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poésié - Page 98

  • Nô, ouais...

    Iwong Hô

    Si je ne rentrais pas ?
    Je connais cet endroit : n'est-ce pas mon antre ?
    J'y faisais les cent pas, la peur au ventre
      la vue cerclée de noir
      la langue inopérante
      et le corps évanoui
    J'y croisais ce que je pensais ne plus jamais savoir
    de mon ombre de chien jappant dans les couloirs
    après d'étranges rires
    aux visages aimés quand je savais en dire
    le nom, l'odeur
    le geste inégalable et l'intime chanson,
    le regard... le nom ?

    Je connais cet endroit
    Je me tiens sur le seuil et sens confusément
    que n'y suffiront pas tous les bras qui m'entourent
    J'en remets, alignés dans son arrière-cour
      les baquets pleins d'humeurs
      les linges étendus
      chaque pavé glissant
      la fatigue des pierres qui suinte
      par les aspérités moussues de cette enceinte
    Je voudrais être photographe à l'instant
    ou peintre et brosser ce moment fébrile
    d'un regard que prolonge un mouvement habile
    J'y vois quelque beauté, singulière, incongrue
    qui me parle d'ailleurs et ne m'appartient plus
    sans l'artiste projet

    Les vibrations de l'air
    composent des chansons qui me percent la chair
      le souffle des grands arbres, de loin en loin
      vers les palais de marbre, les ballots de foin
      l'oreille nostalgique ou des amants distraits
      le vague sentiment que tout peut survenir
      de tragique ou de gai
      en porte le mirage
    - à vrai dire, d'ici, ça gargouille plutôt
    comme mijote au four le dimanche un gigot
    avant de délivrer à travers la maison
    l'ample fumet aillé de sa fin de cuisson
    Quand j'y songe...
    l'endroit m'est familier comme un premier mensonge
    Alors quoi, le quitter ?
    Pour quelle vérité ?

    Si je rentrais quand même ?

    tiniak - Ruades © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un
    Impromptu Littéraire - tiki#85.

  • opposés

    (où les extrêmes se mouchent)

    Facade ?

    En bas, remis au goût du jour
    le drame accourt
    La rue est tout ce qui s'y presse
    en croyant y gagner du temps
      quelque chose ?
      quelque dose ?
      quelque osmose de bel argent ?

    En haut, c'est le chaos toujours
    qui fait son tour
    Le ciel est tout ce qui s'y laisse
    absorber dans son entonnoir
      de la vie
      de l'esprit
      et de la folie des espoirs

    Eh ! je suis là, moi, au milieu
      avec mes yeux bavards
      avec mon qui-mieux-mieux
      séchant sur le buvard
    avec ma propension
    à trouver les gens cons
    le ciel vide
    arrimés au prénom limpide
    par lequel tu me nommes
    pour me dire que je suis homme ?
    tien ?
    pour que je vienne comme un chien
    la queue dressée qui manifeste
    un voeu d'amoureuse caresse
    ou ce geste
    intime cet ordre : reste !

     

    tiniak - Ruades   ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Le ventriloque

    Nietsche et vousLe soir est plein de la danse des ventres
    qui rentrent... qui rentrent...
    que l'on ne voie ni de près ni de loin
    leur embonpoint

    J'ai la chanson facile
    fraîche arrivée des îles
    j'en dépose un couplet entre tes mains
    pour une bouchée de  pain

    Sur la rive : hiers
    mon sang
    ma chair
    le vent les emportent, les regardent faire
    le tour de la lune en tiers;
    tes mains aux doigts fins que je baise au revers
    la corolle en recueille
    la dernière alarme à l'œil
    car
    déposer, arme
    ma vie dans ton rêve charme

    La nuit sera bientôt pleine
    de nos soupirs en haleine
    J'ai rangé mon tambour et sa rengaine
    se traîne... se traîne...

    J'ai la chanson fébrile
    arrimée à tes cils
    avec en chœur la vigueur et l'entrain
    qui te font battre le sein

    Dehors, les ventres s'oublient
    L'air ne fera pas un pli
    La lune entière en absorbe l'ennui
    sans bruit... sans bruit...

     

    tiniak - CarnÂges ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    illustration : LE SENS FIGURE

  • Impériale

    Mélancolie
    je sais le prix
    de ta miséricorde à nœuds

    Grince, poulie !
    Ta mélodie
    drague des fonds libidineux

    Trille têtue
    Ah ! cœur perdu
    pour l'harmonie testamentaire

    J'ai rebattu
    des pavés nus
    le long corps expéditionnaire

    Des caniveaux
    tous les bateaux
    baillent aux bourgeoises corneilles

    L'ante credo
    d'un trémolo
    du balcon jusqu'à la corbeille

    Galimatias
    des entrechats
    respirez entre vos soupirs

    Petits soldats
    des "ah là là"
    sonnez la charge de l'Empire


    (Goûtez le charme suranné de ce poème
     à la carne aussi mesurée que XIXème

     Pour moi, sachez qu'il suffira
     d'en rire et croquer du nougat
     avec mon café d'Agadir)

    london_greenbus.jpg

    tiniak - Mes chanSonges ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • au passage

    RADIS.JPG
    (définitions manifestes)

    Le poing fermé sur son parfum, la fleur d'un jour
    Un rêve, dans son œuf : jamais, toujours
    La rondeur enflée du galet, pour sa mémoire vive
    Le lent trajet de lune à l'autre rive
    Un désir bientôt veuf
    D'un trait, le violon neuf
    Le soliloque du mot simple à la rime impossible
    L'essence et le mystère indéfectibles

    La surprise des évidences
    Des gestes quotidiens, la danse
    Des mots pris au pied de la lettre
    la dégringolade, et d'en naître
    riche d'une autre langue
    qui pourrait - comme en plein été se boit un jus de mangue
    tout épaissir
    et rafraîchir, des pensées à la bousculade,
    l'idée qui se formait durant la promenade

    Alors, surgit du radis-chien l'aboi métrique
    sonnant la charge des embruns océantiques
    dont le vent pataquesse
    les larmes prophétiques
    annonçant de nos politesses
    le naufrage cyclique

    Pourtant, voici l'aurore
    en aube rouge sang
    qui maudit les enfants
    aux goûts anthropophages
    elle étend son mirage encore
    aux lisières boisées
    où s'endorment le mage
    et la fraîche rosée

    Puis, passe la fille au panier fleuri et fructueux
    une main sur la hanche
    un oubli dans les yeux
    pour elle, sous la branche basse
    l'ombre est un nouveau jeu

    Moi, de la regarder partir
    comme on lâche un soupir
    de peur qu'un mot de trop n'en lasse
    le plaisir
    je n'ose davantage
    pour ce qu'elle m'inspire
    à son passage
    trahir son âge
    que le songe à venir
    s’emploie seul à le définir

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK