Le jour arme son point à lest
Sur de nocturnes restes
fond une cavale immobile
La rue n'est plus tranquille
ni le cœur étonné
de battre en corps le pavé
longeant la rive océane du songe
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Le jour arme son point à lest
Sur de nocturnes restes
fond une cavale immobile
La rue n'est plus tranquille
ni le cœur étonné
de battre en corps le pavé
longeant la rive océane du songe
Lettre, feue ma lettre morte
laisse entr'ouverte la porte
au souvenir
Maître-mot : m'être fidèle
ne mouche pas la chandelle
d'un soupir
Il en va des signatures
comm' de la déconfiture
c'est du gras sur les chaussures
de fine toile
Rouge sang pour un calame
je t'ai signé sur mon âme
en lettres tout feu tout flamme
dans une étoile
Parade où le paradis
s'amourache de l'oubli
sans coup férir
Marche sans te retourner
à la marge du carnet
sans maudire
Il en va des aventures
comme des investitures
c'est du gras sur les chaussures
de fine toile
Bouger le pion de ton âme
ne te mène pas à Dame
ni l'amour toujours au drame
pour une étoile
tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
A la fille de ma sœur
Maintenant s'est offert un tout nouvel amour
Ouvert comme tes yeux ouverts comme tes bras
Il étend son chemin de vie, velours
Réfléchissant l'éclat du jour
A ta hauteur de vue, Moïra
(Moïra, celle qui élève et guérit)
tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Imprégné par l'oubli d'un fantôme de songe
un vertige me ronge
et le corps, et l'esprit
Je connais la partie
mais je ne puis simplement pas jeter l'éponge...
Étant seul à jouer
(mon carnet tenant lieu d'un infantile hochet)
je prends mon quart d'inventaire au chemin de ronde
Alas, poor Yorik...
Et non, ce pavé n'est pas fait de jaunes briques
Me voici convoqué en un céleste tribunal
pour un méfait fondamental
« Avoue ! » m'intime une ample robe noire
(je ne plaidais qu'un mésespoir
et suis renvoyé dans mes cordes)
« Avoue ! Tu cherches la discorde ! »
Mais non, Ménon, dis-leur !
J'ai volé le soleil pour n'en avoir plus peur
« Foutaises !
Fournaise !
Voici notre sanction
sur notre intime conviction :
tu cherchais un chemin de gloire »
Ménon, mais non ! Tu sais
quelle autre dimension, au fond, me motivait
Selon moi, toute messe dite
n'est qu'aventure sans invite
Allons, plaide !
Démontre que mon élévation n'est pas laide
(Ménon retourne à sa caverne)
Ah, non ! Je ne mettrais pas mon drapeau en berne !
Ah, non, l'Ânon !
Je conchie des dieux les célestes illusions !
Qu'on me condamne
mais pour la liberté de ma pensée profane
- actrice,
de trop hasardeuses propensions aux délices
« C'est bon, t'es mort !
Pérore encore et c'est fini »
glousse au Magnitudo Parvi
une ombre ajoutée au décor
Un bûcher se dresse; on m'y brûle
et, tandis que je fais des bulles
et, tandis que fondent mes yeux
je m'offre une ultime virgule:
« Le poète est voleur de feu »
tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(pour un Impromptu Littéraire... et une elfe)
Ainsi, j'ai promené dans un lent cauchemar
Ce n'était pas le mien et je m'y égarais
comme on perd la mémoire ou le besoin d'aimer
en un lieu déserté par l'heur ou le hasard
L'intense gravité plombait le mouvement
pourtant qu'une mauvaise urgence y fût à l'œuvre
mettant le sentiment et les nerfs à l'épreuve
avec une impudence abreuvée de tourments
Teinté de bleus azur à l'étrange contraste
un environnement cosmique et désolé
absorbait le regard dans son infinité
martelant, par échos : « Tu vois ? Je suis trop vaste ! »
.
Essaimées dans ce flux, des myriades sans noms
laissaient couler leurs jus en folle et molle danse
sur des airs impromptus, caressés de silences
dépourvues de conscience, imbibées d'illusion
Rêve sans destinée, songe privé de sources
confondant le chaos de vos langues brunies
à partager le lieu d'un oublieux parvis
vous traciez le chemin où s'épuisait ma course
Et moi, de promener sur cette langue brune
il me venait des chants à l'enfantine plainte
il me venait des chants sur des amours défuntes
qui se muaient en creux d'ardeurs inopportunes
tiniak ©2016 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Inspiré d'un tableau de Christelle Guillemine, 'Energie' (2015)