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totalités mineures - Page 18

  • À fleur, le temps

    Le temps, c'est du vent, mais la pierre ?...

    J'étais là, pour ma promenade
    - un jeu pas loin de la parade;
    au front logé quelque mystère
    accaparé par l'atmosphère

    J'observais dans mon entourage
    les bâtiments plus ou moins vieux
    au mitoiement pas très heureux
    mais dont je tirais avantage

    Et puis, j'ai regardé mes pieds
    À l'endroit où je m'arrêtai
    je découvris cette insolence :
    la nature et sa résistance !

    D'entre les pavés jaillissait
    une banale touffe d'herbe
    (pas de quoi en faire une gerbe,
     mais assez pour m'interpeler)

    Pour ajouter à ma surprise
    le hasard jeta sur le sol
    quelques vestiges de corolle
    soufflés par l'automnale bise

    Je révisais mon jugement :
    le temps ne donne pas mesure
    par nos œuvres d'investiture
    mais son naturel évident

    Je finis donc ma promenade
    sans jamais plus lever le nez
    mais à surveiller qu'à mes pieds
    ne se trouvât quelque boutade

    Depuis, je ne vois dans la pierre
    qu'une cynique et vaine injure
    à ce que peut faire nature
    sans prétendre à quelque carrière

    Demeure le temps, son passage
    Y cherche quel est mon courage.

    pour un Défi Du Samedi

    À fleur, le temps

     

  • Le temps, c'est du passé !

    Du temps a passé là, dessous, coulant son fleuve
    livrant la berge à son épreuve
    prenant tous les ponts à témoin
    narguant les routes, les chemins
    rampant sur les grands boulevards
    et ne s'avisant pas de nous ni du hasard

    Puis son fleuve se fit marée - marée montante
    partie à l'assaut des charpentes
    elle a grimpé tous les étages
    navré les cages d'escalier
    noyé conciergeries, paliers
    vague sur vague déferlante, adieu ménages !

    Moi ? Je coupais du saucisson, pour le plaisir
    Tu n'avais pas voulu sortir
    vaquais quelque part alentour
    fredonnais ton refrain du jour
    L'heure n'avait pas d'importance
    viendrait bientôt, à la maison, une danse...

    Et puis je t'entendis crier "vade retro"
    la voix rougie au braséro
    que je pris comme une Première
    Tout bascula dans l'atmosphère
    quand je me levai - aller voir...
    ta prestance de torrero, dans le couloir

    Tu pointais du doigt la marée, qui prit la fuite !
    "N'entrent là que ceux que j'invite !"
    disais-tu, le regard furieux
    les pieds nus devant l'impétueux
    flot refluant sur la moquette
    Chronos avait capitulé ! A nous la fête !

    Le temps, vraiment, n'existe pas ! C'est un idée
    qui mérite d'être ignorée.


    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré d'une photographie de la talentueuse Castor Dubord
    © Castor Dubord
    -clik to enlarge pix-

  • dense heure

    L'heur commun passe et suit son cours
    bonasse
    et n'ayant pas idée du jour

    « Qu'ai-je fait de mon petit pain ? »
    « Donne-moi un peu de ton sein ! »
    « Où vais-je ? »
    « C'est vraiment trop pourri en ville, cette neige ! »

    Ô Grâce,
    alliance d'art et liberté
    maîtresse folle !
    peu te chaille d'ici les bruits de cour d'école
    mais des gestes désordonnés
    gratuits, fortuits, veules ou lâches
    comme tu sais faire une gigue, avec panache

    Fébrilité subtile
    des temporalités fragiles
    dense heure
    l'inadvertance millimétrée au conteur
    tout en bras, tout en jambes
    et le buste
    arguant des dithyrambes
    pointe juste
    effleure
    la partition que c'en est un bonheur

    Plaisants, précieux et vérifiables
    (autant que l'est l'art de la table) :
    le carnage feint, l'impensable
    contorsion de l'âme sexuée
    (enfin capable d'exprimer
     ses horreurs
     que lui inflige l'oraison des mœurs)
    le rêve enfant
    (à la recherche de son sentiment)
    la peur soudaine
    (surgie, brutale, au cœur de la semaine)
    l'envie de pleurer sur l'épaule
    qui fait défaut pour assumer ce rôle

    Moments !
    que la danse révèle, un instant

     

    Gaëna da Sylva

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Gaëna da Sylva, photographe.

  • revolver

     

    Green Lemon

    à Laurence Le Masle

    Retourner la question "qui suis-je ?"
    est-ce dire "qui êtes-vous ?,"
    plutôt que "vous m'emmenez où ?"
    À quel ordre tient ce vertige ?

    Evoquer au fond le mirage
    de l'âge et ses présentations
    n'est-ce pas poser la question
    à l'âme de ses apanages ?

    Vouer son cœur à l'Autre Histoire
    quand se languit au fond du lit
    celle qui me voudrait ici
    est-ce trahison, peur ou gloire ?

    Oublier le monde et son cours
    à l'aube mourant sur le fleuve
    peut-il en naître cette épreuve
    à l'expo de Munch, l'autre jour ?

    La bouche de ce revolver
    sur la tempe de mon sourire
    t'embrasse-t-elle pour finir
    à l'angle de nos fastes, chair ?

    Voire, au-delà de l'existence
    la vanité de tout serment
    n'est-ce pas que c'est évident
    la brute vérité du sens ?

    Espérer toujours et encore
    la beauté d'un geste incongru
    rendu à l'amour éperdu
    n'est-ce le lot des météores ?

    Revolver de soixante-six
    genèse de chambardements
    charnel esprit en mouvement
    ne suis-je pas ta catharsis ?

     

    Loloche en plein speed

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Du calme

    (et de l’usage qui peut s’en faire avant le drame)


    Où allaient dans la main du soir
    qui leur fit signe à la fenêtre
    mes années rechapées de lettres
    pour une aumône dérisoire ?

    Je m'en souciais modérément
    désireux de savourer l'heure
    jouissant de l'oubli à demeure
    enfin le cœur obéissant

    Passe l'ombre et sa jupe orange
    Courez, rires ! à vos ivresses
    Je suis en paix, plus qu'une messe
    plus que l'hindou au bord du Gange

    Je me conjugue au féminin
    me campe l'allure au couteau
    formule mon nombre au tableau
    mijote ma carne en festins

    Sous son pilier de cathédrale
    ai le front à porter du ciel
    la vanille ou le caramel
    jusqu'au vertus philosophales

    Embouchant  les cors de l'orage
    mène battue contre l'hiver
    ni lent demain ni long hier
    qu'à l'instant pur un plein hommage

    Vêtu de mon intime essence
    immobile et à bon endroit
    je suis l'absence d'ingérence
    affranchie des dieux et des lois

    Je bois du temps le vin de palme
    n'ai d'âge que celui du jour
    que vient annoncer douce et calme
    l'aube discrète dans la cour

    little bout d'A.Bientôt reviendront les "peut-être"
    les ans rechapés de mon être
    l'ivresse et ses abois sans faim
    l'hier et le trop lent demain

    labyrinthes en cauchemar
    les mains tendues dans le brouillard
    j'avancerai, ma carne d'homme
    dans le commun capharnaüm

    Avancerai, quoi qu’il en coûte
    mortel empreint d’un calme doute

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK