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polétique - Page 17

  • adjectifs (mno)

    moral* :
     Tôt ou tard un bout de trottoir
     d'une rue ou d'un boulevard
     arpenté les yeux hagards
     le moral dans le brouillard
     aura des airs de quai de gare
     pour aucun au revoir (chanson – extrait)
    ; exaltant quand il est bon, contraignante quand elle est bonne.
    - Il y a une proportion d’arithmétique morale, écrite, avant qu’elle le fût par un philosophe sur du papier, dans la poitrine de tous les hommes, comme un encouragement du démon [Barbey d’Aurevilly].

    nouveau :
     Ai-je de la danse nouvelle
     dit les beautés vives, plaisantes
     qu’elle ravive et réinvente
     à chaque pas nu sous le ciel ?

     Ai-je des rives océanes
     chanté les vagues mélodies
     soufflées à l’onde par les ris
     pour éveiller les cœurs profanes ?

     Ai-je du continent de Mû
     évoqué même l’existence
     où résonnent en résilience
     du rêve toutes les vertus ?

     Ai-je des bras de ma sirène
     décrit le savoureux séjour
     qui s’offre sans aucun détour
     à qui sait confier sa peine ?

     Si je ne l’ai fait, je crois bien
     que c’est un emploi que je tiens
    ; qui se définit périodiquement contre l’ancien avant d’en rejoindre le cénacle.
    - Le vin nouveau n'est pas plus vrai, le lin nouveau n'est pas plus frais... [Saint-John Perse].

    ouvert :
     des corps appert l’accord prospère
     le regard inférieur
     brasse des bruits de la passion
     juteuse la fraîcheur

     décor ouvert l’accordance erre
     et minore l’espoir
     après la danse au vif allant
     de jamais se revoir
    ; aux quatre vents, c’est le rhume, au seuil, c’est l’huis, à cœur, c’est le fruit charnel et son jus.
    - Les diamants, sans les belles, / Ne sont plus que des cailloux; // Et, dans les charmilles vertes, / Les roses dorment debout, / Et sont des bouches ouvertes / Pour ne rien dire du tout [Victor Hugo].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    Hopper.jpg
    Edward HOPPER, Night-Owls.

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    tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • adjectifs (pqr)

    plantureux :
     J'aime mieux, c'est vrai
     la fesse un peu lourde
     des filles moins gourdes
     qu'il n'y paraît

     J'aime mieux, c'est vrai
     le sein bien rempli
     d'un giron poli
     quoique décolleté

     J'aime mieux, c'est sûr
     la cuisse bien faite
     aux courbes replètes
     sur son ossature

     J'aime mieux encore
     un pied enfantin
     que tous ces doigts fins
     longs comme la mort

     J'aime ressentir
     le discret désir
     logé dans des formes plantureuses

     J'aime autant le dire
     je n'ai de plaisir
     qu'auprès des natures généreuses
    ; se dit abondamment d’une belle plante à la grâce fertile.
    -… la Terre conserve et transforme, ébauche et parfait : son ventre plantureux s’acharne [Jacques Gélis].

    quotidien* :
     Sur un chemin de ronde
     médiéval
     deux vigies devisant
     du monde et sa faconde vénale
     se gaussant
     s'en vont leur tour de garde
     tout du long, ce faisant

     L'un a le pas latin
     L'autre, le pied marin
     tous deux vont lentement

     L'un a bien galéré
     sur toute mer connue
     par le bel océan

     L'autre n'est guère allé
     plus loin que ci-devant
     la colline allongée
     ligne d'horizon nu
     où la forêt d'antan
     n'est plus

     dis-moi encore,
     les belles, les belles
     dis-moi comment sont-elles
     au jour venant ?

     dis-moi de la plus belle
     gardes-tu le tourment
     quand passe l'hirondelle ?

     dit l'un
     
     mais l'autre n'en dit rien
     et, les yeux dans les mains
     soupire dans le vent
     ce souffle fraîchissant
     arrivé du lointain

     dis, c'est par où la mer ?
     continue le premier,
     on dit qu'elle a gelé
     on dit que le tonnerre y fait des ricochets
     que la queue des baleines
     s'y dresse en cathédrales
     abritant des sirènes
     tristes et pâles

     mais l'autre n'en dit rien
     le menton sur le poing
     avance, mine de rien
     
     et ça sent la choucroute
     aux abords des tavernes
     où des éclats de rire
     ponctuent la baliverne

     ça ronfle un peu plus loin
     dans la maison bourgeoise
     dont Matthieu a refait, hier
     l'ardoise

     et ça roucoule encore
     dans les bosquets du parc
     où la cuisse a trouvé
     pour qui bander son arc

     de ce temps, le bavard n'a cessé d'évoquer
     de rêves en légendes, le conte et les histoires
     de la tendre chimère et du sombre avatar

     ce qui flotte à l'entour de la rondeur des jours

     mais la boucle est bouclée, bientôt
     deux vigies s'accommodent

     dans la nuit qui s'érode
     le silence à nouveau
     leur offre un bon créneau
     
     leur chemin circulaire
     quotidien, débonnaire
     tout un poème!
     la voie de la simplicité même
    ; le journal intime des lois ordinaires et des ennuis souverains.
    - Il règne ici (…) Une grande faille quotidienne / Tout au bout d'une voix qui chante soprano / « malgré tout » [Gérald Neveu].

    raffiné :
     Plutôt bien mis, bien fait de sa personne
     demandez-lui, en tout point il raisonne
     dispute, sait y faire
     il a le nez pour toutes les affaires
     supérieures, sublimes
     n’est pas avare de maximes
     il court le monde et le plus beau
     un sophistiqué, en un mot

     mais s’agissant de son caca
     il faut bien y mettre les doigts
     où le bas blesse
     car du plus raffiné des hommes
     la crotte vient toujours, en somme
     par la fesse
    ; en gros, le gars qui la joue fine.
    - Va, va, ne te fais pas une âme raffinée, / Contente-toi d'aimer les premiers réverbères [Marcel Thiry].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    écrou_hexa.jpg

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  • adjectifs (stu)

    simple :
     Une main sur l’autre, calme
     le sang comme un vin de palme

     A l’oreille un long murmure
     ensommeille une blessure

     Un parfum qui vient et va
     du raisin à bout de bras

     En bouche encore une bouche
     au terme d’une escarmouche

     Au regard une brillance
     d’humble et simple réjouissance
    ; qui a pris le parti de ne pas se compliquer la vie.
    - Le plus extraordinaire, c'est qu'il puisse être si beau et rester si simple. Il est hors de doute qu'il se connaît et qu'il se juge. Comment tant de justice pourrait-elle être inconsciente ? [Jean Giono].


    tartare :
     Au matin du septième jour
     Il vit qu’il restait une côte
     ne pouvant commettre de faute
     Il dut conclure a une erreur
     et se résolut sur le tard
     à grignoter un steak tartare
     plutôt qu’au beurre
    ; façon crue d’aborder la chair.
    - Les Huns préparaient des stèques tartares, le Gaulois fumait une gitane, les Romains dessinaient des grecques, les sarrasins fauchaient l'avoine, les Francs cherchaient des sols et les Alains regardaient cinq Ossètes. Les Normands buvaient du calva [Raymond Queneau].

    unique :
     Je n’écrirai donc jamais le vers unique
     qui n’aura pas de rime riche en Véronique ?
    ; qui se croît seul(e), y tend et le prétend.
    -(...) à présent que les voilà couchés… / - C'est l'heure unique et douce où vaguent, de fortune, // Glissant d'un pas léger sur le pavé chanceux, / Les poètes, les fous, les buveurs, - et tous ceux / Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune [Léon Valade].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    tartare.jpg

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  • adjectifs (vw)

    vierge* :
     soleil absent
     brume vierge
     mon âme attend
     sur la berge
     l'ombre s'entend
     dire un mot
     l'océan courbe
     le dos
     l'oreille espère
     un signal
     jailli d'un vert
     abyssal
     à sa lisière
     émouvante
     frissonne l'air
     atlante
     qu'un marin joue
     dans les ris
     à l'infini

     je soupire
     mon désir

     et ne veux
     pas finir

     que tu n'aies
     su venir

     m'entendre te le dire
    ; qui attend son heur fertile comme un paysage inexploré.
    - Elément terrible de la nature / Plus incandescent que l'alcool, / Plus profond que le crime, / Femme vierge ! [Ivan Goll].

    waterproof :
     Plouf !
     Plouf !
     Ah, le joli barouf
     de mes deux pieds dans la flaque
     sous la gouttière qui craque
     comme les yeux effarés
     de la rombière engoncée
     dans son manteau waterproof
     elle passe
     moi, je pouffe
     et plouffe
     et replouffe !
    ; qui supporte mieux l’eau dehors que dedans.
    - Je ne pus voir son visage, je ne distinguais que, tracée sur les pavés inégaux du quai, l'ombre du macfarlane (ou du raglan) (ou du ouateurproufe) [Christiane Rochefort].

    * poLèmes précédemment parus sur pavupapri

    YOKO.gif

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  • adjectifs (xyz)

    xénophobe :
     Un âne à la miteuse robe
     à l'âme rude et xénophobe
     toisait du regard un bon chien
     oreille fine et cœur badin
     qui cheminait près de son maître
     menant au pré ses vaches paître.
     - Eh, l'idiot ! lui fit l'âne hautain,
     ce que tu peux être servile
     obéissant à cette main
     qui, sans toi, serait malhabile
     à mener seule ce troupeau.
     Le chien lui dit alors ce mot :
     - Je vois que tu veux disputer
     de quoi nature nous a faits ;
     dis-moi donc quel est ton emploi
     et nous concluerons après quoi.
     L'âne lui dit tout son travail :
     comme sur les champs de bataille
     il charrie les munitions
     qui contribuent à la victoire
     de l'un ou l'autre bataillon
     de la nation méritoire
     qui nous garde de l'étranger
     de ses déboires et projets
     ou toute infâmie qu'il importe
     de ne pas voir devant sa porte.
     A quoi le chien lui fit réponse
     en ces termes bien mesurés :
     - Mais si sur toi un boulet fonce
     et te réduit comme pâtée,
     dis-moi qu'y auras-tu gagné ?
     - Ah, mais la médaille et l'honneur !
     - Et cela ferait ton bonheur ?
     - Certainement ! j'y compte bien.
     Et ce destin vaut toujours mieux
     que ta vie de chien, malheureux !
     - Ma vie de chien, j'en suis content ;
     je vais tous les jours par les champs
     paisible, vif et laborieux,
     assuré de vivre bien vieux
     près de ceux que j'aime et me rendent
     tout le bonheur qu'on peut attendre.
     - Tu es idiot, je le répète.
     - Je vois, ton opinion est faite.
     - Et demain, je pars au combat !
     - Qui sait, quand on se reverra
     me tiendras-tu l'autre discours.

     Ainsi passèrent quelque jours...

     Puis ce fut la sombre retraite
     de toutes nos armées défaites
     où l'âne ne paraissait pas
     parmi le chaos des convois.

     Un soir qu'on lui donnait son dû
     le chien renifla sa gamelle
     car il n'y reconnaissait plus
     l'odeur de pâtée habituelle.
     Le maître approchant sa cabane
     lui dit : - ça te plaît-y, mon bon ?
     J'ai mis un bout du saucisson
     que les troufions ont fait de l'âne
     tombé sous eux dans la mitraille.
     Le chien se remplit les entrailles
     ce soir-là, de belle façon.

     Quant à disputer à toute heure
     de la raison ou de l'honneur,
     c'est le fait des gens bien repus ;
     mais ça, l'âne ne le sait plus.
    ; qui, ne s’accommodant ni de l’étrange ni de l’étranger, s’en trouve tout abruti dans ses attributs (!).
    - J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu'il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter ! [Raymond Devos].

    [y]

    zébré :
     (à suivre)

    ; un barré des couleurs (prisonnier de la mode ?) aimera ce motif à l'exotisme tout relatif.
    - La vieille façade, zébrée de raccords de céruse, n'attendait plus, pour rajeunir, qu'un coup de badigeon [Roger Martin du Gard].

    zebrordi.jpg 

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