À la folie, je me dédis
du serment que mes pairs
ont fait à notre terre
d'y rester bien assis
lisant des tragédies
pour tromper leurs petit's misères
et le mortel ennui
où, liquoreux, prospèrent
nos insatiables appétits
À la folie d'aimer !
Je brûle mes années
au brasier vif et parfumé
où la correspondance
des "corps et âme" en surbrillance
et des "Vous me plaisez"
coule un plomb argentique
dont je viens démouler
les chaînons d'affres idylliques
À la folie de voir,
je cercle mon œil noir
d'oranges rais azimutés
en abscisses désordonnées
selon des appétences
égaillant mon regard
bien au-delà de l'évidence
à travers les miroirs
- fenêtres sourdes à nos sens
À la folie d'attendre...
parmi l'ombre et la cendre
savourer l'or qui vient me prendre
à cet endroit précis
où je ne sais quoi de l'oubli
ou de l'inadvertance
me réfute une danse
et me tient dans ses bras ambrés
avec le temps tout englué
À la folie de dire :
égarer mon sourire
entre le ciel et l'oreiller
que puissent jaillir du secret
quelques vers à finir
quand le jour doit mourir
et qu'un monde moins circonspect
rêve sous le rideau tiré
d'une nuit de délire
Folir ! Folir ! Folir !
d'aimer, de voir et puis d'attendre
enfin s'entendre dire
© 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustration : Geg, Le fou au regard si doux, 2009
(série des "flo")
Commentaires
Tres beau texte, et le tableau me fait penser a du Bacon.