
à cet endroit précis où je l'ai reconnue
il faisait nuit
il avait plu
elle m'a souri
je l'ai bue
la liqueur prune
Et de l'intérieur, mon pélot
 je fus broyé comme un grain d'orge
 d'un mot noué là, sur ma gorge
 où l'oubli surgi de sa forge
 a soufflé sur mes pauvres braises
 et j'ai fondu dans sa morne aise
Oui, je me suis compris
en cet endroit reclus où j'aurai tant appris
 du vent qui plie
 des vents qui puent
 et le mât pourri
 d'où je sue
ma rancœur brune
Quant à l'extérieur, mon pélot
 tu sais bien tout ce que je lâche
 des mots, du rêve et ce panache
 du haut du mât, qu'on se l'arrache
 pour en saccager les ramures
 le ton, le trait et l'écriture
Oh non, pas de paix, jamais plus
qu'un cent de petites vertus
 en chapelet sur des doigts gourds
 bouche et oreille au monde sourds
Oh oui, la guerre, encore ! encore !
et que parmi le monde mort
 je glisse au bas du mât pourri
 fouler les corps nus sous la pluie
Mais oui, la prune, c'était toi
cette brune avec un beffroi
 planté de la lèvre au regard
Et non, tu ne me quittes pas
 depuis que tu m'as laissé là
 de larme en pied à mon brouillard
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK - #490