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  • connais-toi, c'est l'automne...

    Connais-toi, c'est l'automne
    ma peine
    fredonne
    de là, pardonne
    et laisse aller
    mon regard qui s'étonne dans le vent frais

    Connais-tu cet or ange
    qui plane au ciel et le mange ?

    C'est bien assez de feu pour la soirée
    les pieds mouillés, le nez qui coule
    l'envie de s'embrasser roulés en boule

    C'est la canopée qui déteint
    puis, dans le matin frêle
    vois qu'on rassemble ses cheveux
    à la pelle

    C'est ta peau de renard
    ma Vieille Dame Blanche
    tu as pris du retard
    dans ce matin qui planche
    à son banc d'écolier
    et de son encrier
    puise un peu de la nuit
    que tu as fui
    sitôt qu'elle a bleui

    Tu t'es pissé dessus ?
    'fallait bien qu'ça arrive
    car la pluie de l'automne
    fait sa grande lessive

    Ah, la belle saison
    je n'en attends pas moins
    tu pisses, je pleure moins

    Le bel événement
    (je ne l'attendais plus)
    l'automne ! l'automne est là
    et je ne pleure plus.

    AUTOMNE2.JPG

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    impromptu littéraire - tiki #50

    illustration composée d'après une vue extraite d'ici

  • complainte de l'apacheraie sus-citée

    Pour cette cinq cent cinquantième note, un hommage à ce type tant plein de sa gouaille juteuse qu'il en a gâché ses poumons avec le sang misérable des miséreux pour finir par mourir emporté dans un crachat de trop à l'âge de vingt-sept ans ; à toi, Jules ! à tes dimanches, jamais autres, toujours pluriels et plus vieux que l'un dit ; à tes Pierrots les plus falots et leur lot de vierges flétries ; à ces aubes, ces firmaments, ces couchants, mots devant tous les tiens interdits ; à ta barbarie, ses grand's orgues ; à toi, l'impétueux Jules Laforgue.

    bal à la Courtille, 1910
    - t'y bigleuk'dalle ? clikz'y voir -
    quoi disé-je, ah ouiche...

    Complainte du repentir matinal des malotrus lunaires
    (aux Pierrots julaires)

     

    Des courages nocturnes, généreux
    se révélant matin lâches, peureux
    je connais la figure grimaçante
    de l'âme qui s'avère décevante
    et vous pourrit le jour, la vie, son rêve
    et pleure que trêve lui vienne de l'amour

    Des serments à la lune, tout sourire
    seront tôt les crachats pour se maudire
    et feront déraper cette assurance
    qui nous aura menés jusqu'à la danse
    où nous avons aimés nous étourdir
    ignorant l'avenir qui va nous rattraper

    Oh, les ahs et les ihs et les tirladadas
    les défilés de nuit de nos petits soldats
    quelle mare aux canards que cette mélodie
    quand au petit matin nous désertons le lit
    des conquètes sans gloire

    Et reviennent au soir des réverbères
    les douches illusoires, éphémères
    où nous iront laver de nos pieds sales
    la boue séchée des larmes matinales
    pour faire un nouveau tour de passe-passe
    arborant belle face et verbe sans détour

    Voilà, c'est reparti la folle ivresse
    des soupirs alanguis et ras la fesse
    l'empreinte des baisers le long des murs
    et la cuisse levée dans les voitures
    le dernier verre pris aux bonnes grâces
    le dernier carré d'as qui fait le dernier pli

    Mais les hues et les dias et les turlututus
    retourneront bientôt sous les chapeaux pointus
    car l'aube ne connaît pas d'autre magicien
    tounoar tounoarque celui qui réveille et le coq et le chien
    pour notre désespoir

    Et merde, il fait tout noir !

     

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

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    T'as raison : t'as tord !T'as raison, Totor
    'fait trop noir dans c'décor
    remets-y voir une couche, voir
    comment tu mouches...

    Après l'hommage, l'héritage
    (c'qui f'ra deux notes pour le prix d'une, dis... ces largesses !...)

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    Y A PAS L'CONTE, VIEUX !

     

    Cinq sens pour une vie
    - m'en lerrai pas compter
    on s'est foutu de nous
    au vrai

    C'est bien trop le matin
    déjà peu le midi
    et ça ne suffit plus du tout
    à la nuit

    Sept ou huit m'iraient bien
    pour faire part égale
    (au moins bonne  mesure)
    disons sept et voilà
    ce qui n'en fait plus qu'un
    à mettre sur l'ouvrage

    Six jours pour tout ce monde
    et un pour s'en remettre
    j'en demande pas moins
    pour l'être

    L'ouïe, c'est vu
    l'odorat, ça, c'est fait
    la vue, bien entendu
    le toucher, s'il vous plaît (ou elle)
    le goût se sent des choses bonnes et belles
    Le songe, c'est l'idée
    (dessus, on est assis)
    l'en manque un pour le compte,
    j'vous dis !

    L'ennui avec ce ciel saturé de commandes
    c'est adresser la demande.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    ...dit Mensch
    La femme ?
    - J'en sors
    La mort
    dans l'âme...
    (Jules Laforgue)
    "Avant-dernier mot", Des Fleurs de bonne volonté
    édition posthume, 1890.
  • l'inconnu en apnée dans l'allée de troènes

    av_troene.jpg

    Ces mains sont devenues trop grandes pour lui
    il ne bouge plus
    il reste assis
    il regarde à peine
    le rang de fourmis qui promène
    il s'est retourné tout à l'heure, un peu
    sur sa vie entre ses cheveux
    il n'y a pas vu de regrets
    (d'où vient qu'il soit si fatigué ?)
    il y a su quelques malheurs
    rien de bien méchant
    quelques peurs
    et ces ratés, bon gré, mal gré, qui s'effacent
    (d'où vient qu'il ait délacé ses godasses ?)
    avec le temps qui passe
    le temps qui passe devant lui
    qui ne bouge plus
    qui reste assis
    il respire à peine
    le parfum qui descend des troènes
    il s'est arrêté tout à l'heure, un doute
    lui barre maintenant la route
    lui ôte l'envie de marcher
    (d'où vient la goutte sous son nez ?)
    il a stoppé dans sa poitrine
    les cliquetis de la machine à prendre l'air
    et dans cette étrange atmosphère suspendue
    il ne bouge plus
    il reste ainsi
    il écoute à peine
    mon pas dans l'allée de troènes

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - 554 ! 

  • les yeux mal venus

    briiiiightenIls sont passés
    comme qui dirait à l'improviste
    suivant pourtant la même piste
    connue
    les yeux mal venus

    Ils ont léché la trace
    l'ont trouvée dégueulasse
    mais s'en sont bien repus
    les yeux mal venus

    Ils ont levé un voile
    puis deux, puis trois
    s'y sont brûlés les doigts
    leurs petits doigts crochus
    les yeux mal venus

    Ils ont remplis leurs poches
    au premier son de cloche
    ont vite disparu
    les yeux mal venus

    Ils s'en sont retournés
    dans leurs sombres orbites
    rongées, mangées au mythe
    se sont pissé dessus
    les yeux mal venus

    Ils reviendront bientôt
    sucer jusqu'au noyau
    de mon fruit défendu
    les yeux mal venus

    Ils seront bien punis
    mon rêve les maudit
    de ne les aimer plus
    les yeux mal venus.

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • gris sourire (1)

    agrandirLa pluie triste chante
    L'heure est la précédente
    A l'instant gris sourire
    sous le regard en fente

      La corde est prête et vibre
      balance libre
      inamovible attente

      La mémoire tâtonne
      un rêve anone
      près de l'oreille absente

      La terre est pis que froide
      et rive roide
      ma peau à sa charpente

    La pluie goutte sang vide
    un pleur décide
    amorce la descente
    un vilain rire enfante

    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK