Totalité mineure, un caillou sous nos pieds
va sa révolution tranquille et orbitale
Que je m'y penche un peu et je m'y fais du mal
aussi des pieds de nez
puisant au poudrier de mon sentimental
de quoi me faire un masque en suivant mon sentier
Parlant de nez, dessous passe un rang de fourmis
Vous l'ai-je déjà dit ? Je suis un rien rêveur
parmi les Petits Riens qui me laissent songeur
et m'offrent l'aujourd'hui
comme l'aveugle aimant souffre un bouquet de fleurs
pour avoir l'intuition des couleurs de la vie
Non, sans blague !
L'infiniment petit (qui passe sous mon nez)
ne sait pas l'aujourd'hui, n'a pas l'humilité
nécessaire
qui faisait conclusion chez Candide (Voltaire)
et nous offrait d'aller cultiver nos jardins
plutôt que s'occuper du sort... des fourmis, tiens !
Mais voilà, c'est ma dague !
et me l'enfonce au cœur comme une peine vague
Eh, salut météore !
Je t'aurais reconnu d'entre les mille morts
que me souhaite
(quand, c'est vrai, j'ai trop bu et n'ai plus "…tout' ma tête…")
Le monde est fou, ici...
Débouchons un Lewis à nos vices transis !
Hurlons !... Quoi ? Je suis seul ?
Eh bien, je prends le vide du ciel pour linceul
Mais... (j'ai une question) qui fait des ricochets ?
Qui jette des cailloux dans la nuit étoilée
Qui prend pour une bille
cette péréquation de matière, de vrille
et de songe habitée ?
De là qu'il nous fallait nommer le monde : chance !
espoir ! destination ! carrière d'importance !
ou nous asseoir dessus
écoutant les fourmis nous grignoter le cul
Bien le bon jour, ma Dame...
Si j'en crois votre port, vous logez haut votre âme
(par contre le tétin...
n'est plus de ceux qu'un monde abouche pour sa faim)
Ô Nuptiale
Vous ai-je déclamé tout mon être ? Partiale !
Comme vous, déclinais
sans frémir et terrestre, avec mon vin mauvais
bouchonné à la diable
à picorer mes miettes du doigt sur la table
et vous le rendant bien
au passage
ce regard de dédain sous votre maquillage
- mais seul, et pour moi-même
ne sachant plus à qui donner du « je vous aime »
quand soudain m'avisai que j'avais ce caillou
là, juste sous mes pieds
J'y tombai à genoux, l'emphase sidérée
affranchi d'habituelles arguties (d'errer,
quoi… d'aller voir
et de me raconter en fantasques histoires)
Ce sera tout ? Bonsoir !
Un caillou après l'autre, je sais
ça nous conduit toujours devant l'Ogre, Poucet
Ris, cochon ! Vaste blague !
Pas restée bien longtemps à son fourreau, la dague
Que me serve
d'aller chercher des pouls au cheveu de Minerve
et me visse
à ce foutu caillou le piquant de mes vices
(femme, vin, cigarette, écriture...
pas d'quoi fouetter un chien, mais quelques aventures)
le cocasse
qui me fait préférer La Vie est dégueulasse
à Victor
et me pousse à quérir quelques sous d'hellébore
pour mon thé sous le ciel
en me remémorant toute, ma ritournelle
Adieu, Dames, fourmis, mystères intrinsèques
J'envoie d'un coup de nez ce caillou chez les Grecs !
Et pif !
juge que je n'en ai pas moins contemplatif
le Verbe
(tant que Qui-Vous-Savez file son train dans l'herbe)
Totalité mineure
que n’ai-je ce caillou à la place du cœur !
tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK