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poésie - Page 47

  • Au goût de Reviens-Y

    Le pas aimé sonne or
    engendre au sol un bel accord
    À sa modulation
    la fièvre arpente la maison
    où les rideaux respirent
    à la fenêtre tout sourire
     
    Il était donc parti
    pas bien loin, mais assez quand même
    pour me suspendre à son poème
    et m'arrêter la vie
    au plain-chant de ses ralentis
     
    Mélodie sur le tard
    j'aime ton retour en fanfare
    Le chœur est au complet
    Feule, placard ! Tinte, buffet !
    Sonore, cher Empire
    vers qui rêvait de te sourire
     
     

    poésie,retour,inanité sonore,sourire

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#208
    (la 207ème, texte en prose, se trouve en exclu,
  • poêtre

    Sur la page nubile et son aube inviolée 
    je répands mon carné, l'alentour et son rêve 
    goutte à goutte, ma dose 
     
    Des mots, la chair et le sang prennent fête et causent 
    du corps de l'âme au flanc invisible des choses 
    à telle oreille amie, supposée inconnue 
    telle autre familière à combler de nouveau 
    avec des chorégies rechapées au goudron 
    qui revêt le chemin, glissé à travers chants 
    d'hier, de maintenant 
    dans un vacarme rond 
     
    Quand paraît la lumière
    aux rideaux entr'ouverts
    n'en pas faire mystère
    ni gâcher sa vertu
    mais boire à son tonneau le meilleur de son jus
    pour la soif et peut-être y voir un peu plus clair
    maintenant mieux qu'hier
    puisque le soleil fond
     
    Des mots ! Du corps ! De l'âme !
    et, à rideaux tirés sur la carne qui saigne
    l'embrasement d'un fleuve où tremper le calam
     
    Qui rêvait en chemin de boire en société
    le meilleur de son jus - mystère mis en perce ?
    Qui chante maintenant d'Hier la mise à pied ?
     
    Je vais signer ma peau sur un ciel aux arrêts
    voir si ça fait jaser un cent de passereaux
    (que mon reflet dans l'eau soit encore au bas quai
    qu'il pêche au moulinet, qu'il brûle au brasero
    ou que l'aient piétiné grenouilles z'et crapauds)
    et puis, chemin faisant, je viendrai souligner
    d'un trait de khôl lampant ton sourire au pas sage
    lissant du paysage un boudeur horizon
     
    Debout, à ta fenêtre
    je bois le miel fondant
    du soleil mollissant
    sur son peigne de hêtres
    Et puis, le ramenant
    à mes yeux de poêtre
    pour ton regard aimant
    il s'en faudra de peu que j'embrasse ton nom
     

    calam,almost grown

    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#206 
  • pluvieux oubli

    Une pluie déliant les ciments sédentaires 
    entraîne dans son jus les pavés de la route 
    Le pas cherchant dessus l'équilibre sans doute 
    eut tort d'y engager sa démarche trop fière 
     
    La boue qui s'est formée révèle des visages
    qui furent davantage à l'hier qu'au présent
    les puissants frontaliers de vastes océans
    d'où se levaient au soir les sublimes présages
     
    Quels noms jetés par eux jusques aux dieux anciens
    pour plaider leur moisson de répit séculier
    furent ainsi gobés que le fruit saisonnier
    dont le noyau craché ne fertilise rien ?
     
    Pour eux, j'ai tué mon fils avec la meute au cul
    braillant je ne sais plus quel air abominable
    pour n'en tirer parti ni gloire inaliénables
    mais le droit d'oublier comme j'ai mal vécu
     
    Et me voici, mille ans peut-être après ce jour
    à contempler le cirque incertain du vivant
    le pied ferme, serein, et me précipitant
    vers mon prochain désastre, son dernier amour
     
    Le caniveau rempli charrie des flots de bulles
    tandis que la chaussée couve ses vieilles traces
    Chacun, le pavé nu rivé à la godasse
    navigue son oubli en maître funambule
     
    Lève les bras au ciel, plaide un jour... et sa nuit...
    Lève les bras au ciel et tombe dans la pluie
     
    2956240071.jpg
    tiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#206 

  • Toi, émoi !

    A la deuxième personne du singulier...
     
    Je me rappelle à ton émoi
    (le premier entier sous le ciel)
    les vents ouvraient là-haut des voies
    vers quoi tu lançais des appels
     
    Le nez collé à la fenêtre
    à genou sur le coffre plein
    d'un fatras prodiguant peut-être
    un hier plus doux à deux mains
     
    Tu fredonnais des mélodies
    rameutées d'archaïques âges
    Un lent remède à ton ennui
    à défaut de plus sûr courage
     
    Tu savais n'avoir pas les mots
    (mais tu les trouverais plus tard)
    pour orner de coquelicots
    l'alcyon niché dans ton regard
     
    Si souvent le fleuve a mué
    de l'or au brun sa course lente
    Lui as-tu, par foi, murmuré
    le secret de ta peine aimante !
     
    Des martinets la virevolte
    un temps, ne te parut pas digne
    de la nébuleuse révolte
    où s'abreuvait ton Chant du Cygne
     
    Tu es sorti du long silence
    qui t'aura saisi à la gorge
    peut-être par inadvertance
    par le désir qu'un songe forge
     
    Un soleil nu à chaque bras
    flanqué de matins prometteurs
    est-ce toi que je remets, là
    où cessent ta fièvre et tes peurs ?
     
    Tes yeux sont les miens désormais
    Tu m'as mis tes mots dans la bouche
    Et par ta malice, Poucet
    m'enhardit l'ombre que je touche
     
    Tu me raccordes cet émoi
    jadis éprouvé sous le ciel
    Et que je m'en morde les doigts
    si j'oublie jamais ton appel !
     
     
    deuxième personne du singuliertiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#205

  • vol stationnaire

    Progressant à l'aveugle, il marche sur les yeux
    son regard amoureux absorbé dans les aires
    Un moulin au poignet caressant l'atmosphère
    il sifflote aux oiseaux des ordres granuleux
     
    Au banc qu'il a quitté trône le nom d'un mort
    Du festin quotidien le vent souffle les miettes
    qu'éparpillent déjà les roues des trottinettes
    vers la carne du quai, plus sablonneuse au bord
     
    Somerville attendra, le fou sur la colline
    entraîne malgré moi par les ombres du Ouaisne
    à l'invite un besoin d'oublier la semaine
    et de boire au goulot la promesse marine
     
    Sous la grasse aubépine, une berce commune
    redouble de blancheur en baillant ses ombelles
    un gobemouche gris répondant à l'appel
    quitte sa cavité, lance un cri de fortune
     
    À présent voletant près de l'épaule accorte
    où deux doigts mollement posent un papillon
    il hésite et soudain file comme un larron
    D'un claquement du bec fête ce qu'il emporte
     
    Normoint ripe à main gauche et le chemin s'éclaire
    Des ourlets de bruyère adoucissent la baie
    La fraîcheur cède enfin aux avances de mai
    qu'abrite Saint-Brelade et quémande Corbière
     
    Tu le sais mieux que moi, qui vas ta route sûre
    avec les passereaux, prodigieux familiers
    une main dans le dos, l'autre à ton journalier
    ouvrage bienveillant d'oiseleur à l'air pur
     
     
    gobemouchetiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#204