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>imPrOmpTus - Page 24

  • Vin de quatre heures…

    ...et un quart devin.
     
     
    Ovales sans cérémonial
    sous vos arrondis féminins
    des fatigues matrimoniales
    ourlent un plantureux festin
     
    Brigandons une heure estivale
    en ce nocturne effarement
    aux lentes parades astrales
    immuables d'égarement
     
    Somnifère sentimental
    épargne les avidités
    que cet appétit cannibale
    souhaite mener à satiété
     
    À l'organique festival
    aucun superflu décorum
    La carne seule pour canal
    se commettre, la femme et l'homme
     
    Ah, le bel heur quand l'animal
    va découvrir la profonde heure
    (sans être de l'autre l'égal)
    que de s'en régaler le cœur
     
    Demain sera trop matinal...
    Brisons avant que la journée
    fige d'un glacis trop banal
    chaude palme, une nuit d'été
     

    Mary Poppins

     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#217 
     
  • Trois pas de plus

    Un pas de plus dans la foulée aléatoire...
    Trop tard t'aurais-je méconnue ?
    Je viens; tu vas; ils vont et viennent...
    Ne serai jamais tien, pas plus que ne fus mienne
     
    Je vois tes yeux fermés à la vérité nue...
    Humble dans ce crâne boudoir
    je fais les cent pas dans le noir
    en rognant à l'aveugle une amertume inerte
     
    Des mélodies charrient des sourires à perte
    et, sans fin, des silences
    amenant la grand voile
    à ce mât d'acajou cargué devant le sort
     
    À deux pas du vieux port, tu t'enivres d'oubli...
    L'ombre à qui tu souris
    ne me ressemble pas
    puisque tu n'entends pas mon chant ni ses débords
     
    Cette douleur, au vrai, je ne veux rien en perdre
    et bois son vin de cèdre
    au goulot, sous le ciel
    où je sais l'hydromel qui nous a rassemblés
     
    Trois derniers pas lancés sur le monde incertain
    me traversent les mains
    de pleurs bien inutiles
    sauf à croire fertile un amour absolu
     
     

    chance

     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
     
    à Laurence Le Masle
     
  • Opéra bouffe

    Plus haut la garde, mon amour !
    Je crains pour ton noble visage...
    Vois, comme la montagne est sage
    et maintient fermes ses contours...
     
    Plus haut, le rideau sur la tringle !
    si tu veux occulter ici
    l'intime jeu de nos partis
    pris au modèle de la jungle
     
    Plus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemble
    vers notre festin amoureux
    assis à la table des cieux
    où rêvons comme bon nous semble
     
    Plus haut, le bonheur attendu
    de se goûter la carne folle
    d'être à deux une farandole
    et résoudre notre inconnue
     
    Plus hauts, nos bras nus dans le ciel
    plaidant le délai quotidien
    arguant de notre rachidien
    comme du plus pur hydromel
     
    Plus haut, mon sexe dans ton ventre
    pour t'entendre crier mon nom
    et raccorder mon diapason
    à ce qui nous ramène au centre
     
    Plus haut ! Toujours plus haut que là
    où s'agrègent les imbéciles
    qu'ils soient de campagne ou de ville
    et réfutent notre opéra
     
    Plus haut, plus haut ! Je t'aime toute
    en ce rêve esseulé, sans doute
    Mais chut, ne le répète pas.
     
     

    jungle,intime

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du Samedi 
  • Pour quoi, don ?

    Parce que le coiffeur t'a ouvert ce dimanche
    la porte de côté où tu t'engages, seule
    aux feuillages d'été, d'âpres apartés feulent
    J'ai les yeux dans des mains qui ne sont plus étanches
     
    Parce que les nuées fondent sur Hermanville
    comme un amer avril et son plus triste mai
    j'ai le cœur imbécile et ne sais plus chanter
    sur mes lèvres brûlées qu'un titre de Granville
     
    Parce que les matins s'étirent jusqu'au soir
    avec le même goût de piètre médecine
    où balancent douleur et humeur assassine
    nulle paix n'apparaît aux nocturnes couloirs
     
    Parce que les journaux me sont trop quotidiens
    qui n'apportent jamais la nouvelle attendue
    que je crains d'y trouver où tu as disparu
    je ne lis que mon pas désormais sans le tien
     
    Mais parce qu'il faut vivre et mener sa partie
    je réclame l'oubli dans le moindre sursaut
    Peut-être dois-je ici graver un dernier mot
    pour nos mortes amours, sur leur tombe fleurie...
     

    Jersey red line

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#216
    à Laurence Le Masle
     
  • Avis expert

    Ce matin, il hésite un peu avant d'aller boire la mer à la fourchette, comme à l'accoutumée. Il a plu toute la nuit, le sable sera mouillé. Il n'aime pas bien ça. Il se contentera plutôt d'un bouillon d'écrous sales, même si la saison a passé. Finie la toilette dans le dé à coudre de sa grand-mère, il se rhabille avec les vêtements d'hier et descend l'escalier, pesant du pied sur chaque marche, dans ses vieux chaussons de laine rêche.
    À la cuisine, il sourit à la femme dans le cadre ovale. C'est nettement plus commode, maintenant qu'elle lui appartient, autrement mieux que du temps où elle se prétendait sienne. 
     
    Il a faim, ça oui ! Il a plu toute la nuit. C’est dur, eh ! de veiller les gouttes, l’esprit tenté de les compter toutes…
    Il boit son bouillon à la tasse, en rotant une fois ou deux. Il ne supporte pas trop la rouille, sa vapeur lui pique les yeux. Vaisselle rangée dans les placards, les fenêtres fermées maintenant qu’elles ont fait de l’air, il s’équipe pour la journée dans le couloir, devant la porte d’entrée. Il note ce qu’il doit faire aujourd’hui sur une ardoise à craie d’écolier à peu près oublié, puis le range dans le premier compartiment de son étui de travail en cuir usé – tant qu’on voit l’os aux coins, mais bon, ça ne fait rien.
    Il passe une main sur son crâne dégarni. C’est pour y lire à la surface un état stationnaire dont il se satisfait. Il n’est pas pressé d’être chauve. Le crâne des morts est chauve. Il ne se presse jamais. Il sait bien ce qu’il a à faire et dans quelle chronologie. Le soir venu, il pourra donner un coup de chiffon là-dessus. Un petit soupir de contentement gonflera sa poitrine pour lui échapper par le nez, juste le temps de rentrer chatouiller son oreille valide et fondre sur son cœur.
     
    Il sort sans jeter un regard à la mer qui attendra.
    Les coudes pliés sur les hanches, la poignée de l’étui famélique agrippée ferme des deux mains pointant au niveau du nombril, il va son chemin régulier vers son quotidien de labeur et de société peu engageante. Il n’a encore croisé personne qu’il est déjà rendu. À l’endroit indiqué par sa feuille de route hebdomadaire, pratiquement au milieu de la rue, contre un crépi mal entretenu, un cadre ouvragé de moulures dorées tombe sous le coup de son regard expert. Deux mètres à peine le gardent à distance de l’objet, mais son avis est fait.
    Il plonge alors une main dans le second compartiment de son étui de travail, en extirpe deux craies, l’une jaune, l’autre bleue pâle. Dans l’encadrement, le crépi du mur est en piteux état, davantage qu’alentour. Se servant conjointement des deux craies, il trace une croix bicolore sur le mur, entre le trottoir et le bas du cadre. Il murmure « voilà qui est fait », range ses craies, sort un carnet de sa poche revolver pour y noter la mention due.
     
    Peu après, dans la matinée, une vive animation électrise l’endroit. On veut voir ! On veut voir ! Et déjà, certains se préparent pour ajuster leurs enchères. Il y aura une belle vente, ce soir, là.
     
     
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour la proposition graphique des 40 voleurs sur Mil et Une... 
     

    Isaac Cordal - Cement Eclipses

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    Source graphique :
    Isaac Cordal, "Cement Eclipses, le voyage à Nantes"
    ©2014 Editions MeMo
    ISBN : 978-2-35289-214-4