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âges

  • des branches et le jus

    J'avais trois vers, là, sous la manche
    l'un de travers et l'autre étanche
    et le troisième un rien de biais
    pour ne pas gâcher son effet
    en fin de strophe
    et clamer sous le Grand Dais Niais son apostrophe
     
    Un regard plus loin a suffi
    à flamboyer l'étrange cri
    jailli de son puits vespéral :
    "Où siège ton sentimental ?"
    "Ici : ailleurs !
     à ces endroits vraiment perdus pour les vains chœurs"
     
    Sobre avarie de Vieille Branche
    ployant sous d'octobreux dimanches
    que fait ton nom dans mon sommeil ?
    dans le capricieux appareil
    de cet oubli
    qui me donne à goûter au plus Bel Aujourd'hui
     
    Ding ! Ding ! Ding ! Dong !
     
    Oh, non ! Mais non, pas cette cloche...
    Pas à moi... Rien ne s'effiloche !
    que les graves amours humaines
    faites pour endurcir la couenne
    à en crever
    la dernière toiture avant le plafonnier
     
    Retour à la case des parts
    prélevées sur le moindre hasard
    que nous offre, au petit bonheur
    la chance d'être à la même heure
    la même joie
    de cheminer, étonnés, sur la même voie
     
    Alors qu'il n'est que leurre étrange
    tout soudain, la vie nous démange
    et nous recrache sur le lit
    où se confondent nos oublis
    nos molles chairs
    pour qu'il soit plus aisé de les marquer au fer
     
    N'est-ce pas ? N'est-ce pas, mon Cru
    qui jetas tout ton dévolu
    ton ardeur et mon dernier cent
    dans le désintéressement
    qu'elles en eurent
    ces Voraces parées comme des créatures
     
    Gloutonnerie des possessions
    vidant les intimes passions
    de leurs substances intrinsèques
    Finis tous les salamalecs
    on passe à table
    et cette fois au titre de met périssable
     
    En veux-tu des raisons d'aimer ?
    choisis d'abord le bassinet
    où rassembler tes vomissures
    Carguée au mat toute voilure
    attends que passe
    à jamais l'envie de glisser à la surface
     
    Sirote un jus d'orange amère en attendant
    Appelle à toi quelque fluvial émolument
    Nage sans bruit, que la vague même t'ignore
    Gage les fruits de tes ordinaires débords
    Une rythmique rogne éructe à son taquet
    Il ne sera pas dit qu'elle fut sans objet
    Nomme-la dans un fin et liquoreux murmure
    Elle viendra, sanguine au ponant, l'épissure
     
    Vieille branche
    tiniak ©2015 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Jeu d'assiettes

    chair;childhood,old,granma,granpaProprement assis, l'enfant rêve...
     
    Ses pieds ne touchent plus le sol 
    Il lève les yeux; il décolle 
    des pans de mur, le laid 
    qu'il jette au Vent Mauve, et 
    peint le plafond à ciel ouvert 
    jusqu'à ce qu'il soit tout couvert 
    du rose et monstrueux ballet
    de son plus fabuleux bestiaire 
    et son jeu préféré à tant 
    et tant de tristes jouets l'attend 
     
    Autour de l’œil en pleine forme
    son corps va devenir énorme
    et bientôt se cogner à tout
      l'encombrement des choses
      la mesure du coût
      d'un pleur à l'eau de rose
      l'obscure et vaste vacuité
      d'une parole dévoyée
      aux trompeuses promesses
      drapées de soyeuses caresses
     
    La chaise a grandi avec lui
    Le refuge de tous ses deuils
    lui ouvre ses bras de fauteuil
    où loger le fond de l'ennui
    et tirer du feu mouronnant
    sous la cendre du cheveu gris
    quelque heureux brandon que l'enfant
    demeuré sous les plis
    de la carne affadie
    sut nourrir à travers le temps
     
    d'une vie
    assise, seule et sagement
    sur son trône de rêve, ici...
     
     

    Val Tilu,photographies

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration (ci-dessus), composée d'après une photo de Val Tilu

    russian dolls

  • ancien régime

    Trop vieil empire…

    Elle avait beaucoup plu et tout ce va-et-vient
    - les cent pas que faisait dans ses yeux le chagrin,
    lui creusait des ornières
    trop vieille ? ...en pire ?!d'où filait un treillis de ridules sévères
    tenaces
    - plus que l'œuvre du temps n'imprime sa menace,
    rongeant
    - la pomme de ses joues... "Hélas..."
    navrant
    - le velours de son cou... "Ah ! Dieu..."
    tachant
    ces mains qu'elle dressait pour y loger sa peine
    et la cacher, au mieux, de son propre regard
    qui la voit, si vilaine
    et seule face, à son miroir

    « Ah, les hommes ! ...et le temps ! ...et comment s'en défaire ?
      tant que les sentiments me tourmentent la chair
      Et puis - cette pitié ! que le jour monte ou fane
      ce bagnard édenté de peigne qui ricane
      ravage et raréfie mes brins de chevelure
      pour exposer mon crâne et ma déconfiture
      Ah ! Douleur...
      ce désir insistant
      opiniâtre ! pressant
      mes os contre mon cœur »

    Elle aura beaucoup plu
    - jamais à son insu !
    allant son assurance insouciante et sereine

    Et l'aura et la vue
    qu'elle a bientôt perdues
    lui dénient à présent ses attributs de reine

    Seule farce au miroir
    sa chevelure noire
    écoule une brillance aux criants artifices

    Les pas dans le couloir
    qu'elle rêve le soir
    ne sauraient être ceux qu'on espère d'un fils

    « Ah, les hommes ! ...et le temps ! ...comment s'en départir ?
      Ils auront, pour finir, usé tout mon content »

      Trop vieille, en pire… »

    Les amants ni les jours ne sauvent du procès
    ni les fastes années, ni les vaines amours.


     


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • La découverte

     

    Kikou, les djeuns !

    Veinées de sekoya
    les mains
    reposent
    sur l'amas, begonia
    glaïeul
    et rose
    tonsures du jardin
    où l'automne sang vient
    mettre le feu aux poudres

    Elle, veut en découdre
    avec le grain à moudre
    contre le frais matin
    contre les pieux chagrins
    ce bon gros pain au four
    comme fait exprès pour
    reprocher au soleil
    de déserter sa veille
    sur les chemins qui vont
    et viennent au salon
    de ce petit vallon
    où la maison résiste
    à la fin de la piste
    que n'empreinte personne
    quand l'été déboulonne
    sa toile d'encres bleues
    que fatiguent les yeux
    à se méfier des pierres
    et depuis que sont morts
    les hommes venus vers
    ou venus de son corps

    L'aïeule a pris le pli
    du rideau pour partie
    s'en recouvre le nez
    tente de regarder
    en bas, la vie qui passe
    bruisse, nauséabonde
    et fait sa dégueulasse
    frontière fière et loin
    de la petite impasse
    au bout du monde
    au coin

    Mais où est le jardin ?
    Où sont les monts certains ?
    Et son Pierre qui tarde !

    Que ça lui monte au nez,
    moutarde !
    Et, non ! Elle a dit non !
    Elle ne retiendrait plus jamais de leçon

    Veinées de sekoya
    les mains
    reposent
    sur l'amas, begonia
    glaïeul
    et rose
    au tablier inerte
    criant d'anonymat

    Nécrose et ventre plat
    que dit la découverte ?
    Ah...

     

     

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • trappe heurt

    mind: the step

    L'homme va, fatigué de faire un pas de plus
      avec tout ce qui lui sort par les yeux qui lui pince les lèvres
      avec sa vieille peur qui attend sous le porche
      de lui rire au nez
      de lui souffler la torche
      de lui siffler le peu qu'il lui reste de rêve
    pas à pas, tout du long, la même rue qu'hier
    - la même que demain, allez !
    malgré ce temps de chien qui crachote à ses pieds
    L'homme va, fatigué d'avoir la terre entière
    venant à son encontre
    Il regarde sa montre
    Elle marque l'hiver
    C'est dans l'ordre des choses
    et ça colle à l'endroit
      humide, gris et froid
      morose
    où rien ne lui dit plus
    que l'aller, le retour
    la nuit qui vient, le jour
    et la fatigue d'être
    si lourdement vêtu, passant sous la fenêtre

    Un coup d'œil à la montre : l'hiver et cinq minutes
    L'homme va, fatigué d'être encore à la lutte
      avec tout ce qui pleure
      avec ce qui le traque
      avec sa vieille peur qui attend sa barbaque
      et tire sur la longe
      pour un dernier mensonge
    (qui pour la ramasser quand on jette l'éponge ?)
      avant de le plaquer contre les murs épais
      de son piège
    Obstinément, le front contre la neige fine
    qui s'amasse aux épaules de sa gabardine
    l'homme va, fatigué
    Un frisson le traverse et lui crispe le cou
    L'homme va, fatigué, en pliant le genou
      lentement
      vers sa trappe
      à son heure

    Vu au Louvre : Vieillard mourant

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
    (vasque exposée au Louvre)