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poésié - Page 88

  • cloué

    Van_Gogh.jpgCette nuit, c'est fait, tout me quitte
     un autre monde est apparu
     où tu ne me reconnais plus
     où désormais rien ne m'invite

    La lune ovale est vert olive
     quelque brosse a figé le vent
     sur une toile de Vincent
     que d'un œil troublé je salive

    Orage, apporte-moi le rire
     indompté de chevaux mongols
     il se pourrait que je sois fol
     au point d'y fonder mon empire

    Une éternité de supplices
     au vrai, ne me tourmente pas
     l'enfer est aujourd'hui et là
     où je ne goûte aucun délice

    Et cette aube qui m'assassine
     impeccablement met à jour
     le solde des vaines amours
     teintant l'ombre d'orgues sanguines

     

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    la nuit du 30 décembre 2010

  • mécanique ? huis l'est !

    rouages.jpgEn mode automatique
    le Roi de la Bernique
    rentre les pieds au chaud
    sac à vin sur le dos
    à la main une canne
    affectant un air crâne
    le front ceint d'un chapeau
    vogue sur un vers d'O.
    dans la gorge, ce cri sauvage :
    « À cul, l'hypocrisie ! J'en rage »
    mais il chante :
    « À moi ! À moi, orgues atlantes !
      Je signe sur le fleuve
      les alarmes pour preuve
      que le monde réel
      se saoule de sempiternel
      quand la vérité sourd
      de bien improbables amours »
      se faisant, jette à l'eau
      une poignée de sable
      s'assied, puis s'interroge
      en termes plus aimables...

    Où est le temps de rire ?
    Quel est le sang des pleurs ?
    Et comment se le dire
    sans heurts ?
    L'océan vient buter sur les rochers hors d'âge
    (et personne jamais pour en faire un fromage)
    Les mouettes s'en amusent
    Les moules s'y agrègent
    et de sirènes muses les arpèges
    y ricochent
    mais des majorités d'arguer de l'Allons Donc
    de juger « c'est abscons,
    imbécile, fantoche, obscur à la raison »
    préférant leurs tiroirs
    où ranger, séparés, le paraître et l'avoir
    le duvet marital
    et certaine idée préconçue
    du bon, du vrai, du mal
    et du Bien Entendu

    « En matière de ritournelle,
      c'est la paille et la poutre !
    s'échauffe le J'en Foutre,
      à vous statufier des Cybèle
      pour leur coller des queues de loutre !
      Allez y démêler l'outrage...
      J'ai mieux à faire ; en outre,
      m'attend au coin quelque carnage
    - des plus précieux, et d'importance !
      de ceux que nous offrent la danse
      à sa façon, millimétrée,
      d'être à l'art de tout dépenser »

    Mais la plus sotte mécanique
    observant sa propre métrique
    parvient toujours à ce palier
    quand le verbe et le pas s'arrêtent
    sur le seuil où, finie la fête
    la tête lourde dodeline
    la gouaille range sa cuisine
    et la main va tourner la clé
    des habitudes retrouvées.

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#99
     

  • saloir

     

    SALOIR

    Un œil à la cave
    où la viande fume
    quand l'autre suave
    au coin de l'enclume
    (pas de troisième à défaut ?)
    j'attends la leçon
    les mains dans le dos

    À regard chiffon
    vaporeux miroir
    Force à la raison
    l'essuyer, c'est voir
    au tréfonds d'un noir oubli
    les fragments de runes
    logés dans ses plis

    Ronge à la maison
    ton petit tamis

    La poussière vient
    gratter à la porte
    (promener le chien
     pressé qu'on le sorte ?)
    Je dénonce un pieux serment
    et, pour son tanin
    sucre du vin blanc

    Une goutte d'or
    a séché sans bruire
    la peau du décor
    à n'en plus finir
    écharpe le cuir du jour
    où viennent pourrir
    les vaines amours

    Range à la maison
    ton petit ami

    Fermé le placard
    sur les draps de l'Un
    de l'Une les fards
    et leur lot commun
    le regard se porte ailleurs
    et darde à l'aveugle
    un autre vecteur

    Courbe et asymptote
    - l'ai-je déjà dit ?
    n’offrent pas la botte
    à l’œil inverti
    La cave où mijote un songe
    n'attend que la joie
    pour jeter l'éponge

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • ultime pirouette

    Je me serais bien volontiers payé sa tête !
    Et devant vous, foule charmante,
    ma vieille dame sous le bras,
    n'en eusse encore aucun remords.

    C'est que la peine la précède
    dans un grand chariot surchargé
    d'articles de supermarché
    la Vieille devant qui l'on plaide :

    « Si j’avais voulu me trouver,
      levé plus tôt, en bout de file,
      chère madame, en quel péril
      m'eussiez-vous promptement mené ?
      Vous n’avez pour unique objet
      que de m'être en tout point hostile...
      Passez donc ! Souffrez que je colle
      aux préceptes de mon école
      qui me pousse à vous rétorquer
      par quelque raillerie puérile :
      non, je n'ai rien à déclarer »

    I went to the market
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     pour un Défi Du Samedi #129

     

  • révision du parallélisme

    ASYMPT3.JPGL'arc au plus près de l'asymptote
    figure mieux nos trajectoires
    que des rencontres l'illusoire
    union des extrêmes marottes

    À se chercher des plathelminthes
    l'évidence dit qu'il n'y a
    pas plus de cure à nos ténias
    qu'à nos mutuels renvois de plaintes

    Quant à se tendre des bouettes
    c'est toujours affaire de goût
    le goéland ne s'amadoue
    guère à ce genre de bluette

    Qu'une variable booléenne
    envisage possiblement
    l'accord de valeurs s'excluant
    ne rend pas l'équation certaine

    Aussi, cheminons parallèles
    ça reste le plus court trajet
    pour l'un l'autre se bornoyer
    en se touchant du bout de l'aile

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK