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poésié - Page 119

  • L'Homme qui va, sans ombre

    le-promeneur.jpg

    Il marche pesamment, sans ombre sous le ciel
    pour guides son regard, un rêve, une chanson;
    nulle trace après lui - l'oubli sur ses talons
    absorbe son passage ainsi que l'eau le sel

    Sans histoire connue, serait-il une feinte ?
    Ni homme ni fantôme, il existe à peu près
    moins que le romanesque et plus que le reflet;
    d'où vient qu'il puisse alors entonner une plainte ?

    C'est qu'il est tout en un, présent, passé, futur;
    l'hier est l'aujourd'hui qu'il porte vers demain
    et cette mélodie dont vibre son chant plein
    s'invente à chaque pas une ample tessiture

    L'oubli qui le talonne est le risque encouru
    par qui pourrait nourrir quelque espoir de retour
    quand le sens de la vie et celui de l'amour
    inspirent à l'instant sa quête d'absolu

    Le plus petit atome est lourd de ce destin
    - tout le poids du vivant en est la charge utile,
    la même gravité s'en évade, gracile
    au rythme balancé qui anime sa main

    Le promeneur, alors, est le dépositaire
    au nom de ce qui fut et ce qui se fera
    du bagage mouvant que chacun de ses pas
    transporte, en célébrant la beauté éphémère

    Il avance toujours; un rêve devant lui
    l'exonère d'une ombre au profit de son chant,
    le regard où le ciel agrège l'océan,
    la musique du nombre élevant l'aujourd'hui.

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

    illustration : Joëlle Gellert

  • absenthéisme

    Même dans les matins les plus clairs
    avec leurs chants connus des branchages
    célébrant de la nuit le naufrage
    et que s'éteignent tous les lampadaires

    Même dans le pain frais sorti du four
    ronde chaleur nichée auprès du ventre
    sur le chemin qui sait par où l'on rentre
    à la maison nue contre le jour

    Même dans le vif éclat de l'œil
    qui plaide encore un peu d'indulgence
    au moment de suivre la cadence
    et que les pieds s'attardent sur le seuil

    Même dans le vent plein de renouveau
    allant ranimer les parfums du monde
    où les éléments sèment et abondent
    à la faveur de l'humble et du beau

    Je ne vois même alors qu'une absence
    à douter même de l'existence

    matin.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Thomas Berthelon

    #689

  • pigeon-toed whirl

    yow... don't you pidgin me!

    Gaena_pigeons.jpg

    photographie extraite de
    LA CHAMBRE NOIRE
    de Gaëna da Sylva

  • Faux pas, Poucet

    Tout comme à cette vitre un châssis de bois blanc
    en filtre intelligent fragmente le regard
    le rêve est mon arbitre et jauge mes élans
    à l'aune de mes bonds dans le brouillard
    - cet inconscient se levant sur le tard...

    Je saute d'un mot l'autre
    et pense m'y connaître
    Petit Poucet, le nez à la fenêtre

    Ce château, c'est le vôtre
    au bout de la marelle
    des flaques dans la forêt qui ruisselle

    Une étoile électrise
    l'aile d'un vieux corbeau
    prise sous le manteau d'un voyageur

    Et l'idiot anglicise
    les croas de l'oiseau
    par quoi il croit leur donner de l'ampleur

    « Je te tiens, tu me tiens »
    ne lui suffit donc pas ?
    Il crie sur le chemin
    « A captcha! A captcha! »

    Dans sa course brutale
    s'égaillent les cailloux
    Frères, nous ne rentrerons pas chez nous

    PETITP~1.JPGMais c'est un moindre mal
    un festin nous attend
    derrière les fenêtres de bois blanc

    A la table de l'Ogre géant
    fort opportunément absent

     

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#71

  • À lui seul

    Lui seul au centre et l’inconnu autour
    Dans l’attente fébrile, l’âme hors le jour

    Il aboie des « à moi ! » au fond du puits des âges
    qui ne le troublent pas ; ni moins, ni davantage
    que le son de sa voix dans sa mémoire
    lui disant son histoire et qu’il n’écoute pas

    Lui seul comme une porte avec la clé dessus

    Pas de murs – sans toi,
    pas de toit – sans cible,
    que le ciel invisible
    et la déroute des chemins
    qui lui compose des lointains comme vague contour

    L’huis seul et l’alentour

    Lui devant
    clé en main
    et soudain, plus de porte

    Lui devant rien, c’est tout
    Lui seul avec la clé au cou

    Lui avec rien dans la culotte
    au milieu d’un vague lui-même
    comme un vague terrain de je
    avec lui en plein dans les yeux
    Lui qui s’agite alors un peu

    Lui qui s’agite un peu et marmotte
    des « c’est pas moi, c’est lui »
    (… « c’est pas moi », c’est tout lui)

    Lui comme un grand Rien tout entier
    et tout à faire à sa portée
    Lui qui a perdu en chemin
    la clé des fous du Tout Ou Rien

    Lui qui revient alors
    au centre du décor
    et revenant à lui
    s’en dore

    Lui, enfant-roi des météores
    et l’univers autour
    et puis la mort du jour
    qui l’assure de son amour

    dessin_porte.jpg

    Toute chose luisante
    à lui comme une rente
    viagère

    Lui, trésor éphémère
    attendant de sa faim première
    le retour

    Et quand tout l’alentour s’anime
    lui comme un signe s’y imprime

    De l’être deux lettres suffisent
    pour qu’à ce jeu Lui s’éternise

    Et

    Tandis que dans tes yeux
    avec le point du jour
    la maison recouvre son toit
    avec ses murs comme des bras

    il est là, sur le seuil
    ce moi nu, qui t’accueille

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK