’opportune renaissance
    quand l’ombre cernée de lumière
    s’amenuise enfin sur la terre ;

    A des profondeurs abyssales
    la vie et sa chaleur australe
    gourmandement remet au four
    galette, la rondeur des jours

    Discobole ! Discobole !
    tourbillon dans le Tourniquet
    spirale folle en déroulé
    goutte de miel au cœur de l’œuf
    relance au ciel un disque neuf.

     

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki#10

  • Meredith swing

    tour de biteElle dansait
    aux rives de mes hanches
    sa peau de femme, blanche
    en lames déferlantes, cambrée
    éprouvait la charpente
    en appréciait l'allure
    exhalant ses embruns dans la voilure
    de mon navire aimant
    partir à sa conquête
    par grand vent, calme plat, feune ou tempête

    noeud-noeud ?

    Elle dansait
    dans l'arche de mes bras
    pointe sous l'entrelacs
    de son cheveu boisé, le sein
    défiait le grappin
    le harpon, le filin
    et se jouait, mutin, de mes rapines
    attribut de sirène
    narguant un capitaine
    désireux de goûter cette poitrine

     

    noeud-noeud ?

    Elle dansait
    le phare intermittent
    d'un regard chavirant
    amarre aux quatre vents, larguée
    le plaisir évident
    paillette au bout du cil
    perle d'un océan plus volubile
    dardait l'éclat divin
    que cherche le marin
    familier de si quotidiens périls

    noeud-noeud ?

    Elle dansait
    balance dans la brume
    bite me not!éparpillant l'écume
    dans un rayon de lune, salée

    Reverrai-je jamais
    son pied nu sur ma bite
    à bout de quai m'attendre Meredith ?

    A dieu vat!
    et qu'au Diable ne plaise
    j'en aurai vu le cul sur la falaise.

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Volubilis

    Volu_c4.jpg

    V oluptueux, son discours

    O ffre en toute occasion

    L eçons et mots d'amour

    U n parfum libertin

    B ouffant aux entournures

    I l lui suffit d'un rien

    L 'or de son verbe clair

    I llustre sans tabou

    S on avis sur la chair

    ° ° ° 

    elle est au bout du fil
    je ne peux raccrocher!
    j'aime trop d'Ipomée
    entendre le babil
    et me la figurer
    lissant d'un doigt gracile
    les touches du clavier

    ° ° °

    je suis au bord du Styx
    le stylo suspendu
    attendant une rime
    en cul

    ° ° °

    Ipomée, livre ouvert
    sur mes genoux en terre
    lis-moi, lis-moi encore
    le désordre à venir
    des troubles du désir
    et des élans du corps

    ° ° °

    Volubilis
    (vitamine)
    c'est
    l'ombre qui danse au mur
    du fond de la Caverne, épure
    sent
    flamme
    les sens dans l'essence du vent

    ° ° ° 

    intouchable palpeuse
    d'âme, libidineuse
    femme
    de l'Être et du mot dit

    lis-moi, dis, lis-moi d'où
    je suis

     pour une bise de La VolU
    tiniak jetant son dévolu sur La Volu
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • brosli

    Esc_spir.jpg

    Dans ma bibliothèque, Brassaï
    joue et tire à la courte paille
    pour savoir de Hegel ou Kant
    qui a Le Don des cartes ; et Dante
    repeint le plafond des Enfers
    pour accueillir chez Lucifer
    les pleurs de Melmoth, L'Homme Errant
    - Minotaure aux rives du Temps

    Dans ma bibliothèque, Camus
    peste contre des rois Ubu
    ramenant leurs bien tristes mines
    morne rigodon chez Céline
    qui vient de chasser Eluard
    et son lot de copains braillards
    dont les clameurs fondent, rigole
    par le soupirail de l'école

    Dans ma bibliothèque, Ronsard
    cuve avec Ovide au mitard
    le plastron rougi de vins lourds
    (ils ont incendié Jean Dutour!)
    dehors, Simenon les attend
    assis sur un banc avisant
    les silhouettes embrumées
    au bras de vagues gringalets

    Dans ma bibliothèque, Alphonse
    allait chercher quelque réponse
    le Cap droit sous la Tour Eiffel
    ignorant Drieu La Rochelle
    Gide au présent garde sa veste
    pour ne pas demeurer en reste
    et traduit encore et encore
    Gitanjali pour son Tagore

    Dans ma bibliothèque, Malraux
    chevrote du Victor Hugo
    au Panthéon faisant l'éloge
    des absurdités de Desproges
    dans son coin Gaston Gallimard
    éconduit par la Yourcenar
    marmonne un mot de Mallarmé
    et se perd dans les escaliers

    Ma bibliothèque infinie
    Caverne, abîme de Brosli
    en carton,  main, poche, étagères
    perle d'ombre ou puits de lumières
    être d'impairs en Nombre d'Or
    lettrine torsade en décor
    parcours sans tain, tous les dédales
    dans un vieux cahier à spirales

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions Twalesk
    impromptu littéraire - tiki#9