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acrostiche - Page 3

  • Scénario pour tout un fromage

    J’aime à voir sinuer, entre les fins copeaux de Comté, les reflets verdâtres et veloutés de l’huile d’olive quand, du pouce et de l’index, je fais légèrement osciller ma tartine de pain grillé pendant la pause pub de mon film du soir. Dans ces plages de publicité indigeste, je déteste en revanche voir ces femelles béates devant le prochain bien de consommation sur lequel vont se ruer nombre d’écervelées désespérément en quête d’un brin de reconnaissance. Reconnaissance de quoi donc ? De leur uniformité normée ? Peuh… !

    Après le dernier film du soir, j’aime prendre l’air, quel que soit le temps et marcher dans le quartier où je réside depuis plus de trente ans de célibat résolu. Je jette un œil aux nains de jardin du voisin, celui du 40bis, voir s’il n’aurait pas fait une nouvelle acquisition de ces pitoyables mochetés qu’il vient briquer tous les matins avant de se rendre au boulot et le soir au retour, sous le regard flétri de mièvrerie que lui prodigue sa vieille bique de mère, derrière son rideau brodé, par-dessus la jardinière de géraniums rabougris. A pleurer...

    Battre lentement les cartes de ma patience, un grand bol de café ravissant mes narines tandis que la radio égraine ses émissions, aussi matinales que je le suis, me procure un plaisir savoureux. J’aime y manifester lascivement la plénitude de mon quotidien solitaire contre les vaines turpitudes qu’assènent, avec une obstination quasi obscène, les prétendues « nouvelles du jour ». Quid novi sub sole ? Des nèfles ! La litanie des bassesses, du pain, des jeux… Du flan !

    Elle s’annonce fort belle, cette journée. La lumière est à s’y dissoudre ! On dirait un 4 juillet dans un film américain à gros budget. J’ai bien l’intention de la mettre à profit car demain, à la Maison de Quartier, se tiendront des sélections (des sélections… !) pour désigner la future Reine des Pétasses de notre région. Je file droit vers le fleuve avec, encore en tête, les images confuses et vivement colorées de mon dernier rêve; un de ceux que j’affectionne particulièrement, où je promène, flanqué de mon Âne-Chien, par des rues saturées d’odeurs et sous le vert couvert d’arbres bavards. L'entièreté de mes sentiments s'y répand. Délice !

    Ramdam comme prévu, le lendemain matin ! En fermant les volets, j’entrevois l’autre benêt du 40bis sortir son chien ridiculement minuscule dont la clochette tintant à son collier a le don de m’exaspérer. Le jour durant, je me contenterai de l’ombre douillette et enfumée de mon meublé. Pourvu que les voisins n’aient pas la mauvaise idée de jouer de leurs tondeuses durant ma sieste ! Au moment de fermer les yeux, je tends le bras vers la radio qui bruisse sur le guéridon près du canapé. A peine si j’entends les derniers mots du bulletin des actualités…
    « …Drame aux élections de Miss Normandie : l’élue du jour a été retrouvée à l’aube, près du fleuve, le corps massacré et odieusement mutilé. Des témoignages concordants lèvent la piste d’un individu aperçu portant un nain de jardin, passablement ensanglanté et figurant le célèbre chef Apache, Jéronim… » - OFF -

     

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    Peinture d’Art Brut – ©Jaber (Al Mahjoub)

    tiniak ©2019 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#350

    Sur la proposition d'Emma :
    "Cette histoire se déroule un 4 juillet. 
    Elle fait intervenir un chien riquiqui, une tondeuse, un vieil Apache et une reine de beauté."

  • Noir cinoche ?

    C’est un de ces endroits d’où fusent des lumières
    (peu après avoir été plongé dans le noir)
    pour que nos yeux en embrassent mieux les chimères
    et daignent s’en laisser raconter, des histoires

    Il vient, son pas de géant, vers nos yeux d’enfant
    jamais si beau que dans la lutte ou la caresse
    c’est le héros (l’affiche nous l’a dit, avant)
    comme un brillant écho à nos sourdes détresses

    Nous rions, nous vibrons, et – voici la surprise !
    pas aux mêmes moments, pas pour les mêmes mots…
    « Tarzan », tant d'ans après… Non, mais quelle bêtise !!
    Avec ça, sans entracte où tendre un Michoko

    Oubliés la « placeuse » et son digne balcon
    avec sa lampe-torche indiquant quelle place ?
    Ce siège, large au point d’accumuler deux fions
    est-ce pour un voisin nommé Gros dégueulasse ?

    C’est de la nostalgie ? Ben, oui ! Ben oui, quand même !
    avec l’orchestration appuyant le final
    avec l’obstination d’un rire sépulcral
    entourant le baiser qui vient dire « je t’aime »

    Hérisse-toi, mon cinéma d’Art & d’Essai
    de « plus jamais » contre tous les effets spécieux
    d’absurdes voix contre les voies toutes tracées
    pour que j’espère encore en Celle du Milieu

    Et voilà ! Je te vois quand, tombé le rideau
    rentré à mon cachot, rejoue ton tralala
    burlesque et promenant l’ombre de Jean Vigo
    sur quelque « …Rouille et d’Os » assaillant l’écran plat

     

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    tiniak ©2019 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#349

  • Jet d’ancre, hier

    J'ai déjà passé deux longs jours
    (et quelques parties de leurs nuits)
    à me révoquer le velours
    de tes cris d'oiseau alanguis
    - printanière bergeronnette...

    Et brûle encor, d'un même four
    mon corps meurtri par la disette

    Tes pas ont déserté la cour, sans bruire
    Désormais, tout m'écharpe; tout me fuit :
    la voisine à sa harpe, au pied du lit
    la vitre où est venue danser la pluie
    la journée jouée pour ne faire aucun pli
    jusqu'à ce tweet qui ne peut aboutir

    [Demain n'est qu'un bel endroit pour mourir
    Et qu’en serait-il à dire, aujourd'hui ?]

    D'en avoir, vibrant à l'oreille
    des nocturnes, des matinales
    il me semble que c'est merveille
    de céder au sentimental
    - passagère bergère honnête...

    « - Ah ! Tu me fus trop trop humaine !
    que j'en eus le cœur bien amène »

    ...Nous rendant autant la pareille
    que la surprise d'une fête...

    Ces pas qui viennent dans la cour, sans feindre
    sonnent si juste que le jour éteint
    claquant leur talent pour couvrir ma plainte
    Les murs et les plafonds, en sons, repeints
    t'ouvrent les bras pour la prochaine étreinte
    et la suivante, et leurs chansons à joindre

    Retour à la case des « pars »
    « attends-moi », « reste un peu », « cui-cui »...
    chacun son quart sur les remparts
    faisant des rondeurs à mi-nuit
    - et jusqu'à « dès potron... », minette !

    Eh ! qu'en pâtisse l’Au-Jour-Dit !!

    ***

    Hiatus ! Hiatus ! Posons-nous là...
    « - Regarde, j'ai dit ça de toi.
    « - Plus tard... Plus tard... Embrasse-moi.
    Très bientôt, le goût passera. »

    Il coule de l'eau sous les ponts
    (c'est bien tout ce qu'on en demande)

    Et je t'embrasse les paupières
    tes chants d'oiseau plein les esgourdes
    La semaine passée fut lourde
    mais jamais de ton franc mystère

    « - Rigole ! » dis-tu, endormie.
    Dehors, les moineaux font la bringue
    Je file à la boulangerie
    et t'y choisis une meringue
    - Ô bergeronnette crémière !

     

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    tiniak ©2019 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Listenning to Rosie Lowe's 'Bidsong'

  • La rouée

    Le temps, pourtant inavoué
    traverse un plein cœur mis à jour
    quand, sur la berge où elle accourt
    l’ombre déporte ses nuées

    Au vent, s’égaille un cri d’amour
    à l’extrême pli de sa robe
    à l’opposé, l’allure probe
    elle offre son front sans détour

    Révoquant sa dernière lutte
    elle cabre son cheveu brun
    dans la pagaille des embruns
    ravis de jouer dans ces volutes

    « - Oh, mais bien sûr ! C’en était trop… »

    Un vilain creux sous la paupière
    lui donne raison pour son crime
    (acte sauvagement sublime)
    accordé à son linge aubère

    Et, dans ce décor maritime
    lâchant sa montre à bout de bras
    s’autorisant un dernier pas
    elle suspend sa pantomime

    Et meurt, à l’heure douce et grise
    où se perdent soir et matin
    où se fondent tous les chemins
    d’une femme rouée, pas soumise !

     

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    tiniak ©2019 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour une photographie de Val Tilu, que j'embrasse.
    Et parce que le 8 mars, c'est toute l'année !!

  • Escape game

    Le monde était à ciel ouvert
    Il fleurait bon, dans l’alentour
    des parfums gras et prometteurs
    Je ne voulais pas savoir l’heure
    (me contentais de ses contours)
    et jurais n’avoir pas souffert

    La porte était fermée, pourtant
    (à double tour, me semblait-il…)
    l’idée me vint, dans ce chenil
    que tu m’y laissas trop longtemps
    croupir
    pour que ne survînt, là, le besoin d’advenir

    Les ombres reculaient soudain !
    De leur impérieux œuvre au noir
    il surgissait des coloris
    déchirant les bruns et les gris
    que mes songes, dans ce couloir
    caressaient du plat de la main

    Ayant recouvré la palette
    animant de neuf ma rétine
    j’ai loué la grâce divine
    qui m’aura rendu mes lunettes
    d’un rire
    plus éclatant que ne le serait Agadir

    Adieu, chenil, laisse, collier !
    Je viens promener dans tes pas
    et fredonner quelque largo
    Un fantôme à cru sur le dos
    je lance à nouveau ton Vespa
    sur le bitume et le gravier

    Avec ta clé rouillée en poche
    (tu sais, celle de Malakoff…)
    je suis à nouveau, bel et sauf
    le Chien qui n’y voit rien de moche
    à mourir
    depuis que j’ai compris que tu fus mon Nadir

     

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    tiniak ©2019 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#344