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polétique - Page 5

  • Du calme

    (et de l’usage qui peut s’en faire avant le drame)


    Où allaient dans la main du soir
    qui leur fit signe à la fenêtre
    mes années rechapées de lettres
    pour une aumône dérisoire ?

    Je m'en souciais modérément
    désireux de savourer l'heure
    jouissant de l'oubli à demeure
    enfin le cœur obéissant

    Passe l'ombre et sa jupe orange
    Courez, rires ! à vos ivresses
    Je suis en paix, plus qu'une messe
    plus que l'hindou au bord du Gange

    Je me conjugue au féminin
    me campe l'allure au couteau
    formule mon nombre au tableau
    mijote ma carne en festins

    Sous son pilier de cathédrale
    ai le front à porter du ciel
    la vanille ou le caramel
    jusqu'au vertus philosophales

    Embouchant  les cors de l'orage
    mène battue contre l'hiver
    ni lent demain ni long hier
    qu'à l'instant pur un plein hommage

    Vêtu de mon intime essence
    immobile et à bon endroit
    je suis l'absence d'ingérence
    affranchie des dieux et des lois

    Je bois du temps le vin de palme
    n'ai d'âge que celui du jour
    que vient annoncer douce et calme
    l'aube discrète dans la cour

    little bout d'A.Bientôt reviendront les "peut-être"
    les ans rechapés de mon être
    l'ivresse et ses abois sans faim
    l'hier et le trop lent demain

    labyrinthes en cauchemar
    les mains tendues dans le brouillard
    j'avancerai, ma carne d'homme
    dans le commun capharnaüm

    Avancerai, quoi qu’il en coûte
    mortel empreint d’un calme doute

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • Bouddha cuité sous le manteau

    Ôm

    Mon nombre, mon ombre…
    se chiffre en insignes décombres
    amassés par quelques sous-fifres
    que poussent des porions chétifs
    au débouché de l'Expérience
    en pas de deux pensées pansées pour une danse
    fût-il
    que ne s'y soldatesque aucun geste gracile
    mais que s'y devant lues s'y ferrent
    les partialités éphémères
    (moins pugnaces que sentencieuses
     à défaut d'être bienheureuses)
    à la bague au doigt du Néant
    assis sur son féroce ouvrage de Titan

    Ô mœurs, que meure
    la vacuité de mes ardeurs
    autant pour la règle du sang
    (du sang toujours en mouvement)
    que pour l'art
    de se coltiner au hasard
    le sens
    qui n'embrasse pas l'évidence
    mais joue tranquille sa folie
    s'applaudit en fin de partie
    pour la gloire
    de s'être ingénié à formuler son histoire
    (et l’omet là, errant, errant
     à son écritoire océan)

    Hypocrisie, ma haine entière
    te regarde droit dans ses bottes
    pisser seule dans ta culotte
    les indigences délétères
    sur quoi se fondent les émois de mes bons pairs
    qui vagabondent leurs abois dans l'atmosphère

    Vois, je dresse mon nom de roi
    pour te renvoyer à ton vide
    (je suis la loi des apatrides)
    et non, merci, je n'ai pas froid
    (aux yeux, ni au chien, ni ailleurs)
    et fais mes rides, à demeure

    Ô Sentence ! Oh là, triste face !
    Je laisse aux vôtres, guerre lasse
    et peine à jouir, peur ou fatigue
    œillades pour un cent de figue
    grimaces perdues pour le rire
    et l'absence de projet pour ne pas finir
    tête à cul
    dans la vérité seule abrupte et impromptue

    Ô temple au ras des pataquès
    que ne mouilles-tu ta chemise
    au-delà du Qu'On Se Le Dise
    et que n'entends-tu à confesse
    la déité des poLétiques :
    ce monde est mort au symbolique
    et s'acharne sur son bidet
    à réfuter des ricochets
    le bel orgueil
    de jamais laisser à la marge aucun écueil
    (à tout prendre même les bords
     fleurent l'encens et l'hellébore)

    Et l’homme est là, et ran ! et ran !
    Il agite le sentiment
    comme on tambourine un mouchoir
    incapable de dire adieu à son histoire

    Ô grâce
    ne me fais pas dévier d'un iota de ma place
    la mienne propre à l'âge pur
    qui s'en remet à l'aventure
    d'aimer et vivre
    et te regarde l'entier redorer mes cuivres !
    (déjà dix manches
     et bientôt tous ces culs de poêle à fond étanche)

    Bouts d'acuité sous le manteau
    acheminés de bas en haut
    fébrile encens, tes fumerolles
    n'occultent pas la bonhommie de mon idole

    Ah, s’il a le sourire gris !
    Ah, l’est-y pas tout assagi !
    À son front tous les météores
    semblent surgis amers d’Alors
    et vont luisant
    arches de roman terrifiant
    singer au ciel des nuits falotes
    l’atemporel éclat du rire de Melmoth

    poésie,polétique,manifeste,melmoth ou l'homme errant,little buddhatiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Je vous recommande vivement la lecture de Melmoth ou l'Homme errant de Charles Maturin (1820), un des premiers grands romans terrifiants; le Faust irlandais, en nettement plus sombre, un régal de frisson !

    en médaillon, une compo d'après Fergal Fitzpatrick.

    Melmoth ou l'homme errant 

     

    Et ci-dessous, pour le plaisir des yeux :

    Caspar David Friedrich

    Paroies de craie sur Rügen

    (click to enlarge pix)

     

  • Le style au fou

    Grand fou, va !

    Dans un cancan fou
    deux bouquets de roses
    Ça fait quelque chose
    arrivé au bout
    de la scène
    achevant le vaste opéra de la semaine

    Au décor fuient des pointillés
    perspectives millimétrées
    sur l'ample feuillet dramatique
    de l'acte ultime et magnifique
    chapitrant
    comment tirer sa référence du Vivant

    Côté jardin court à la ligne
    un ballet rangé : pas de signes,
    sottes carpes tourbillonnant
    pis que derviches ottomans,
    souriantes pattes de mouches
    entrechats griffant de ta bouche
    là, mon cou
    de géant balayant l'ensemble d'un œil fou

    Un cri s'écrit en lettres molles
    tout au long de la farandole
    Un pâté, piètre funambule
    chute à point nommé sa virgule
    près de l'édicule érigée
    semble-t-il à tout autre effet
    La pirouette tragicomique
    allège la fin prophétique
    du spectacle
    où s'agrègent les destinées en dures macles

    Pour le final
    couvert de taches toutes neuves
    sentimental
    rassemblant ses rives de fleuve
    glisse aux pans de papier buvard
    le rideau de toile jacquard
    entre la scène
    et la prochaine orchestration de la semaine

    À l’épigraphe, je l’assume
    passez l’éponge et l’encre sur mon style, Ô plumes
    Ô fortes !
    Et plaise à nos esprits qu'un rêve en sorte

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#143

  • recette

    may i think?(pour un pas possible vers un autre monde)


     

    Prendre le temps par la peau du cou
    le déposer sur ses genoux
    avec délicatesse
    lui faire la promesse
    qui suit :
    « je te laisse courir dès que, fini l'ennui
      expire
      le délai imparti à mon besoin de lire
      ce monde
      autrement qu'une solitude ronde »

    Agiter l'air du bout des doigts
    s'émerveiller à chaque fois
    de la danse légère
    qu'imprime à la poussière
    ce trouble
    dans les rais lumineux que la branche dédouble
    dehors
    d'où montent la rumeur et la ruée des corps
    fragiles
    destinées frénétiquement serviles

    Savoir
    sans y fonder aucun espoir
    quelle est la saveur de l'oubli
    l'esprit suçant comme une éponge
    le moindre signe au moindre bruit
    que murmure la paix d'un songe

    ...

    Passables moments suspendus
    à la venue d'un rêve entier
    amollisez du sablier
    la bascule lente et goulue

    Oubli, rappelle-moi d'ici
    que je ne connais d'autre monde
    que celui d'où le rêve abonde
    et donne un sens à l'aujourd'hui

    Sonner la trompe sous les murs
    que s'élargisse aux vibrations
    incapables d'absolution
    petite et moussue, la fissure

    Se mettre à pétrir à deux mains
    la poitrine d'un paysage
    farineux dans la brume sage
    où pointe un giboyeux tétin

    Illuminés de fête orange
    applaudir à l'écho sonore
    de nos rires dans un décor
    qui nous soit plaisamment étrange

    Border le menton du sommeil
    qui s'est emparé de la chair
    à jamais douce et familière
    presque semblable et sans pareille

    Lire tout ça et s'endormir
    sachant oublier de mourir

    Entendre le temps qui s'en va
    servir ailleurs un autre glas
    quand l'aube aura déjà l'idée
    de ranimer le balancier

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#137

    ci-dessous : Matisse, Le bonheur de vivre, 1905-06.

    Matisse_Le bonheur de vivre, 1905-06.jpg

    • Notes : 900 | Commentaires : 1297
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    Merci, à vous !!
    votre tiniak  

  • Adam et les fourmis

    fourmiTotalité mineure, un caillou sous nos pieds
    va sa révolution tranquille et orbitale
    Que je m'y penche un peu et je m'y fais du mal
    aussi des pieds de nez
    puisant au poudrier de mon sentimental
    de quoi me faire un masque en suivant mon sentier

    Parlant de nez, dessous passe un rang de fourmis
    Vous l'ai-je déjà dit ? Je suis un rien rêveur
    parmi les Petits Riens qui me laissent songeur
    et m'offrent l'aujourd'hui
    comme l'aveugle aimant souffre un bouquet de fleurs
    pour avoir l'intuition des couleurs de la vie

    ANTS2A.JPGNon, sans blague !
    L'infiniment petit (qui passe sous mon nez)
    ne sait pas l'aujourd'hui, n'a pas l'humilité
    nécessaire
    qui faisait conclusion chez Candide (Voltaire)
    et nous offrait d'aller cultiver nos jardins
    plutôt que s'occuper du sort... des fourmis, tiens !
    Mais voilà, c'est ma dague !
    et me l'enfonce au cœur comme une peine vague

    Eh, salut météore !
    Je t'aurais reconnu d'entre les mille morts
    que me souhaite
    (quand, c'est vrai, j'ai trop bu et n'ai plus "…tout' ma tête…")
    Le monde est fou, ici...
    Débouchons un Lewis à nos vices transis !
    Hurlons !... Quoi ? Je suis seul ?
    Eh bien, je prends le vide du ciel pour linceul

    ants_arrow.jpg

    Mais... (j'ai une question) qui fait des ricochets ?
    Qui jette des cailloux dans la nuit étoilée
    Qui prend pour une bille
    cette péréquation de matière, de vrille
    et de songe habitée ?
    De là qu'il nous fallait nommer le monde : chance !
    espoir ! destination ! carrière d'importance !
    ou nous asseoir dessus
    écoutant les fourmis nous grignoter le cul

    2565091927.jpg

    Bien le bon jour, ma Dame...
    Si j'en crois votre port, vous logez haut votre âme
    (par contre le tétin...
     n'est plus de ceux qu'un monde abouche pour sa faim)
    Ô Nuptiale
    Vous ai-je déclamé tout mon être ? Partiale !
    Comme vous, déclinais
    sans frémir et terrestre, avec mon vin mauvais
    bouchonné à la diable
    à picorer mes miettes du doigt sur la table
    et vous le rendant bien
    au passage
    ce regard de dédain sous votre maquillage
    - mais seul, et pour moi-même
      ne sachant plus à qui donner du « je vous aime »
    quand soudain m'avisai que j'avais ce caillou
    là, juste sous mes pieds
    J'y tombai à genoux, l'emphase sidérée
    affranchi d'habituelles arguties (d'errer,
    quoi… d'aller voir
    et de me raconter en fantasques histoires)
    Ce sera tout ? Bonsoir !

    ants3x.jpg

    Un caillou après l'autre, je sais
    ça nous conduit toujours devant l'Ogre, Poucet

    Ris, cochon ! Vaste blague !
    Pas restée bien longtemps à son fourreau, la dague

    Que me serve
    d'aller chercher des pouls au cheveu de Minerve
    et me visse
    à ce foutu caillou le piquant de mes vices
    (femme, vin, cigarette, écriture...
     pas d'quoi fouetter un chien, mais quelques aventures)
    le cocasse
    qui me fait préférer La Vie est dégueulasse
    à Victor
    et me pousse à quérir quelques sous d'hellébore
    pour mon thé sous le ciel
    en me remémorant toute, ma ritournelle

    Adieu, Dames, fourmis, mystères intrinsèques
    J'envoie d'un coup de nez ce caillou chez les Grecs !
    Et pif !
    juge que je n'en ai pas moins contemplatif
    le Verbe
    (tant que Qui-Vous-Savez file son train dans l'herbe)

    Totalité mineure
    que n’ai-je ce caillou à la place du cœur !

     

    ants_blam.jpg

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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