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totalités mineures - Page 21

  • allégations fluviales

    fleuve

    Fleuve, mon fleuve où tout se noie
    arbres, lunes, ciels - mais sans moi !
    t'ai-je dit que ta pente est douce
    et, comme s'y mirent les mousses
    qu'à mon heure, j'y plonge aussi
    mon trop-plein de langueurs aux pleurs inassouvis ?

    Fleuve, mon fleuve de patience
    où se charrient de nos romances
    le sang des pactes avortés
    les sourires désabusés
    le fer blanc des cœurs que convoitent
    les navrants socs de nos breloques d'ouvre-boîte

    Quand je confie à ta livrée
    le flot tari de mes pensées
    mon esprit prend les coloris
    mouvants de ton cours assagi
    par quelque force inéluctable
    au langage oublié de moi et mes semblables

    Être saule et te caresser
    cygne et nager dans tes reflets
    ragondin pour fouiller tes berges
    vent pour jouer à ployer tes verges...
    Ma conscience te suffit-elle
    à t'écouler vers ton baiser d'or et de sel ?

    Fleuve, mon fleuve au lent passage
    aux antédiluviens hommages
    glissant sous les arches des ponts
    comme frappés d'inanition
    dis-moi juste à quelle heure on dîne
    que je lave mes mains aux larmes de la bruine

    Quand tu chopes la chair de poule
    à la surface de ta houle
    c'est sous l'effet d'une risée
    où la saison vient s'annoncer
    que les seuls oiseaux savent lire
    et que dévoie le trouble émoi de mon délire

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122

  • acte de foi

    mains-livres.jpgQuel qu'en soit le mirage un poème a du sens
    à rimer à la page en verbe volontaire
    hommages à la joie et peine atrabilaire
    apprêtant son message à d'autres résonnances

    Quelle soit rigoureuse ou comme échevelée
    (selon l'art ou l'humeur et peut-être l'instant)
    sa métrique est l'écrin où loge le présent
    dont vibre à sa lecture un éclat policé

    Le récit est ailleurs, car ce qui est écrit
    sert une diversion avant que l'essentiel
    jaillisse pour chacun selon sa ritournelle
    (éminente ou secrète, elle s'entend d'ici)

    Le rire a des pudeurs qui mordent jusqu'au sang
    Au silence, l'acier des roulements à billes
    à la ponctuation, des manières de fille
    vont pour aller de soi

    Tout ce qui fait surface a le fond odorant
    et rameute à l'esprit la recette oubliée
    dans un jeu de lumière éblouie d'être née
    comme un acte de foi

     

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • joyeux noème

    thierry hoyau

    Étire-moi la vue jusqu’à ce point précis
    qui réfute l'ennui et propage l'essence

    À ce point d’évidence où les bruits et les murs
    égalent de l'azur la sereine clarté

    Même les yeux fermés, accuser du regard
    le prochain avatar d'un songe aventureux

    Absurde et lumineux, dans cette contention
    qui porte la raison à vibrer comme un rire

    Au moment d'aboutir et de t'apercevoir
    je ne veux rien savoir que le bonheur d'y être

    À l’endroit de te reconnaître

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Thierry Hoyau, Penseur - 2010

  • lumineuse-m'en

    light, please!Éclairé... bon, c'est bien, c'est sûr
    pour voir un peu plus loin - tes yeux ?

    Ébloui, je préfère
    aveugle, on entend mieux
    comme vibrent la terre et l'homme
    ensemble dans les cieux

    car voir,
    quel désespoir !
    La misère est partout
    insupportable avec ses Malgré Nous

    Mais écouter,
    quel pied !
    D'abord, il faut se taire
    qu'alors surgissent de chantants mystères

    Est-ce de l'eau qui coule et roule des cailloux ?
    Est-ce dans le vent le bruit claquant des bambous ?

    Est-ce ta main dans l'ombre attrapant un mouchoir
    ou ton pas feutré avant le baiser du soir ?

    Était-ce un cri d'oiseau ? de souris ? du pipeau ?
    la grille mal fermée du square ? de l'enclos ?

    Ça, je le connais bien, c'est le soupir du chien
    non ? peut-être, après tout, n'était-ce que le mien...

    Alors, bon... lumière ! Lumière !
    mais pas de la bougie
    pas de ces feux d'enfer pour malappris

    Mais total éblouissement
    Lumière à l'infini semant
    pour nos béatitudes fragmentaires
    l'éclat d'apocalypses éphémères

    open the gates

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK