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bourgeoise

  • octordre

    Voici qu'une curiosité
    au sein des familiarités
    tète une gorge inexplorée
    avec du schiste plein la bouche
    que nul n'embrasse, rien n'étaie
    mais ravage une verte couche

    Voici le chemin, dans le ciel
    au parfum (de... thym pris de miel ?)
    qu'une fourmi belle et bien morte
    pour les femmes sans cul ni porte
    emporta sur ses maigres ailes

    Voici le pli d'une bourgeoise :
    " - Ah, mon ami ! Que Lui me garde
    d'engendrer des larmes bâtardes."
    (pas moyen d'effacer l'ardoise)

    Voici, là... ouf ! que tous les fous
    m'avaient, là, donné rendez-vous
    quand, de me rendre, pas question !
    mais de m'y prendre ? sans façon !

    Vé ! me rameute des quarts d'heure
    insolubles dans la marée
    charriant des profondeurs moirées

    Vois ce cri, comme il peine à dire
    ce qu'il me plaît pourtant d'écrire

    Vé, bé !
    Vé, c'est...

    tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Lente heure

    La rue, où je promène un vieux songe canin
    elle me connaît bien; tant ! que sa pluie orange
    guide, vers sa raison, un pleur qui me démange

    Est-ce Mars ou Vénus, là, auprès de la Lune
    à bout de doigt pointé par le dais de Vaucelles ?
    Allez, Dame Fortune, octroie-moi l'étincelle !

    Nan ? Pas grave, après tout... la nuit n'est pas si noire
    et m'offre ses trottoirs en mode automatique
    sous la normande craie, ses crachins ataviques...

    Tiens ! Quelqu'un, à l'encontre, descend vers la ville...
    à cette heure futile, humide et incongrue ?
    C'est encore un Perdu dans la Contrée des Montres...

    Est-ce de l'Erythrée en quête d'Ouistreham ?
    A coup sûr, c'est une âme avec les yeux pourris
    par les mirages crus de nos flammes nanties

    tiniak,Dukou Zumin &ditions TwalesK,poésie,rube branville,Caen

    Honte, que fais-tu là dans mon for intérieur ?
    Est-ce de grave humeur, au moment de gagner
    mon prochain nid douillet, ou bourgeoise facture ?

    Eh ! je nomme, à présent, le pleur qui me dérange
    (et depuis Saint Martin ! quand je vais rue Branville)
    en ma ville de Caen, sous l’œil de Cuverville

    Utopie, au tapis ? Rue du libéralisme
    vois le capitaliste accumuler ses lots
    renvoyant, dos à dos, toutes les asphyxies

    Remettons au métier la toile libertaire
    que lin se plaise à raire au sein de la forêt
    fraternelle, primaire, affranchie de corset !

    Et, trop fidèle chien, va-donc créi au tonniau
    un baron de pommeau; j'étions z'au au 36bis
    avec un truc à dire à propos d'Anubis

     

    tiniak ©2018 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#330

  • closures

    m1.jpg

    Façades bourgeoises, vos yeux clos
    qu'ombragent l'ardoise ou le linteau
    vous gardent passablement fermé
    au regard le secret familier
    jeté sur les teintes framboise et vieux cuir
    du canapé d'angle, des meubles Empire
    et le petit cosy près du lit-de-là-haut
    que le conglomérat d'ainés sur le manteau
    surveille d'un œil falot
    qui palote - tremblote ? se prend au mot
    dans le pieux reliquat de l'encens-bergamote;
    et ça flotte, et ça flotte d'un air
    de souhaiter ne jamais perturber l'atmosphère

    Le velours des rideaux a juré ses grands dieux
    de ne laisser du jour pénétrer que le peu
    de lumière ambrée à l'eau-de-rose (trémière ?)
    qui sied à votre humeur tant morose qu'austère
    et va frôler du doigt les touches du Pleyel
    en ne dérangeant pas les notes demoiselles encore
    (à côté du missel, une partition dort)
    car la main pressentie pour la dernière fleur
    n'avait que peu de goût pour Ravel ou Malher
    et zut !
    à l'étui le violon, à la housse la flûte !
    Pourtant qu'elle portât haut le doux nom de France
    il fallut sacrifier à la condescendance

    Mais c'est à vos jardins qu'on sait vos atavismes
    attestats intestins de votre romantisme;
    il y pleure des arbres las
    votre regret de n'être pas
    d'une terre giboyeuse et fière
    en très dynastiques légataires
    les nobles souverains d'un monde incontesté...
    Ah ! des pauvres jardins l'étendue limitée
    par les murs
    mitoyens des voisines grillade et friture;
    il s'y peut mesurer de civilisation
    le degré au grillage, au nombre de tessons...
    Quelle guigne !
    d'autant vos devantures se veulent dignes

    Bourgeoise façade aux yeux clos
    à quoi bon te tourner le dos ?
    Suffise que je passe avec le pas tranquille
    de celui qui rêvasse en délaissant la ville

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Triptyque

    Pierre-Huot_Head-blue-eyes.jpg

    Une frange sanguine abreuve son linceul
    au laqué taille fine en chambranle de porte
    qu'une turquoise indienne imprimée à l'eau forte
    accote à l'angle mort de son Quetzalcóatl

    l'air est allé se prendre ailleurs une bolée

    dans quelque crêperie du pâté mitoyen
    il n'en reste qu'un voile où de longs poils de chien
    ont passé pour finir par mordre la poussière

    l'arche rectangulaire approfondit le champ

    sur un encombrement de perpendiculaires
    que seul accuse encore un projet de lumière
    énoncé vaguement par un soleil en pente

    Une frange moussue barre un front grassouillet

    soulignée de traits bleus la paire d'yeux s'égare
    une fronde est à l'œuvre au fond de ce regard
    les pupilles en garde aiguisent leurs stylets

    les mains venues soudain croiser sur la poitrine

    récusent, se récrient, madonnent la posture
    mais tomberont bientôt, moignons dans la sciure
    qu'aura tranchés tout net une parole insigne

    des lèvres assorties au tailleur électrique

    compriment leur charnu sur les dents carnassières
    un filet de vapeur monte de la théière
    disputant son fumet à l'haleine fébrile

    Une frangine droite comme un sacerdoce

    mange un galimatias d'art-moderne couleuvres
    et campe à l'instant même un tout autre chef-d’œuvre
    à l'éminence crue réfractaire au négoce

    le vert d'eau qu'elle absorbe est strié d'or en jade

    où criarde en aplats une affiche espagnole
    jailli d'un samovar évasé en corolle
    un film d'Almodovar précipite l'attaque

    sourde machination l'arythmie des couleurs
    porte à son paroxysme une vive tension
    que résout l’imparable et sans compromission
    jugement appliqué à la libidineuse

     

    samovar.jpg

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration (haut) : Pierre HUOT, Head-Blue Eyes

     

  • des craies, pis

    Grise, maussade
    une ordonnance fade
    rappelle à leur humilité
    les rangées d'ardoise pointées
    sous les longs bâtiments de craie
    éminemment livide
    aux façades humides
    dont les porches sont, bouche bée
    surpris dans leur inanité
    craignant à mon passage
    que je n'en dise davantage

    (Il est bourgeoisement notoire
    - c'est-à-dire : secret,
    que les cours intérieures
    couvent d'un gros bonnet
    les ronflements du déshonneur
    par mesure conservatoire)

    Brèves passades
    aux brusques cavalcades
    pleuvent des amours inavouées
    à l'entour d'un fleuve hébété
    de tant de fièvres empressées
    de tant de bousculades
    au long des promenades
    où ne sont jamais à l'abri
    ni des "ceux-là", ni des "ceci,
    cela", tous les murmures
    que cimentent les devantures

    Hypocrisie,
    des bourgeoisies
    le bon pain blanc de sueur
    cautionnement
    des châtiments
    friands de sourdes douleurs

    Tristes parades
    ornée de dérobades
    moiteur à vos fronts couronnée
    par tout le malheur sanctifié
    coulant à vos lippes pincées
    voici votre prestance
    et de votre existence
    l'incommensurable vertu
    par quoi L'On ne vous pendra plus
    aux terribles enseignes,
    mais tire le tribut que L'On saigne

    Ru du Non-Dit
    baigné de pluies,
    tu grossis jusqu'au fleuve
    les ventres qui s'émeuvent
    de leur maigre usufruit
    au cou la craie blafarde
    épaule une Camarde
    moins franche que la nuit.

    le bon pain blanc de sueur

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK