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poésié - Page 97

  • pwwka

    woup!Ivresse ! Ivresse !
    Ta chevelure...

    Le monde est un jouet
    Jokari... Bilboquet...
    Il ne s'y passe rien sans la déconfiture
    des rencontres fortuites
    quand leurs lignes de fuite
    ont fait bonne figure
    à gommer les contours des murs

    C'est qu'il faut bien
    nourrir le chien
    pour apprivoiser son aboi
    quand passent de jolis minois
    pressés d'aller - qui peut dire où ?
    ranger leurs paniers d'acajou
    lisser, comme l'ont fait leurs mères
    la nappe du prochain couvert
    et mettre à distance honorable
    les mains bien à plat sur la table
    que ça transpire
    la sage obéissance du désir

    (Tait-on comme au premier galop
     lui monte l'intuition sanguine
     et nous verrons la gourgandine
     se pâmer au prochain poteau
     des promenades intestines
     pour un julot !)

    Ivresse ! Ivresse !
    Déroule et lance-moi tes tresses...

    Ta fenêtre à l'entour d'ivoire
    est le gibet d'où mes secrets et liquoreux soupirs
    balancent
    au-dessus de Puck et sa danse
    quand la détresse
    saisit ma gorge à la va-vite
    y coule un bon peu d'aquavit
    pour qu'enfin me bouge les fesses
    plonge entier dans - ta baignoire a de ces largesses !

    Et allez, princières fractures !
    Générosités du collier !
    L'or du monde en petit's coupures
    dans le contrat des satiétés

    Trinquons en bonne intelligence
    à la ruine des millénaires
    Sans regarder à la dépense
    livrons sentence populaire

    Plus haut le coude que l'idée
    (pour ce qu'il fallut démonter
     des archétypes
     avant d'échafauder, à titre d'exemplaire
     l'Ordre du Casse-Pipe et ses commissionnaires)
    c'est ça l'idée

    Taille haut ! Taille haut !
    Nivelons tous les mamelons de nos sades hérauts!
    (ce que cela veut dire ? T'occupe, matrone !
     Suffise au jeu de dupes qu'ait changé la donne)

    Ivresse ! Ivresse ! Ivresse !
    À ton cuir chevelu, ma graisse...

    Pointe, téton têtu parfumé à la pomme
    vers ma bouche goulue
    « Ombres que nous sommes, si nous avons déplu »

    aka : Joue !

    tiniak - éclusive © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • trappe heurt

    mind: the step

    L'homme va, fatigué de faire un pas de plus
      avec tout ce qui lui sort par les yeux qui lui pince les lèvres
      avec sa vieille peur qui attend sous le porche
      de lui rire au nez
      de lui souffler la torche
      de lui siffler le peu qu'il lui reste de rêve
    pas à pas, tout du long, la même rue qu'hier
    - la même que demain, allez !
    malgré ce temps de chien qui crachote à ses pieds
    L'homme va, fatigué d'avoir la terre entière
    venant à son encontre
    Il regarde sa montre
    Elle marque l'hiver
    C'est dans l'ordre des choses
    et ça colle à l'endroit
      humide, gris et froid
      morose
    où rien ne lui dit plus
    que l'aller, le retour
    la nuit qui vient, le jour
    et la fatigue d'être
    si lourdement vêtu, passant sous la fenêtre

    Un coup d'œil à la montre : l'hiver et cinq minutes
    L'homme va, fatigué d'être encore à la lutte
      avec tout ce qui pleure
      avec ce qui le traque
      avec sa vieille peur qui attend sa barbaque
      et tire sur la longe
      pour un dernier mensonge
    (qui pour la ramasser quand on jette l'éponge ?)
      avant de le plaquer contre les murs épais
      de son piège
    Obstinément, le front contre la neige fine
    qui s'amasse aux épaules de sa gabardine
    l'homme va, fatigué
    Un frisson le traverse et lui crispe le cou
    L'homme va, fatigué, en pliant le genou
      lentement
      vers sa trappe
      à son heure

    Vu au Louvre : Vieillard mourant

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 
    (vasque exposée au Louvre)

  • Autrement juste, Jazz !

     FREDO, artiste à suivre

    Au premier battement donné sur la peau claire
    précédant l'ouragan des rythmiques torrides
    la seconde en suspens entre Eden et Enfers
    tient la salle en arrêt au-dessus d'un grand vide
    et soudain, c'est le jazz !

    Une cacophonie saisit les molécules
    et touche à l'harmonie en fin de préambule
    quand tonne le second battement isolé
    rassemblant après lui, en ordres mesurés,
    les guitares, les vents, la basse et le clavier
    libérant les esprits, les corps et les suées
    cependant que le monde est tombé en syncope
    et se découvre un don de monstre nyctalope

    Tant la nuit n'est jamais si limpide et vivace
    qu'à l'aune d'une vie trop terne (ou dégueulasse !)
    révélée par le chant qui vibrait en sourdine
    dans son ventre gavé de pauvres vitamines
    et qui lâche les gaz !

    Révolte et anarchie semblent à la portée
    d'un regard abruti dont l'œil s'est embrasé
    d'un claquement de doigt, d'un cri sans retenue
    de la hanche qui ploie sous la paume inconnue
    soudain si familière
    que la rage et la peine avaient crue étrangère
    et tenaient en respect, à distance du corps
    mais que l'instant présent rapproche dans l'accord
    de l'ivresse et du sens

    Energie ! Energie ! Tu nous avais manqué !
    Mais te voici entière et tu nous fait danser !
    Et c'est fête à nouveau !
    N'importe quel fardeau est léger comme un souffle !
    Tout est comme l'extase...

    J-a-z-z ! Jazz ! Jazz !
    Un évident carnage anime ton tempo
    Savant apprentissage apprivoisant les maux
    Touche-moi davantage au fond de mon caveau
    Et laisse-moi en nage au bout d'un vibrato

    Autrement juste, Jazz !

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#86.

    Illustration d'après une composition graphique de Frédô.

  • Larmes de Celle

    (la femme de Loth, con !)


    La femme de LothQuel nom était le tien, Statue de Celle
    qui fut
    marchant
    laissant les autres devant
    de ton pied caressant la route longue et dure
    évidemment vivace, belle et sûre
    et le sourire aimant
    quand parfois le silence
    vibrant du fait de ta seule présence
    t'enrobait l'alentour
    avec cette attention diffuse, calme et bienveillante
    qui parfume les muses
    des légendes atlantes
    ou se peut ressentir au petit jour
    qui monte maintenant
    et t'embrasse en retour

    C'est quelque vieux bavard
    au ton bien inspiré
    qui conta ton histoire au troupeau en exil
    lui laissant pour mémoire
    depuis ce temps d'arrêt
    une tache à la marque indélébile

    Des scribes scrupuleux
    en tirèrent un livre
    prétendant à un nouvel art de vivre
    Un ordre impérieux
    en dévoya le sens
    et noya tout le sel de l'existence
    dans les larmes, le sang, honte et obéissance

    Vinrent les temps de pendre et torturer
    la chair humaine à vendre et déporter
    en priant d'implorer miséricorde
    les mains entravées, le cou dans la corde
    pour expier le crime abominable
    de n'avoir pas voulu renier son pain ni son étable

    Ce nom que je lis, ce n'est pas le tien
    le lire comme le dire me laisse froid
    mais plus je te regarde
    figée dans ton effroi
    plus m'insupportent le dogme et la loi

    Car, je ne risque rien à jeter à loisir
    par-dessus mon épaule un regard en arrière
    aucune contrition ni aucun repentir
    encore moins les affres d'un pénible enfer
    ne m'empêcheront de te revenir
    que des yeux je te pose ma question
    Statue de Celle Qui Fut quel était ton nom ?

    tiniak - totalités mineures
    © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • L'Escargot de la Gare Saint-Lazare

    LE BECHEC, dessinateur

     

    Le carnaval des pieds a repris son grand cirque
    Ça martèle à tout va sur les pavés humides
    ou les revêtements onéreux des grands-rues
    Ça déverse des gens, des jacquots et des grues
    et tout ça pour qu'existe
    le mépris souverain d'un monde réaliste
    pour les choses artistes :
      geste
      regard
      verbe
      ou l'arpège fiévreux de l'accordéoniste
      (qui m'encombre
       mais que j'apprécie mieux que les hymnes de l'Ombre)

    Voyez, ce soir encore en gare Saint-Lazare
    chargé comme un mulet déboulant de l'Isar
    je croisai une dame, allez, comme un poteau
    (un obstacle ? un boulet ? un genre d'escargot
    en guenilles ?)
    allant prendre mon train comme un troufion sa quille
    Elle était sur ma route et ça m'emmerdait presque
    quand je réalisai soudain tout le grotesque
    de la situation :
    Elle monte
    Je descends
    après moi, excitée, toute une talonnade
    me poussant à me joindre à cette bousculade
    dans le flot
    de ceux qui se comportent comme des salauds

    Je l'évite, c'est un fait
    mais sans plus d'attention pour ce qu'elle portait
    bien en chair
    ancré comme on marquait autrefois les sorcières
    de l'opprobre
    que jettent les idiots, hypocritement sobres
    sur l'étrange
    la surprise
    à force d' « attention ! » et de « qu'on se le dise...! »

    Bêtise ! et j'y cédai...
    en tirant après moi ma charge vers le quai
    abruti de vacarme

    Cependant une larme est née de ce conflit
    J'en savoure l'alarme et la dépose ici
    en confiance
    que de ces mots l'esprit touche votre conscience
    tandis que par les rues reprend le carnaval
    des semelles têtues ne songeant pas à mal.

     

    PESSIN, dessinateur

    SDF, l'asso

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'en-tête extraite de Grands Reporters, dessin de Yann Le  BECHEC

    Illustration de bas de page : dessin de Pessin, publié sur Le(s) suiveur(s) de choses

    ci-contre : solidarité sdf, le site