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poésié - Page 59

  • Un jour de pluie sans nom

    Voici que tombe un nom, à nouveau, sur le sol
    de ma poche trouée ou d'un trop long envol
    J'en connais la musique; où reste son visage ?
    J'allais marcher dessus, mais je l'ai contourné
    Il avait beaucoup plu, il pleuvait davantage
    et j'avais de parures neuves pieds chaussés
    Je m'arrête un moment devant ce nom qui flotte
    dans la flaque où trempaient des feuilles déjà mortes
    Il perd de sa superbe et ses lettres s'étalent
    ou se font bombarder par la pluie qui redouble
    Le temps de respirer, la flaque est plus que trouble
    et fredonne ma bouche un nom moins abyssal

    poésie,anonymat,mémoire,automne,superbe,boisset



    iniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • jactances

    Lui :
    Sans conscience, petits, petites, tralalas
    jugez, bavardez bien, répétez les histoires
    tirez aux puits de honte, orgueil et vaines gloires
    vos branlettes sans faim, mais ne m'ennuyez pas !

    Je suis l'homme, assis, las, qui vous regarde faire
    youpi et tralalère, et jeter l'hallali
    sur d'autres qui n'ont pas ni mènent train de vie
    comme vous en grisez sans craindre aucun enfer

    Elle :
    C'est ça que tu nous dit ? Oh, vieux ! comme tu parles !
    Eh, charlot ! Eh, bandit ! Va péter ! Va mourir !
    Nous sommes la jeunesse et comptons en finir
    avant qu'on nous appelle Arthur, Chéri ou Charles !

    Lui :
    Finir ? Nous y allons; que dis-je ? Nous y sommes
    Demain n'est qu'une idée comme hier, savoureuse
    tant qu'on regarde au ciel briller la Bételgeuse
    et qu'on a su garder en bouche un goût de pomme

    Elle :
    De qui ? De quoi ? De que ? Vieux, c'est quoi ton problème ?
    On est ici heureux, tranquilles, sans espoir
    On s'est bardé de cuir, de feu et de fard noirs
    On va claquer nos sous, quoi, pour aucun "je t'aime"

    Eux :
    - Et les pauvres ?
    - On s'en fout !
    - Et l'horreur ?
    - On s'en tape !
    Rien ne nous pend au cou et rien ne nous attrape !
    - Et quand vient au matin, ton visage au miroir... ?
    - Je mange un Navarin trempé dans un jus noir !
    - Mais ton sang, quel est-il ? Où vas-tu le répandre ?
    - Eh, l'Autre ! C'est ton style ? Ha ! Tu joues les Cassandre ?
    OK, Vieux ! C'est la vie... Tu crois nous avertir
    mais nous avons choisi de nous en divertir !

    Lui :
    Ah ? C'est bon... Poursuivez... Brûlez vos allumettes...
    Soit, ne partagez rien qu'entre vos évidences
    Profitez bien du vin ! Grisez-vous d'une danse
    Surtout, ne changez rien ! Joyeuses alouettes

    Elle :
    C'est ça; bon, allez, Vieux... Restons-en là, OK ?
    Les pauvres - bon, les gueux ! savent y faire aussi
    pour boire leur content et s'aveugler l'esprit
    et nous la bailler belle en beuglant sur le quai

    Lui :
    Les pauvres ? mais, c'est vous, qui en avez conscience
    et gâchez votre saoul dans l'oubli de vos pairs
    fuyant toute chanson aux relents de misère
    et n'accordant la main qu'à votre connaissance

    Elle :
    Oui ? Eh bien, ça ira ! Nous, on va se marrer
    Toi, reste là, le Vieux. Bouge pas. Reste sage.
    Aux mouettes, va livrer ton triste bavardage
    Il nous reste, avant tout, la jeunesse à brûler

    Le Vieux se lèvera quand il seront partis
    bras dessus, bras dessous, riant dans le crachin
    Lui, seul avec sa peau fripée de maroquin
    se fendra d'un clin d’œil orange dans la nuit

    dialogue de sourds

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     

  • La passion, la paresse et l'art

    Dormir,
    dans le chagrin du vent
    avec, du roi Léo, la palme de crin blanc
    flottant à l'hémistiche
    où la terre et le ciel de l'un l'autre s'entichent
    et baisent goulûment
    leurs lèvres détrempées
    Dormir sans s'inquiéter
    qu'approchent, pas à pas
    d'autres et cætera - ils passeront leur tour !
    Dormir après l'amour qui nous a dévasté
    l'esprit, le sang, la chair et leur tendre pourtour
    le ventre dans la main
    imprégnés du parfum qui monte, en fumerolles
    du sol

    Dormir,
    dans les hautes largesses
    d'un très ancien ami
    sous le mouvant tamis de sa robe sauvage
    accueillant nos paresses
    il se dit une messe à l'aube de la vie
    un frétillant hommage
    une douce homélie roulant sous ton corsage
    aux pans rouges, froissés
    aux pans déboutonnés
    encadrant mon visage et ta ronde chaleur
    délivrant ta pâleur, engourdie, rassasiée
    à la complicité d'un monde sans orgueil
    pour la félicité
    de l’œil

    Dormir,
    dans la roue du chariot
    transportant l'écheveau de la dernière Parque
    vers son prochain monarque
    - le pauvre, il a bon dos !
    sans rien perdre du fil, subtil, qui fut le nôtre
    tandis que tout se vautre et pourrit en silence
    dans ce qui fut le corps de notre jouissance
    et qui cède sa marque
    - à de tristes julots ? pour un sabot (ferré !) ?
    Dormir, désemparé
    - c'est-à-dire, sublime !
    Dormir, dans l'inconnue folie d'un évident regard
    dévidant sa bobine, allégorique, intime
    pour l'art

     

    poésie,polétique,dormeur du val,de grâce !,manifeste

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#166

    Illustration : georges Jeanclos
    voir sur "Peuple de papier"

  • si bémol

    Docile enchantement, vespéral adagio
    ajustant au cordeau son journalier point d'orgue
    un désastre émanant de quelque vaste morgue
    tire au ciel bayadère un occulte rideau

    Répondant en écho à cet ornemental
    larme sentimentale et oisive langueur
    gouttent, rallentado, leurs partitions du chœur
    depuis le caniveau jusqu'au sobre canal

    Micellaire déclin, le chant de la journée
    écaille sa livrée dans le suspens de l'air
    Qui remet à demain ce que ne fut hier
    Qui, attendu ailleurs, contemple son plancher

    Fallacieuse évidence ! Et non : rien ne s'endort
    de l'âme ni du corps, ni de la ritournelle
    que murmure à l'esprit l'enfantine crécelle
    en n'ayant oublié rien de son chant de mort

    Solitaire - toujours ! pleure une mélodie
    à l'étrange harmonie, survenue, sans pareille
    élaguer le récit persistant à l'oreille
    dans la surprise pure et sa cacophonie

    Là, soudain, tout se tait : recherche, sens, métrique
    le tableau de l'automne et son ajournement
    Peut-être est-il alors possible, mon tourment
    que se résume l'Ordre à ce verbe atavique :

    Si...
    (ma montre n'était molle ?)
    Je rêve en si bémol un été qui s'enfuit

     

    Les poLésiaques

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#165

  • ...ce qu'à l'automne, craie

    Sa charge grisonnant au-delà des ardoises
    l'orage vient frapper les demeures trop sûres
    d'elles, de leur valeur et des investitures
    dont veulent se targuer les comédies bourgeoises

    Sur les fronts étonnés, ça va goutter, bientôt
    un jus mêlé de craie par les cheveux en ruine
    Ça tombe ! à coups d'averse et de frigide bruine
    à tout catastropher de nos jours blonds et chauds

    Navrée, l'épaule nue se couvre d'une laine
    Sous les pas empressés, l'ombre se porte pâle
    Le rhume prend son pied aux sandales troyennes

    Des véhicules glisse un écho littoral
    À l'abri du rideau, la fenêtre est en peine
    Automne s'est chargé de miner le moral 

     

    Elle a bon dos, la Troyenne !

    tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    - juillet 2012 -