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promeneur

  • aller simple

    Crédit photo : Toncrate)

    Tirant son amour - et sa vie durant !
    sur les monts, les sols, par les océans
    vers le bout du monde allant droit devant
    quels que soient les vents, les nuits qui désolent
    ou glacent les sangs, les pluies qui rigolent
    la neige qui fond, l'herbage, les champs
    les fleuves changeants, racines, folioles...

    Répugnant à plaire aux vagues séjours
    nourris au sein lourd des béatitudes
    que servent en coin d'âpres habitudes
    sur des lendemains plats et sans contours
    il sommeille peu, se sustente à peine
    pas une semaine à passer au four
    ni havre, ni chaîne

    Il confia son nom à des mains sans âge
    prêta son visage à de tristes yeux
    pour faire un manteau à des malheureux
    se pela le dos, le temps d'un orage
    et, chemin faisant, composa de pleurs
    de longs cris de rage aux malingres feux
    un bouquet de fleurs à son avantage

    Puis il atteignit le dernier rivage
    où la terre en pluie coulait dans le ciel
    Il garda pour lui le son caramel
    d'une mélodie à l'ancien langage
    aboutissant là, s'assit, les pieds nus
    dans cet inconnu à portée de bras
    y jeta ses fleurs

    D'une égale humeur, il tourna le dos
    à tout ce chaos qui lui donnait tort :
    le ciel n'est pas mort ni la terre ronde...

    Il fallut encore accorder au monde
    plus d'une seconde et plus d'un effort
    Il reprit son cours et sa vie dura
    tirant son amour jusqu'à l'autre bord

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire, motivé par l'illustration (d'après une photo de Toncrate) - tiki#158

  • Les pieds sûrs

    (conjonction de subordinations)

    mandala.jpg

    Que je m'arrête, elle s'en va
    recule à chacun de mes pas
    fait mine d'avaler le ciel
    où elle tient dans la kyrielle
    sa place bleue

    mais

    Que je l'écoute, elle me chante
    un rêve de rives atlantes
    une homélie d'amples murmures
    que répercutent les ramures
    aussi les fleuves

    ou

    Qu'importe qu'ait passé la faux
    quand plongent mes doigts sous sa peau
    le poignet dans son fin duvet
    je la sens frémir et vibrer
    toute sa chair

    et

    Que m'est douce la tessiture
    qui lui traverse la cambrure
    quand son chant crache des geysers
    ou fertilise l'atmosphère
    de cendres chaudes

    donc

    Que je sois œil, oreille, bouche
    main fouillant ses âges farouches
    mon désir où mon songe naît
    lui voue le fantasque souhait
    d'être son ombre

    or

    Que l'heure soit tendre ou brutale
    ses humeurs vives ou létales
    elle est toute à son avantage
    à n'être qu'à son propre ouvrage
    sans inquiétude

    ni

    - quelles que soient les destinées
    des richesses, des pauvretés
    attachées aux prémonitions
    qu'inspire sa révolution,
    aucun espoir

    car

    pied.jpgQu'elle poursuive où je m'arrête
    sa course de ronde charrette
    emporte gloire et incurie
    aux apatrides écuries
    de l'univers

    contre mon besoin de rêver
    que je vole à son alentour
    je sais devoir marcher toujours
    les pieds sur terre

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • L'Homme qui va, sans ombre

    le-promeneur.jpg

    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert