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totalités mineures - Page 10

  • vertige, fleuve et sakura

    Le souffle à nouveau s'apaisant
    boire l'or doux et printanier
    dont l'absence, le mois dernier
    navrait de mornes firmaments
     
    Le fleuve écoule un miel avril
    jusqu'à sa butée océane
    Dans sa patience mélomane
    migrent mes allusions fébriles
     
    Et pourtant, malgré ce régal
    tu fus hier trop trop méchante
    ma joie n'est donc pas évidente
    et mineure en ce festival
     
    Pour son monumental oubli
    je veux me joindre à la curée
    carnavalesque et délurée
    de la phénoménale orgie
     
    Le vent ému pleure des fleurs
    sur l'hiver qui meurt dans ses flaques
    Au ciel, piaillent les vols foutraques
    quand des sols fusent les humeurs
     
    Je m'habille de Sakura
    farde mon regard à la plume
    pisse mon nom sur le bitume
    le cœur ivre de célibat
     
    Peine, attrape-moi si tu peux !
    J'ai pour monture le Centaure
    le front ceint de neuve hellébore
    et l'heur humble des malheureux
     
    Ô majestueuse Nouba
    pétris-moi le corps à mains nues
    À tes ors je bois ma vertu
    et chante qu'Elle n'est plus là
     
    Le lent magma des rêves tristes
    a gerbé dans la stratosphère
    une féerie délétère
    que digère, à l'œuvre, l'artiste
     
    Mais ta charge malodorante
    encombre le nubile espoir
    qu'il s’écrierait meilleure histoire
    d’une gorge moins apparente
     
    Ah, que n'es-tu plus simple aimante
    le cœur sans peur et l'esprit plein
    que l'avenir est incertain
    mais que je t'estime, charmante
     
    Rien n'est si vrai que rien n'est sûr !
    Hors la nature et ses miracles
    qui définit son habitacle
    à l'hypothétique aventure ?
     
    Ô fête, ce n'est pas l'objet
    Si le monde sombre, anonyme
    je n'y gage pas mon centime
    autrement qu'à son tourniquet !
     
    Et ça tourne à n'en plus finir
    parmi tant de sourdes brillances
    - oh, superbes ! dans l'ignorance
    des lieux où chacun doit pourrir
     
    Ça tourne donc, et nous avec
    certains de jouir à bon endroit
    Chacun sa trappe devant soi
    bidouillant des salamalecs
     
    Imprégné d'illusion statique
    au bord des lèvres le cœur mû
    par un sentiment bien connu
    cherche son mode automatique
    et le retrouve
    dès que la bouche vient téter au flanc la Louve
     
    Pour la divine comédie
    des sidérantes incuries
    boire à la coupe de l'Or Ange
    à l'œil le fard d'une mésange
    tandis qu'à mon oreille tintent
    les chorégies d'amours défuntes
    au chant plus noble
    depuis que soudain leurs noms me sont moins ignobles
     
    Je vais me tresser un plastron
    avec le cuir de leurs chansons
    pour m'en rhabiller le poitrail
    À moi, rubans ! galons ! médailles !
    Je paraderai pour la gloire...
    avec les centuries du soir !
    et l'âme grand
    ouverte aux sifflets égaillés aux quatre vents
     
    Inadvertance et tralala
    des enfances sans apparats
    Venez, courez à ma rencontre
    Il est grand temps d'en faire montre
    - vous savez, de ces arguties
    prénommées Chimères... Lubies...
    Orgues mentales...
    Rien d'apaisé ! Souffle, tempête ornementale !
     
    Au fleuve brûle un mai juteux
    d'orchestre franc et généreux
    à l'animale incandescence
    couvrant des florales fragrances
    le saisonnier
    dont nous masquons notre putride coutumier
     
    L'océan même est un brûlot
    donnant au ciel - et non l'inverse !
    des raisons de pleuvoir à verse
    pour éteindre son brasero
     
    Mais fi ! que dalle ! et patatras !
    Icare-Ion guide mon emphase...
    Eh, toi ! permets que je t'embrase
    et t'intronise à la Nouba
     
    Ô fête, tel est ton objet
    me griser plus que l'hellébore
    quoique je sache que la mort
    stoppera net le tourniquet
    ben, je m'en fiche !
    tant que Louve m'offre de lui sucer les miches !
     
    Tout va mourir et, c'est certain
    ne nous reste que le festin
    de paître, forniquer et rire
    avant d'avouer un soupir
    en y mettant - bien Oubligé !
    une dernière honnêteté :
    « Oh, que j'ai peur
       de n'avoir pas tout délivré de mon ardeur »
     
     

    sakura

     
     tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
  • poêtre

    Sur la page nubile et son aube inviolée 
    je répands mon carné, l'alentour et son rêve 
    goutte à goutte, ma dose 
     
    Des mots, la chair et le sang prennent fête et causent 
    du corps de l'âme au flanc invisible des choses 
    à telle oreille amie, supposée inconnue 
    telle autre familière à combler de nouveau 
    avec des chorégies rechapées au goudron 
    qui revêt le chemin, glissé à travers chants 
    d'hier, de maintenant 
    dans un vacarme rond 
     
    Quand paraît la lumière
    aux rideaux entr'ouverts
    n'en pas faire mystère
    ni gâcher sa vertu
    mais boire à son tonneau le meilleur de son jus
    pour la soif et peut-être y voir un peu plus clair
    maintenant mieux qu'hier
    puisque le soleil fond
     
    Des mots ! Du corps ! De l'âme !
    et, à rideaux tirés sur la carne qui saigne
    l'embrasement d'un fleuve où tremper le calam
     
    Qui rêvait en chemin de boire en société
    le meilleur de son jus - mystère mis en perce ?
    Qui chante maintenant d'Hier la mise à pied ?
     
    Je vais signer ma peau sur un ciel aux arrêts
    voir si ça fait jaser un cent de passereaux
    (que mon reflet dans l'eau soit encore au bas quai
    qu'il pêche au moulinet, qu'il brûle au brasero
    ou que l'aient piétiné grenouilles z'et crapauds)
    et puis, chemin faisant, je viendrai souligner
    d'un trait de khôl lampant ton sourire au pas sage
    lissant du paysage un boudeur horizon
     
    Debout, à ta fenêtre
    je bois le miel fondant
    du soleil mollissant
    sur son peigne de hêtres
    Et puis, le ramenant
    à mes yeux de poêtre
    pour ton regard aimant
    il s'en faudra de peu que j'embrasse ton nom
     

    calam,almost grown

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#206 
  • pluvieux oubli

    Une pluie déliant les ciments sédentaires 
    entraîne dans son jus les pavés de la route 
    Le pas cherchant dessus l'équilibre sans doute 
    eut tort d'y engager sa démarche trop fière 
     
    La boue qui s'est formée révèle des visages
    qui furent davantage à l'hier qu'au présent
    les puissants frontaliers de vastes océans
    d'où se levaient au soir les sublimes présages
     
    Quels noms jetés par eux jusques aux dieux anciens
    pour plaider leur moisson de répit séculier
    furent ainsi gobés que le fruit saisonnier
    dont le noyau craché ne fertilise rien ?
     
    Pour eux, j'ai tué mon fils avec la meute au cul
    braillant je ne sais plus quel air abominable
    pour n'en tirer parti ni gloire inaliénables
    mais le droit d'oublier comme j'ai mal vécu
     
    Et me voici, mille ans peut-être après ce jour
    à contempler le cirque incertain du vivant
    le pied ferme, serein, et me précipitant
    vers mon prochain désastre, son dernier amour
     
    Le caniveau rempli charrie des flots de bulles
    tandis que la chaussée couve ses vieilles traces
    Chacun, le pavé nu rivé à la godasse
    navigue son oubli en maître funambule
     
    Lève les bras au ciel, plaide un jour... et sa nuit...
    Lève les bras au ciel et tombe dans la pluie
     
    2956240071.jpg
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#206 

  • trouble vision

    Ernesto Timor, "Est-ce que vous existez ?"

    Trouble ! Trouble ! Tenace trouble !
    Mon cher et fourbe trublion
    De mes fantasmes l'aiguillon...
     
    Comment jeter aux gémonies
    les récurrentes ophtalmies
    qui m'enflamment l’œil - et le bon !
    avant d'embuer la vision
    que j'ai d'un monde parricide
    avant de lécher tes subsides
    à même la fraîche paroi
    que tu mets entre Lui et Moi ?
     
    Tu diras que j'ai trop bu, et
    c'est vrai que j'aime ta buée
    à la lampée ! à la goulée !
    tant que tout cet air mal léché
    opposera ses acuités - bien qu'éphémères !
    au plaisir de laisser planer dans l'atmosphère
    quelque trouble persévérant et son mystère
     
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un nouvel et amical regard croisé avec Ernesto Timor...
     
     
  • vol stationnaire

    Progressant à l'aveugle, il marche sur les yeux
    son regard amoureux absorbé dans les aires
    Un moulin au poignet caressant l'atmosphère
    il sifflote aux oiseaux des ordres granuleux
     
    Au banc qu'il a quitté trône le nom d'un mort
    Du festin quotidien le vent souffle les miettes
    qu'éparpillent déjà les roues des trottinettes
    vers la carne du quai, plus sablonneuse au bord
     
    Somerville attendra, le fou sur la colline
    entraîne malgré moi par les ombres du Ouaisne
    à l'invite un besoin d'oublier la semaine
    et de boire au goulot la promesse marine
     
    Sous la grasse aubépine, une berce commune
    redouble de blancheur en baillant ses ombelles
    un gobemouche gris répondant à l'appel
    quitte sa cavité, lance un cri de fortune
     
    À présent voletant près de l'épaule accorte
    où deux doigts mollement posent un papillon
    il hésite et soudain file comme un larron
    D'un claquement du bec fête ce qu'il emporte
     
    Normoint ripe à main gauche et le chemin s'éclaire
    Des ourlets de bruyère adoucissent la baie
    La fraîcheur cède enfin aux avances de mai
    qu'abrite Saint-Brelade et quémande Corbière
     
    Tu le sais mieux que moi, qui vas ta route sûre
    avec les passereaux, prodigieux familiers
    une main dans le dos, l'autre à ton journalier
    ouvrage bienveillant d'oiseleur à l'air pur
     
     
    gobemouchetiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#204