Dormir,
dans le chagrin du vent
avec, du roi Léo, la palme de crin blanc
flottant à l'hémistiche
où la terre et le ciel de l'un l'autre s'entichent
et baisent goulûment
leurs lèvres détrempées
Dormir sans s'inquiéter
qu'approchent, pas à pas
d'autres et cætera - ils passeront leur tour !
Dormir après l'amour qui nous a dévasté
l'esprit, le sang, la chair et leur tendre pourtour
le ventre dans la main
imprégnés du parfum qui monte, en fumerolles
du sol
Dormir,
dans les hautes largesses
d'un très ancien ami
sous le mouvant tamis de sa robe sauvage
accueillant nos paresses
il se dit une messe à l'aube de la vie
un frétillant hommage
une douce homélie roulant sous ton corsage
aux pans rouges, froissés
aux pans déboutonnés
encadrant mon visage et ta ronde chaleur
délivrant ta pâleur, engourdie, rassasiée
à la complicité d'un monde sans orgueil
pour la félicité
de l’œil
Dormir,
dans la roue du chariot
transportant l'écheveau de la dernière Parque
vers son prochain monarque
- le pauvre, il a bon dos !
sans rien perdre du fil, subtil, qui fut le nôtre
tandis que tout se vautre et pourrit en silence
dans ce qui fut le corps de notre jouissance
et qui cède sa marque
- à de tristes julots ? pour un sabot (ferré !) ?
Dormir, désemparé
- c'est-à-dire, sublime !
Dormir, dans l'inconnue folie d'un évident regard
dévidant sa bobine, allégorique, intime
pour l'art
tiniak ©2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#166
Illustration : georges Jeanclos
voir sur "Peuple de papier"
Commentaires
Quelle intensité dans cette poésie que je relis ici avec grand plaisir !