plantureux :
J'aime mieux, c'est vrai
la fesse un peu lourde
des filles moins gourdes
qu'il n'y paraît
J'aime mieux, c'est vrai
le sein bien rempli
d'un giron poli
quoique décolleté
J'aime mieux, c'est sûr
la cuisse bien faite
aux courbes replètes
sur son ossature
J'aime mieux encore
un pied enfantin
que tous ces doigts fins
longs comme la mort
J'aime ressentir
le discret désir
logé dans des formes plantureuses
J'aime autant le dire
je n'ai de plaisir
qu'auprès des natures généreuses
; se dit abondamment d’une belle plante à la grâce fertile.
-… la Terre conserve et transforme, ébauche et parfait : son ventre plantureux s’acharne [Jacques Gélis].
quotidien* :
Sur un chemin de ronde
médiéval
deux vigies devisant
du monde et sa faconde vénale
se gaussant
s'en vont leur tour de garde
tout du long, ce faisant
L'un a le pas latin
L'autre, le pied marin
tous deux vont lentement
L'un a bien galéré
sur toute mer connue
par le bel océan
L'autre n'est guère allé
plus loin que ci-devant
la colline allongée
ligne d'horizon nu
où la forêt d'antan
n'est plus
dis-moi encore,
les belles, les belles
dis-moi comment sont-elles
au jour venant ?
dis-moi de la plus belle
gardes-tu le tourment
quand passe l'hirondelle ?
dit l'un
mais l'autre n'en dit rien
et, les yeux dans les mains
soupire dans le vent
ce souffle fraîchissant
arrivé du lointain
dis, c'est par où la mer ?
continue le premier,
on dit qu'elle a gelé
on dit que le tonnerre y fait des ricochets
que la queue des baleines
s'y dresse en cathédrales
abritant des sirènes
tristes et pâles
mais l'autre n'en dit rien
le menton sur le poing
avance, mine de rien
et ça sent la choucroute
aux abords des tavernes
où des éclats de rire
ponctuent la baliverne
ça ronfle un peu plus loin
dans la maison bourgeoise
dont Matthieu a refait, hier
l'ardoise
et ça roucoule encore
dans les bosquets du parc
où la cuisse a trouvé
pour qui bander son arc
de ce temps, le bavard n'a cessé d'évoquer
de rêves en légendes, le conte et les histoires
de la tendre chimère et du sombre avatar
ce qui flotte à l'entour de la rondeur des jours
mais la boucle est bouclée, bientôt
deux vigies s'accommodent
dans la nuit qui s'érode
le silence à nouveau
leur offre un bon créneau
leur chemin circulaire
quotidien, débonnaire
tout un poème!
la voie de la simplicité même
; le journal intime des lois ordinaires et des ennuis souverains.
- Il règne ici (…) Une grande faille quotidienne / Tout au bout d'une voix qui chante soprano / « malgré tout » [Gérald Neveu].
raffiné :
Plutôt bien mis, bien fait de sa personne
demandez-lui, en tout point il raisonne
dispute, sait y faire
il a le nez pour toutes les affaires
supérieures, sublimes
n’est pas avare de maximes
il court le monde et le plus beau
un sophistiqué, en un mot
mais s’agissant de son caca
il faut bien y mettre les doigts
où le bas blesse
car du plus raffiné des hommes
la crotte vient toujours, en somme
par la fesse
; en gros, le gars qui la joue fine.
- Va, va, ne te fais pas une âme raffinée, / Contente-toi d'aimer les premiers réverbères [Marcel Thiry].
* poLèmes précédemment parus sur pavupapri
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tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK