Une frange sanguine abreuve son linceul
au laqué taille fine en chambranle de porte
qu'une turquoise indienne imprimée à l'eau forte
accote à l'angle mort de son Quetzalcóatl
l'air est allé se prendre ailleurs une bolée
dans quelque crêperie du pâté mitoyen
il n'en reste qu'un voile où de longs poils de chien
ont passé pour finir par mordre la poussière
l'arche rectangulaire approfondit le champ
sur un encombrement de perpendiculaires
que seul accuse encore un projet de lumière
énoncé vaguement par un soleil en pente
Une frange moussue barre un front grassouillet
soulignée de traits bleus la paire d'yeux s'égare
une fronde est à l'œuvre au fond de ce regard
les pupilles en garde aiguisent leurs stylets
les mains venues soudain croiser sur la poitrine
récusent, se récrient, madonnent la posture
mais tomberont bientôt, moignons dans la sciure
qu'aura tranchés tout net une parole insigne
des lèvres assorties au tailleur électrique
compriment leur charnu sur les dents carnassières
un filet de vapeur monte de la théière
disputant son fumet à l'haleine fébrile
Une frangine droite comme un sacerdoce
mange un galimatias d'art-moderne couleuvres
et campe à l'instant même un tout autre chef-d’œuvre
à l'éminence crue réfractaire au négoce
le vert d'eau qu'elle absorbe est strié d'or en jade
où criarde en aplats une affiche espagnole
jailli d'un samovar évasé en corolle
un film d'Almodovar précipite l'attaque
sourde machination l'arythmie des couleurs
porte à son paroxysme une vive tension
que résout l’imparable et sans compromission
jugement appliqué à la libidineuse
tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Illustration (haut) : Pierre HUOT, Head-Blue Eyes