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poésié - Page 66

  • blanche heure

    Oh, ma Petite Chèvre à l'ombre des moulins
    Mon possible festin ! Mon aube aux pâles lèvres
    Ma vierge sans visage encadré de mes mains
    Ma fièvre !
    Viens t’en perler le front de mon lot quotidien

    Laisse-moi te souiller - tant pis qu'on soit dimanche !
    Te gratter le papier, te prendre par la manche
    et, de l'en-tête au pied, déverser ma revanche
    sur le temps qui me prend chaque jour une année
    m'emporte... m'avalanche...

    Tout ce blanc, c'est la mort qui me lance un défi
    Je veux le relever de mon trait, de mon dit
    Je veux l'avoir en face
    mais ne jamais céder à la sombre menace
    de son pli

    D'une grotte insondée tu es la bouche ouverte
    et je t'ai rencardée pour mon expédition
    pour aller titiller à ta surface inerte
    l'idée que je me fais de mon sang, de mon nom
    jusqu'à la découverte

    Je suis le loup surgi de ton secret désir
    Je prépare une orgie qui ne veut pas finir
    savoure ton martyr au moment de tracer
    sur ta virginité mon vorace délire
    Oui, je vais t'absorber !

    Mais, à l'instant, que dire ?

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #152

    angoisse de la page blanche, JM BONNARD

    Illustration : Jean-Marie Bonnard

  • Neuf, aux conteurs

    aux âmes vives 

    Maints dans la main savaient lire les signes
    et ne s'enorgueillaient pas de tant de magie
    Ils allaient, le pas simple, mais l'allure digne
    répandre au gré du vent les mots qui font la vie

    Ils savaient le regard qui absorbe le monde
    Ils chantaient pour les dieux qui leur expliquaient tout
    embrassaient terre et ciel, les flammes et les ondes
    se contentaient de pain, de miel ou de saindoux

    Le Verbe avait alors valeur incomparable
    et son cours sinuait sans gâcher le labeur
    Parole se donnait pour être véritable
    délivrant son message et libérant les peurs

    La mesure du temps se jugeait au bâti
    Les peuples s'arrangeaient des caprices du ciel
    Tandis que les puissants cédaient à leurs folies
    une sagesse œuvrait, attentive au réel

    Etre luttait déjà avec le vain Avoir
    Vivre avait le souci de vivre chaque jour
    mais ils venaient alors, chargés de leur savoir
    rappeler à chacun sa puissance d'amour

    Nos hommes ricanaient; les femmes, plus souvent
    entendaient le message et lui donnaient un nom
    qu'arrivé à raison porterait leur enfant
    investit de son âge au point de la question

    Il a pourtant fallu que cet ordre s'inverse
    Parole n'a plus cours pour étayer les actes
    et nous voyons passer, dos courbés sous l'averse
    les enfants ignorant la vérité du Pacte

    Une Bête a mangé les mots de la Parole
    imposé de l'Avoir la prégnance putride
    Elle a chié de l'or, du charbon, du pétrole
    semé partout sa règle ignoble et parricide

    Mais le jour est venu de répudier son ombre
    et de fouler au pied, partout ! son imposture
    Elle aura oublié que la force du nombre
    la voue aux gémonies ! Que le Verbe perdure !

     

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    runes 

  • Avec Lui

    Par quel extraordinaire est-Il si près de toi
    que niché dans la mie l'est le grain de sésame
    que ténue dans la fleur la promesse d'une âme
    qu'en Son abscence meurt toute possible joie ?

    Par quel enchantement, quelle mage incidence
    auras-tu, selon Lui, le regard sombre ou clair
    une fraîcheur au teint, la voix rougie au fer
    ou l'impérieux besoin d'entamer une danse ?

    Sans Lui, tout est perdu de la gaieté de vivre
    Avec Lui, rien de vain n'hypothèque le jour
    En Lui - dans le confins de Son précieux Amour,
    la vérité va, nue; l'espérance délivre.

    Il est la destinée où la tienne se fonde
    et s'élance au-delà des limites connues
    de la raison, des sens ou du rêve absolu
    vers ce règne infini que traverse le monde.

    Et puisque c'est ton choix
    j'en respecte l'augure;

    Embrasse-Le pour moi
    si d'aventure...

     

    bapteme de Zoë
    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (4 et 5 mai 2012)
    pour le Baptème de Zoë, âgée de 11 ans; baptisée à Carpentras le 19 mai.

    What I think of it? Sing!

  • Le jugement du singe

    Singe en cage à l'œil vitreux
    quand tu passes, mon sang flaire
    celui sous ta pâle chair
    lande frêle, fin rivage
    que longent des voiles bleus
    porteurs de gourmands présages
    ta caresse… un mot ou deux…

    J'ai toujours vécu ici
    sous le nom que tu me donnes
    Parfois, tu me le fredonnes
    et j'y entends de l'amour
    ou ce que j'en ai compris
    quand l'ombre a mouché le jour
    et que je songe à ma vie

    Je révoque des forêts
    l'abri touffu des collines
    la sieste sur l'herbe fine
    la surprise d'une baie
    que la fresque sur les murs
    le béton sous le rocher
    de cette villégiature
    ne peuvent pas égaler

    La tribu que je côtoie
    dont je sais tous les visages
    me rappelle à mon grand âge
    et m'agrée force de loi
    d'autorité, sans abus
    mais je n'éprouve de joie
    qu'au moment de ta venue

    Alors, ta seule présence
    quoique discrète et fragile
    maniant tes ustensiles
    distribuant notre pitance
    manifeste d'un regard
    sans futile déférence
    l'évidence d'un égard

    Pour moi, en particulier
    ta voix prodigue - merveille !
    la chaleur d'un franc soleil
    quand il pleut sur le gravier
    de l'allée enfin paisible
    et contente mon entier
    par ton attention sensible

    Mais ce soir, quel est ce linge ?
    C'est un nouvel uniforme
    chargé de sévère norme
    qui m'agite les méninges
    Son cirque sent la menace...
    On n'apprend à un vieux singe
    pas à faire des grimaces !

    Pongo Bong!

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    Lien permanent Catégories : strabismes 0 commentaire
  • embrassade

    Un bras s'offre, une main s'y pose
    L'Ephémère à son musical
    enveloppe, sentimental
    un mouvement qui, soudain, s'ose

    Tes yeux s'invitent dans mon champ
    La beauté veut son résultat
    et le tempo qui n'attend pas
    nous suggère un nouvel allant

    Je vais prendre ce que tu donnes
    et t'offrirai ce qui me vient
    Nous voici rendus, l'un pour l'un
    à la vérité qui résonne

    Oh, la vigueur de cet oubli !
    Sa musique imprègne le sens
    que nous donnons à cette danse
    Notre densité s'accomplit

    Anticipe une exclamation
    épouse la charge des corps
    repousse l'idée de la mort
    dans le claquement des talons

    Pourtant, c'est une tragédie
    que la musique met en place
    orchestrant notre face à face
    où se lisent nos appétits

    Oh, fandango ! Brûlant mystère
    qui nous raccorde à ce moment
    que rien n'épargne du Vivant
    ni aucune pensée n'altère

    Et nous voici, à notre Dense
    à nous embrasser comme rimes
    chacun y allant de sa frime
    offrir à l'autre son essence

    éventail
    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#151