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polétique - Page 20

  • Les NOMS COMMUNS en poLétique

    Les noms communs
    de l'abécédaire poLétique

    Par communs, le lecteur voudra bien noter le caractère ordinaire des termes poLétiques choisis ; le parti pris étant de les réhabiliter ici dans leur fonction poLétique intrinsèque, quand l’usage courant que l’on en fait s’emploie à nommer les choses en leur état de réalités triviales.

    • ABC
      aujourd'hui - bergeronnette - campagne
    • DEF
      dé - enfance - farce
    • GHI
      gant - heure - ici
    • JKL
      jumelle - kiosque - lune
    • MNO
      maison - nature - oiseau
    • PQR
      peau - quartier - robe
    • STU
      secret - tango - un
    • VW
      viande - wagon
    • XYZ
      xérès - yeux - zoo
    20lettres.jpg

    Avec, par ordre d’apparition providentielle :
    Monsieur Etienne (dit Stéphane) Mallarmé ; Monsieur Charles Dovalle ; Monsieur Louis-Ferdinand Destouches (dit Céline)  ; Monsieur Boris Vian (aussi dit Vernon Sullivan) ; Monsieur Jules Laforgue ; Mademoiselle Violette Leduc ; Monsieur Guillelmus Apollinaris Albertus de Kostrovitzky (dit Guillaume Apollinaire) ; Monsieur Charles Vildrac (aussi dit Robert Barade) ; Messieurs Pierre Dac et Francis Blanche ; Monsieur Maurice Barrès ; Monsieur Max Jacob (aussi dit Morven Le Gaëlique) ; Monsieur Antoine de Saint-Exupéry ; Mademoiselle Cleenewerck de Crayencour (dite Marguerite Yourcenar) ; Monsieur Jules Supervielle ; Monsieur Eugène Ionesco ; Messieurs André Breton & Philippe Soupault ; Monsieur Léo Malet ; Monsieur Claude Roy ; Monsieur Benjamin Péret ; Monsieur François de Malherbe ; Monsieur Jean-Paul Sartre ; Monsieur François Boyer ; Monsieur Robert Marinier ; Madame Marguerite de Valois (dite Reine Margot) ; Monsieur Paul (dit Tristan) Bernard.

     

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    Aussi au sommaire de l’abécédaire poLétique :
    Des substantifs peu ordinaires
    Des adjectifs épithètes
    Des verbes hauts
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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (abc)

    Aujourd’hui :
     Ayant rangé l’hier
     et son nid de poussières
     sous le tapis du souvenir
     ceci dit qu’il ignore son avenir
     et lui préfère un songe

     Quel trésor, cela dit
     des deux mains aujourd’hui
     que presser une éponge
     sur une gorge amie

    ; demeure le jour où l’on rencontre celui de sa vie.
    - Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui [Stéphane Mallarmé].

    Bergeronnette :
     C’est l’oiseau méconnu des bavardes amours
     le serin s’évertue à voler au secours
     des amants que l’accent circonflexe
     perturbe à ce moment du texte
     où l’on saisit le mot qui va nous jouer des tours

     Le clavier le connaît pour sa facilité
     quand on y réfléchit, il pourra remplacer
     avec quelque avantage dans l’exécution
     et rehaussant l’hommage dans le trait d’union
     les doux mots d’âme, de rêve, continûment ou pâtisserie

     Je l’emploie quant à moi pour lui dire « je t’aime » aussi.

    ; engin capable de vol stationnaire outre-rhin ; pâtresse femme à la moralité irréprochable.
    - Reprends tes jeux, bergeronnette, / Bergeronnette au vol léger [Charles Dovalle].

    Campagne :
     Églises à genou sous les combles du ciel
     aussi, tristes vaisseaux échoués loin du port
     engoncés dans la boue d’un laborieux cheptel
     allant guidé par de moins vivants que leurs morts
     avec les yeux plissés comme on a la vue basse
     la paupière crayeuse et le regard vitreux
     s’en diffusent lampions enviés par la mélasse
     qui les chantent debout en se rongeant le ventre
     des sorts prescrits, des passions que l’on rentre
     avec le foin, le blé, ce bon pain de misère
     et des mercis bien gras pendus sous la charpente
     qu’on ira décrocher un de ces jours, prochain
     dans la joie d’en finir avec l’ennui de vivre
     (oui, c’est très alexandrin)
    ;
     La campagne était nue et je la titillais
     d’un pas léger, charnu ; l’herbe s’écarquillait
     les pétales, pistils et les tendres épis

     J’allais vers ma compagne allongée, assoupie
     le sein dru sous la brise et le cheveu sauvage
     je n’avais que l’envie de ne pas être sage

     Et tout dans ce regain m’aura donné raison
     quand nous aurons baisé follement la saison
     dans sa paume estivale

    ; sceptre matinal de l’heureux citoyen et croustillant écrin des fromages bien en chère ; terre nourricière abattue sous des coups belliqueux que l’on mène au son du tambour et du pipeau.
    - Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir. ... Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c'est à pas y tenir [Céline].

    bergeronnette_citrineSN3.jpg

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (def)

    Dé :
     Libéré de la main par un geste élégant
     anarchique et serein, il va déjouer l’emprise
     de ces fatalités que l’on voudrait soumises
     et qui mangent du rêve et qui marquent le temps

     Tout son déroulement est empreint de maîtrise

     Il entraîne l’orgueil et pousse devant lui
     la folie de braver les lois inaltérables
     qui sont connues du monde et le font véritable
     tout ce qu’obstinément il réfute et renie

     Chacune de ces faces est frappée de l’espoir
     d’échapper au malheur, au chagrin, à l’ennui
     et quand son mouvement cesse sur le tapis
     c’est le sort à nouveau qui montre ses points noirs

    ; redoublé avec entrain pour une apostrophe à usage familier, voire populaire ; on ne se pique pas d’en découdre avec.
    - Un coup de dé jamais n’abolira le hasard [Stéphane Mallarmé].

    Enfance :
     Rangée dans les cartons du placard à méninges
     Laissée là dans son coin (des fois, ça peut servir)
     Périodiquement étendue comme un linge
     ou parfum de printemps avant de s’évanouir en ondes au dehors

     Ma chérie, ma chanson, oh ma poupée gigogne

     Avec toi je dis non et j’existe dès lors
     et tu redis mon nom dans un léger soupir
     et je cours à nouveau après des météores
     Enfance je te porte où le rêve m’inspire un monde et ses trésors

     Enfance, mon sous-rire

    ; facilité spontanée des premiers pas, notoirement dans le domaine artistique.
    - Et puis il prit une poignée de sable et la fourra dans la bouche édentée.
     « Une pour l’enfance », dit-il [Boris Vian].

    Farce* :
     Tous les soirs, c'était
     la même farce, allez!
     sur mon pré carré
     le trottoir d'en face
     'suffit que je siffle
     voilà qu'un sous-fifre
     entendrait chanter
     les trompettes de la renommée

     Selon l'expression
     consacrée, dit-on
     je le fais monter
     dans mon "nid douillet"
     avant qu'il soit nu
     réclame mon dû
     et toujours sifflant
     vérifie l'instrument, peu avant

     Y en a de pressés
     y en a qui pianotent
     y en a qui voudraient
     garder ma culotte
     et ces vieux garçons
     lents au démarrage
     comme un hélicon
     dont il faut réchauffer l'alliage

     La farce ? j'y viens
     vous vous doutez bien
     que, pour l'hallali
     (à cor et à cri ?)
     mes tambours battant
     chapelets d'ahan
     mes airs de tango
     pour sûr - eh ! que c'était du pipeau!

     Tous les soirs,
     c'était la même farce
     et si les clients
     étaient bien à plaindre
     c'était toujours moi
     la dinde.

    ; bourrage de volaille consentante à l'heure des festivités et/ou de dire ses grâces.
    - Éternité! pardon. Je le vois, notre terre / N'est, dans l'universel hosannah des splendeurs, / Qu'un atome où se joue une farce éphémère [Jules Laforgue].

    AWOUÉ.JPG

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (ghi)

    Gant :
     Ta main de sable fond dans
     ma nuque affable de blanc
     cerclée de larmes criant
     les hauts faits d'âme
     d'antan

     Ta main de sable sans gant
     de sous la table coule en
     morne ressac sanglant

     Le grain amer
     de cette chair
     que je gourmande en lévitant
     est l'atmosphère
     que je vénère
     comme plus aucun Léviathan

     Le fondant de ta main de sable !
     Le mouvant de ta main de sable !
     dédaigne les dessous de table
     aspire et absorbe le temps

     Ô muse au museau irritable et charmant
     demeure un saisissable et long tourment
     qu'à l'heur d'être à l'heure adorable où tu prends
     ma nuque dans ta main de sable
     je retienne pour véritable
     la paix d’un toucher se faisant aimable
    ; accessoire hypocrite quand, cousu de fer blanc, on en couvre d'autorité la pêche de sa main. 
    - La main (…) rhabilla mon bras avec un long gant suédé, tomba de mon épaule comme un
    insecte, s’accrocha à l’aisselle [Violette Leduc].

    Heure :
     Ah l’heur ! Ah l’heur
     de n’être pas à l’heure, dites
     quand la mort s’invite
    ; unité de mesure du temps convenue relativement à tout sauf à l’action en cours.
    - Vienne la nuit sonne l’heure / les jours s’en vont je demeure [Guillaume Apollinaire].

    Ici :
     Ailleurs, cet ici quand on y songe à pas d’heure
     me rapproche là-bas l’espérance d’y être
     et c’est les yeux fermés (ouverts à l’intérieur)
     que j’effleure la vague d’un certain peut-être

     Je pleure l’ici-bas en faisant ce voyage
     avec, à chaque pas, chaque trace laissée
     un peu plus de courage dans la destinée

     Ici est maintenant une étrange mouvance
     où je suis hors de moi le flux des appétences
     ruée vers l’horizon qui recule toujours
     différant l’arrivée au siège des amours

     Je reste ici ou là en quête peu ou prou
     d’un ailleurs immobile et qui m’accueillerait
     et mon rêve de fou alors l’embrasserait

     Et je saurai par tout par où aller
    ; l'endroit où l'on ne se cherche plus.
    - Tu n’es plus ici, tu n’es pas ailleurs [Charles Vildrac].

    breton_nadja.jpg
    [illustration pour le Nadja de A. Breton]

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • noms communs (jkl)

    Jumelle :
     Sœur, jumelle à l’exact opposé de mon cœur
     je te suis par tout ce que je ne sais pas être
     je t’aime autour et dans l’étrange mot peut-être
     il exprime entre nous le parfum d’un fol heur à naître

     Sœur, au collier bordé de femelles sueurs
     nœud coulant qui me prend et mène à sa potence
     un empire aboli dans de brèves jouissances
     tandis que ta sentence après elles demeure essence

     Sœur, au fragile éclat vite gâché d’un pleur
     le subtil agrégat de ce qui te compose
     a pour ciment liant la nature des choses
     négligée trop souvent pour ton profond malheur

     Sœur, de brune et fertile et constante rondeur
     que ne peuvent au ciel égaler ni la lune
     pas plus que l’astre auquel on confie sa fortune
     Sœur, jumelle ma sœur, près de toi plus de peur, aucune

     Je t’attends, ma sœur, et le cerisier en fleur
     égaille dans le vent brutal et saisonnier
     le motif enrobant tes charmes printaniers
     sans que j’y voie pourtant poindre ce qui ferait, ma sœur
     oh ! mon bonheur entier

    ; les deux font la paire visionnaire ; enseigne plutôt blasée.
    - Des jumelles !!! Combien ? - Une paire, avec la courroie et l'étui [Pierre Dac & Franbcis Blanche].

    Kiosque :
     Déserté par les vents et les cordes
     il ouvre aux courants d’air ses arcades
     et le petit gravier qui le borde
     distribue le pas des promenades

     C’est l’écrin d’une amour désuète
     où chante des baisers tout l’éclat
     bien que désormais foin de voilette
     on s’y embrasse encore à tout vat

     Des fantômes le peuplent la nuit
     ils ont le goût des arts et des lettres
     ils ont bu tout le jour et la pluie
     révèle les contours de leur être

     Entendrez-vous l’écho des fanfares
     qui résonnaient au cœur des dimanches
     quand les cris des enfants dans le square
     froissent la robe des roses blanches ?

     Je t’attends sur le banc vermoulu
     dans la bouche un marron de Manosque
     l’âme et l’œil vaguement résolus
     tu m’as donné rencard sous le kiosque
    ; ancien comptoir des nouvelles du jour ; boîte à musiques de chambre aérée.
    - Les roses dormaient sur les rosiers, près des roses, les rossignols, et dans les kiosques veillaient les sultanes [Maurice Barrès].

    Lune :
     Lune est l’autre moi à taire

     Quand elle luit, parlez sans faire aucun mystère
     et pas plus de quartiers que ceux qui sont à prendre
     au miroir de sa face de cendre

     Et qu’il se fasse nuit ou qu’elle se repose
     dans un ciel aujourd’hui bleu, blanc, chose
     elle suit du regard tout de nos appétences
     vous pouvez tout lui dire

     Aile dense
    ; signal érotique fort judicieusement placé derrière.
    - La lune qui s’ouvre / qui se ferme et s’ouvre / tout un mois comme un parasol [Max Jacob].

    audiablelemenage.gif

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