Dans ses yeux logent des nuées paroxystiques
qu'elle refuse à de malingres coutumiers
indignes de ses élans magmatiques
qu'elle réserve à son divin particulier
Dès le matin, elle chérit sa familière
(la toux grasse qui la prend avant le café)
sitôt s'affaire à bourrer sa pipe en bruyère
avec des gestes lents, gracieux et mesurés
Tandis que gargouille le filtre, à la fenêtre
elle se trouve des raisons de rester là
juste à l'endroit prescrit pour ne pas apparaître
au lever de rideau où nul ne l'attendra
Et ça va continuer ainsi, le jour durant
ponctué d'entrechats, placides, sabbatiques
montant vers le plafond en longs volutes blancs
enrobés de mourons aux soupirs cathartiques
Je lui porte, à l'appui d'un discret voisinage
une curiosité, furtive ou récurrente
s'y trompe mon ennui en fantasques hommages
quand ses ronds de fumée montent vers sa charpente
À la tombée du jour, elle s'anime un brin
déroule ses cheveux et s'offre un pas de danse
puis, va se maquiller, se rhabiller de lin
et file en quelque lieu se divertir, je pense
Elle rentre parfois au bras d'un singulier
qui la quitte au matin - jamais après midi...
Elle, aura déjà mis en paume son foyer
l'autre main employée à prolonger sa nuit
M'eût-elle remarqué qu'elle n'y changea rien
ni à son quotidien, ni à sa dilettante
Est-ce à moi qu'elle adresse un signe de la main ?
Elle part enfumer Cybèle, Atalante !
tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration : reproduction en étude libre d’une œuvre de Liu Baojun.