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strabismes - Page 13

  • soleiado

    Les cailloux rudoyés rendent à la lumière
    la brute impunité de sa vive arrogance
    avant de succomber, aveugles, l'un sur l'autre
    en ayant regretté de mordre la poussière
    sans pouvoir y goûter, d'infime rémanence
    un parfum d'herbe grasse où la bête se vautre

    (...ailleurs, en Normandie peut-être...
    Ici, le pays est à l'heure : il est Midi
    et pas l'ombre d'un hêtre)

    Même - oui, je le vois, même les mouches boudent
    dédaignant l'ordinaire à mettre sous le coude :
    et la pâtée scellée en croûte à l'écuelle
    du chien qui a trouvé refuge à l'intérieur
    et le massacre avancé d'une tourterelle
    qu'un mauvais vent nocturne a jeté dans les fleurs

    (les moins folles collent à la toile cirée
    d'autres grésillent au papier-vrille
    l'abdomen englué)

    Massif, un lavandin ébouriffé somnole
    entre deux pieds de thym et une ciboulette
    dans le vieux jardinet où les simples survivent
    et bradent les parfums de leurs derniers alcools
    à l'ordre industrieux des voraces insectes
    qui nourriront bientôt un escadron de grives

    (quand  le ciel sera pris au jeu
    d'une saison moins sèche
    et se fera pluvieux)

    Au mur pestiféré les jointures fatiguent
    sa face égratignée par l’assaut des bourrasques
    ne sait plus témoigner que de sa déchéance
    ses débris de mortier traînent dans la garrigue
    où ne s’entendent jouer ni la folie des masques
    ni les flûtes boisées des païennes bombances

    (seul - et tenace alors, le Mistral
    arrache à cet endroit
    le fantôme d’un râle)

    Par là, c'est la fenêtre - aucun volet ne l’arme,
    un cloaque où s'empêtre une obscurité morne
    et peine à se commettre, avec les traces d'huile
    imprégnées de salpêtre, une frise de charmes
    cherchant à l'égayer de ses reflets argile

    (mais c'est peine perdue, ces brillances
    sur la maison de pierre
    où je n'habite plus)

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • luminorée

    Lumière !

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    Celui sorti de cette chambre n'est déjà plus celui-là
     - tu sais, quand il entra
       que tu avais la fièvre
       comme il l'avait bue de tes lèvres
       en te lavant les bras
    Autrement autre que cet Autre, c'est un autre qui s'en va
    ne le regarde pas
        tu gâcherais ton rêve
    la chanson qui s'achève, là
    ouvre ici un autre opéra
    - ti la, ti lala

    Et bonjour à nouveau, lumière...
    Comment peux-tu transfigurer
    du quotidien la nouvelle ère
    en étant aussi éphémère et fragile et sucrée
    que l'air
    et toutes les choses passées ?

    D'où vient que vînt la paix, si tôt après la guerre
    nous réconcilier
       l'œil avec sa paupière
       le sang avec la chair
       la terre meuble avec le pied ?
    quand tout nous semblait mort et dévasté, naguère ?

    Ne te fais pas prier, bonheur
    appers !
       l'aube toute fripée
       la communion est moins amère
       que vraie

    Et bonjour à nouveau, lumière...

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK