Au premier battement donné sur la peau claire
précédant l'ouragan des rythmiques torrides
la seconde en suspens entre Eden et Enfers
tient la salle en arrêt au-dessus d'un grand vide
et soudain, c'est le jazz !
Une cacophonie saisit les molécules
et touche à l'harmonie en fin de préambule
quand tonne le second battement isolé
rassemblant après lui, en ordres mesurés,
les guitares, les vents, la basse et le clavier
libérant les esprits, les corps et les suées
cependant que le monde est tombé en syncope
et se découvre un don de monstre nyctalope
Tant la nuit n'est jamais si limpide et vivace
qu'à l'aune d'une vie trop terne (ou dégueulasse !)
révélée par le chant qui vibrait en sourdine
dans son ventre gavé de pauvres vitamines
et qui lâche les gaz !
Révolte et anarchie semblent à la portée
d'un regard abruti dont l'œil s'est embrasé
d'un claquement de doigt, d'un cri sans retenue
de la hanche qui ploie sous la paume inconnue
soudain si familière
que la rage et la peine avaient crue étrangère
et tenaient en respect, à distance du corps
mais que l'instant présent rapproche dans l'accord
de l'ivresse et du sens
Energie ! Energie ! Tu nous avais manqué !
Mais te voici entière et tu nous fait danser !
Et c'est fête à nouveau !
N'importe quel fardeau est léger comme un souffle !
Tout est comme l'extase...
J-a-z-z ! Jazz ! Jazz !
Un évident carnage anime ton tempo
Savant apprentissage apprivoisant les maux
Touche-moi davantage au fond de mon caveau
Et laisse-moi en nage au bout d'un vibrato
Autrement juste, Jazz !
tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Impromptu Littéraire - tiki#86.
Illustration d'après une composition graphique de Frédô.