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anne à bulles

  • La coiffe

    butterfly.gif

    La voyageuse fait le voyage à rebours vers la page centrale
    s'offre quelques détours, s'installe
    dans la cour à l'arrière du monde
    y fait un peu sa ronde, repart, étale
    des bulles minérales
    dans les replis d'une onde
    fœtale

    Voici que papillonnent

    à ses cheveux garçonne
    une aile, puis une autre en bouquet frétillant

    L'oiseau qui fut écrit, maintenant couvert d'or

    n'est pas ici décrit ordre ni mouvement
    (il reste dans son coin, pesant, et s'y endort
    très artistiquement)

    mais Petite Tortue, Silène, Paon du Jour

    tels sont les nouveaux noms que l'air
    aux haleines légères
    vient fêter alentour

    et la correspondance

    destinée à œuvrer comme une inadvertance
    orchestre l'élégance et la chair du moment

    Le sang de Cio-Cio-San revient des Amériques

    son rouge est beaucoup moins carmin que brique
    sur la page bleutée
    cherche sa parenté entre amarante et pourpre
    et s'écrase, cerise
    pulpeuse friandise
    dans la faille taillée comme un sillon de coutre

    Quoique réprobateur, l'Aztèque à l'œil sévère

    préfère encor se taire ; il attend son quart d'heure...

    Et, toute à son bonheur,
    la voyageuse faite
    coiffe monumentale
    expulse devant elle
    ses bulles minérales.

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un graphisme tiré des Bulles Dorées d'Anne.

  • Anneaux logis

    lumière pure

    que le monde soit vide à ras-le-bol
    ou plein d'essence
    dans les ciels absents d'Anne
    bulle dorée, danse !

    quand ça tourne pas rond sous nos pieds
    que les lutins restent cachés à la racine
    avec nos araignées pour seules copines
    Anne alors lève le couvercle
    de ses quadratures du Cercle

    pour les milliers décents devant l'Autre derrière
    sans raison nulle part sans ailleurs qui ne brille

    pour l'oeil à demi clos sous la fenêtre bée
    pour la lèvre fendue lucarne que mordille
    l'émail éffilé d'un stilet

    pour la jupe des filles qui passe comme l'oie
    ignorante bécasse
    mais plus près, à deux doigts

    pour la main du garçon qui tremble en extirpant
    de sa poche élimée
    le dernier des bonbons

    (le brillant, l'aveuglant, le criant invisible)

    les anneaux d'Anne logent
    dans leurs maisons fardées
    un lumineux éloge

    un train de bulles dorées
    chacun la sienne, carrée

    où le lutin embrasse la poupée.

    poupée russe

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    tiniak, inspiré par les oeuvres graphiques
    de
    Anne Le TOUX

  • mange tes morts, mon ange, mange

    ann_Ange.jpg
    il n'y aura de mort après ma mort, petit
    aucune autre que la tienne
    et le sang du tourment tombera jusqu'ici
    rousse et douce pluie diluvienne
    noyant tout, pauvre fou
    de tes mornes courroux
    et tes prétentions inhumaines
    je viendrai précédant
    le cortège brûlant
    des trop vieilles carnes et couennes

    tu as faim mon petit, mon trésor
    tu t'agites et la fin te dévore
    sur la table vide
    ton assiette est vide
    retourne-toi
    mange tes morts

    il y a tant de morts devant la mort, petit
    qu'elle même en a perdu le souffle
    la vertu, la débauche, elle fauche, elle fauche
    le saint, le sage et le maroufle
    racle bien, pauvre nain
    de tes ongles de chien
    la faïence qui couvre la glaise
    plus rien n'est incertain
    entends, sur le chemin
    mon pas, foulée dans la fournaise

    que crains-tu mon petit, mon trésor ?
    que peux-tu bien espérer encore ?
    sur la terre aride
    sous le ciel torride
    ils sont à toi
    mange tes morts

    me voici devant toi, petit
    reconnais-moi, je suis la vie
    j'ai brûlé mes ailes
    à tes sempiternels
    et insatiables appétits
    me voici devant toi, mon ange
    vois, comme je n'ai plus rien d'étrange
    mais cette épiphanie
    annonce qu'il est cuit
    ce dernier repas que tu manges

    tu n'as donc plus faim, mon trésor
    avant que d'être un cri est mort
    dans tes yeux avides
    déjà le vide
    installe son règne d'or

    l'univers abandonné
    redevient sourd, aveugle et muet
    qu'un ange passe
    plus personne, hélas
    plus personne pour s'en soucier

    ah ça, petit! tu t'es gavé!

    texte de norbert tiniak
    inspiré par une bulle dorée d'Anne
    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK