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giacometti

  • dans un bonjour

    Ce machin ! tout gris, tout tordu, à la tête d'épingle
    aux bras de bonobo
    que prolongent deux tringles,
    il me suit partout comme une ombre - et peut-être en est-ce une !
    Si je porte chapeau
    il en coiffe la lune
    Le fleuve
    il en singe les joncs
    - la preuve ?
    ses grands pas de héron
    qui se tendent, se meuvent d'étrange façon

    Si je l'entendais bruire... !

    mais je n'entends jamais que mes propres soupirs

    Je l'appelle...

    disons, quand l'idée me vient à l'esprit : Ficelle
    - n'en déplaise aux férus de feu Giacometti
    ou aux arts éternels,
    c'est ainsi

    Quel bidule !

    et moi de m'inquiéter d'être sous sa férule
    avec mon gris sourire
    et cette propension à redouter le pire
    dans la chose certaine
    (qui prétend régenter notre nature humaine ?)
    pour un peu, ça m'étouffe
    et m'entraîne à surjouer ma partie dans l'Esbroufe
    générale
    où se distrait l'ennui de son issue fatale

    Mais, bon... c'est décidé : je veux tordre le cou

    à la dernière peur qui tarde
    à s'assagir enfin
    quand l'autre affreux pantin musarde
    et se gave, après tout,
    de ces mornes courroux qui m'affligent la carne !

    Je tire la ficelle...

    au bout, pas de surprise :
    une charpente grise et maigre comme un clou
    vient et s'immobilise,
    ruissèle de partout
    de la cendre
    que mêle un jus épais à l'odeur sulfureuse
    de coriandre ;
    dans ses orbites creuses
    où l'ombre est à se pendre
    je cherche une émotion
    - quel âne !
    depuis longtemps l'essence a déserté ce crâne

    Si j'avais des ciseaux... !

    mais des ongles gelés me parcourent le dos

    Les miens étaient rongés (maintenant que j'y pense,

    comme c'était fort laid !)
    au fur et à mesure
    que l'autre décharné réclamait ces rognures
    pour lui-même
    et sa triste posture de cri sans thème
    et puis cette douleur
    dénigrant des caresses le simple bonheur
    d'être douces, attentives
    et au lieu de cela - prétention maladive,
    abritaient sous mon bras leur méfiance craintive

    Suffit, là !

    je regarde la vie
    elle tient devant moi
    elle a le cheveu court
    (un peu plus court qu'hier, oui)
    et dans son œil m'accorde une larme sincère
    et gaie !
    voyez comme !
    Il est temps d'en finir, allons ! vilain bonhomme

    Je me tiens devant elle

    Pardon... je me tiens devant toi, Ficelle !
    et le mot qui me vient pour déjouer tes tours
    est si simple à présent : bonjour

    1965Giacometti -Lotar III.jpg

     

     

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un hommage à Alberto Giacometti