totalités mineures - Page 12
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Retour en grâce
Avalée par le mur se tient la porte closeAu pied de l'arbre un fruit tombé depuis hierUne étoile accusée par quelques nuées rosesLe ciel tend son miroir à l'océan, la merDans un oubli malingre une idée s'est perdueSur la page aucun mot ne vient lécher la ligneDes yeux abandonnés à jamais par la vuedont nul ne lira plus comme la vie fut digneL'avortement d'un cri n'inquiète pas le jourpas plus que sur l'épaule un geste qui renonceni la question posée demeurée sans réponseni la mélancolie d'un trop ancien amourEt pourtant, je le sens, le bruit va me surgirquand j'en aurai assez de contraindre mon cœurJe serai le vacarme neuf de mes ardeursdans un monde étonné par mes éclats de rire ! -
L'enchantier
Quoi d'autre ? Je ne sais rien faire sans parti
À la prochaine pluie, peut-être... Va savoir...
Le ciel peut basculer sans prendre mon avis
je m'emploie chaque jour à repriser le soir
les veines fatiguées de son vieux rocher grisCar le séjour est loin, et chaque heure qui tombe
avale nos destins, voués à la becquée
Je m'invite au festin, orgueilleux et plumé
ainsi qu'il sied, au vrai, aux sincères colombes
et vais gagner mon pain, sous l'orage et ses trombesJe fouille, à mon chantier, plus bas, l'Île aux Grenouilles
Dans son rire ombragé, profonde et généreuse
monte une mélodie aux notes argileuses
Le regard entendu, y trempent nos dépouillesTous nos papiers pliés narguant les cathédrales
nos songes invités par un chant quotidien
les lunes adoucies par nos Petites Mains
et nos jeux négociés au cirque théâtralC'est là qu'est le métier, cette récréation
d'ouvrages séculiers, mais riches, mais propices
que tu m'as compliqués, Délocalisation !
qui frappes ta monnaie du sceau des Catharsis
réclamant à la source un taux d'imposition
qu'il faut payer, content d'être dans la Maison !
au guichet de Jocrisse...Et puis quoi ? Allons, donc...Je recompte mes bras, il en manque un millier...
Deux n'y suffiront pas pour me les rattacher
mais, sûr qu'à embrasser, je suis dur à la peine
Je saurai m'en coller un pour chaque semaine
et garder celui-là, bien dressé, pour ta chienne
Pugnace !
et prompt à oublier tes sordides menacesJe vais, nu sous ma blouse, exilé volontaire
Malgré la terre en tiers qui veut que j'en découse
la Seule, que j'épouse, est ma cause de pair
et n'en fais pas mystère aujourd'hui, j'ai le bluesOutils à la ceinture et les ongles gantés
je creuse mon chantier pour y trouver des billes
J'aurai la main heureuse, vous verrez, Les Filles !
Chocolat ! Religieuse ! Eh, comme vos yeux brillent...Qu'on m'apporte à siffler des cuisses de grenouilles
il n'est rien de si loin qui vaille un bon goûter
Le reste, c'est tambouille !Voici qu'au ciel paraît - me semble; un nouvel œuf
Je quitte le chantier, c'est l'usage, après tout
Je suis couvert, debout, par un sentiment neuftiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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cardinose
Une fraîcheur à l'est estd'une fraîche heure à lesterLew', est-ce ta venueau petit matinqui déjà m'atteintsur West Avenue ?Une fraîcheur à l'est estde ton odeur à lestercomme je l'ai sueà ton exsudatQue me la suda!Que me la suda!Me répétais-tuqui n'en pouvais plusd'être à tant d'effortTant que le sud euttôt perdu le nordet n'y revint plusJusqu'au lendemainsa fraîche heure à lests -
Langue de bois
Au long des feuillets, gouttez, Millénaires...
Densité de l'aire, un chœur en foret
frêle sous vos pieds, sonde les ombrages
La terre et son âge ont le vain mauvaisUne magie noire aux doigts effilés
lisse une peignée de sa main d'ivoire
à l'orée du soir étouffant le jour
d'un semblant d'amour mâtiné d'espoirRisée, vole un peu de l'humilité
à l'or embué de lourds aromates
qui traînent savate à l'heur attendu
puisque tout s'est tu dans l'heure adéquateArbres, mille mots vous tombent des bras
J'en baigne mon Ka, goutte à goutte d'eau
tombées de si haut que mon Rêve-Sang
fond de but en blanc sur mon corozotiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Librement inspiré d'une fantaisie de Janeczka Dabrowski -
piscine
À baigner dans mon jus de pleurs inachevés
verse ma crudité aux largesses de l'onde
La paume d'Archimède allège ma faconde
Un long chant navajo m'attrape par le nez
Oui, je voudrais pleurer comme les joies du ciel
savent couler du miel au cœur de nos vallées
muant en fêtes fauves nos aridités
et rendant aux anciens leurs larmes les plus belles
Bois mort dont le bas seing oublié des vivants
a tété du Serpent le nom qui chante encore
avec la mélodie des pluies de météores
se rappelle en mon chœur aux vraies larmes, le sang
Un bal de martinets m'arrache au Rêve-Dit
Le vent a retenu son souffle dans les arbres
De plus sombres nuées entament leur palabre
avec la gravité des âmes assagies
C'est l'orage annoncé crevant son outre pleine
à l'encontre, ma peine élève trait pour trait
ses ombres vers l'éclair, sa pâleur sous le jais
et mon chant ravagé dans la sublime antienne
Oui, je sors, mon amour... Ici, oui... par ce temps
Il pleut, précisément... L'heure est vraiment divine
Rejoins-moi, si tu veux, nager dans la piscine
d'une même poitrine hurler aux éléments
notre joie
d'offrir à l'avenant nos langoureux abois
tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#189