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poésié - Page 83

  • ornières

    pas,pieds,géant,tiniak,manifeste

    Souvent, je me prends pour cet être que je suis
    cet être à ciel ouvert arpentant les endroits
    d'un monde où la raison régie par d'autres lois
    fait lumière d'étrange et nourrit celui-ci

    Je marche dans les pas de géants méconnus
    Les yeux plus grands que le centre de l'univers
    les mains battant le ciel comme on chahute un frère
    je tombe à chaque trace aux rives décousues

    Mes rimes embrassées, je vais, la bouche sèche
    et recomptant mes pieds à chaque nouveau pas
    (j'en ai deux à l'arrêt; un seul touche du plat
     la terre où l'autre cherche à se faire une crèche)

    Je vois dans chaque trace un puits dans le désert
    mais je mange du sable, de la boue, du feu
    avant d'en mesurer le sage, le précieux
    à verser pour ma gourde et me lier ces matières

    J'étais hier encore au creux d'un pas immense
    à danser comme un fou dans mon rire affamé
    Je ne pus me sortir de ses parois laquées
    sans le mage concours des fées nues de l'enfance

    Un soir que je longeais la lèvre d'une faille
    les chansons et les bruits montant du défilé
    avaient cette harmonie que les pluies de l'été
    savent tirer des sols ivres de retrouvailles

    Peut-être l'avant-veille, au bord d'une aube bise
    j'avais trempé les mains dans des reflets joueurs
    Ils se couraient après - promesses de chaleur
    faisant progresser l'or parmi les ombres grises

    Je suis tombé de haut dans de fines empreintes
    tombé de tout mon long dans de vieux marigots
    tombé sur mes genoux tombés dans le panneau
    pour tomber de fatigue au chevet d'une plainte

    (aussi, je prends le goût des choses périssables
     pour tomber amoureux d'elles à tout instant
     qu'il nous est donné d'échanger un air aimable
     en croisant mes lacets dans leurs pas de géant)

    Et je vais par ici, par là, où long me semble
    être d'éternité le premier étalon
    J'irai dans leurs "allez !", j'irai dans leurs "valons !"
    mon regard de Poucet sur sa branche qui tremble

    Alors j'aurai couru de familiers enfers
    donné un coup d'épaule au rocher de Sisyphe
    applaudi l'opéra d'ombrageux incisifs
    formé le rigodon des sanglots de la terre

    Quand j'en aurai tout bu des litrons z'et des pots
    ronflerai dans des paumes pantagruéliques
    entendrai des lapins hoqueter "hic ! mes triques..."
    et des rhinocéros exiger le huis clos

    Pour une ultime fois, répondant à l'appel
    de trompettes enjouées, de guitares marines
    j'irai piquer du nez dans quelque autre ravine
    au moment opportun... selon ma ritournelle...


    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    "...orne hier " pour un Impromptu Littéraire - tiki#122

  • frisson roche

    janis joplinSous la pression d'une rage intense, fébrile
    sa voix de roc se brise
    murmure, pulvérise
    une volée de gravier, de grenaille
    de ce chantier dans ses entrailles
    d'où le désir impuissant, la furie
    le disputent à la mélodie

    Le soubresaut d'un pleur
    qu'évapore une vaine ardeur
    la tient, l'effleure
    qu'agite sous son sein et meurt
    - cette vive douleur : il faut... il faut !
    vaille que vaille que dure le show

    Elle n'aura sans doute pas
    deux fois seize ans dans d'autres bras
    que ceux de la fatalité
    qui fige les célébrités
    de son ère
    dans une apparition éphémère
    comme en leur jeunesse illusoire le sont
    toujours la flamme et le frisson

    ***

    Page tournée, rendu au monde
    un frisson meurt dans la seconde

    ***

    Mes doigts font vibrer ta corde intime
    voici que nous touchons au sublime
    accord
    des sens

    Oh,
    qu'un songe même en prolonge la danse
    encore
    un peu
    puisque tu ne me rouvres pas tes yeux

    ***

    Ce n'est pas l'écho
    ce pas dans mon dos

    Ce n'est pas toi qui me suis
    mais ce fantôme que je fuis

    ***

    Éponge-moi l'essence
    ma fièvre
    ma transe

    Je sue à n'en plus pouvoir
    Au coin des lèvres
    un Gai Savoir
    transpire
    la chance
    d'en connaître cette évidence :
    la vie est un frisson
    semblable à l'ultime abandon

    tiniak - Ruades © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki #121

     

  • brasero

    Ah ! faut-il que vous mouronniez,
    brandons obstinés au foyer
    quand je cherche à prendre le frais le long du fleuve

    C'est assez de m'être - à l'épreuve
    et de façon contemporaine,
    une impression que la semaine est un bourbier

    Hier, encore à son miracle
    je me suis rendu au spectacle
    où j'avais promis de venir à tire-d'aile

    Je la vis, les yeux plus grands qu'elle
    confondre surprise et plaisir
    ("...comme jamais à l'avenir" souffle un oracle)

    Dans son regard, entièrement
    je me tenais comme un géant
    (amour se conjugue au présent, me sembla-t-il)

    Quoi de plus plaisamment subtil
    que d'avoir tenu sa parole
    et d'en partager la joie folle avec l'enfant ?

    Lumineuse dans son costume
    aussi gracieuse que la plume
    défiant les gravités d'enclume de nos âges

    une magie à son ouvrage
    aura goûté au feu sacré
    par quoi, de l'acquis, de l'inné, tout se résume

    Finie la représentation
    soldées toutes les émotions
    voici que me reprend au fond comme un orage

    Au ciel pourtant, aucune rage
    c'est à l'interne que je brûle
    ne m'accordant plus de recul que de raison

    Comment défaire mon entier
    de ce mystère de brasier
    que d'un rien vous enflammeriez, songes tenaces

    La vie n'est pas si dégueulasse
    qu'il n'y ait lieu de s'en réjouir
    auprès du fleuve où rafraîchir son coutumier

    trapèze

     tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (pour toi, ma fille, cette 950ème note)

  • dédicace

    Menton sur le genou plié
    le nez à la vitre glacé
    à la fenêtre
    celle qui la fit disparaître
    à son insu
    Petit Poucet, tu n'entends plus
    que d'une oreille
    Les mamans et papas qui veillent
    poussant leur refrain du moment
    toi, jusqu'à l'étourdissement
    tu t'en combles

    Elle a disparu en plein jour
    la nuit ne l'a pas ramenée
    ni joyeuse, ni fatiguée

    the mamas and the papasSa voix seule est restée en place
    obstinée dans la dédicace
    parmi la réverbération
    excessive dans sa façon
    la basse
    et cette rime qui s'attarde
    que la choriste nasillarde
    qui prie baby
    parce qu'elle est dégueulasse
    la vie

    La nuit a passé
    - c'est un comble !
    une main dans les cheveux, sombre

    L'aube est venue
    - a chassé l'ombre,
    de ses rais de lumière franche
    vive gigue parmi les branches
    border la rue d'un vert dimanche

    Pourquoi se mettre chaque nuit
    à ce moment d'aller au lit
    à invoquer l'inaccessible ?

    EP67r_dedicated.jpgQuand sur la pochette flexible
    sourient Les mamans et papas
    dont le refrain ne varie pas
    d'un iota sur le tourne-disque
    chante "prie, Poucet ! quoi tu risques ?"
    et revient, lui
    donner le change à cet an-nuit

    L'heure la plus sombre prend fin
    avec la venue du matin
    chante, Poucet
    pour les cailloux sur le chemin de la forêt

     

    poucet

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • La chambre de l'oubli

    Une pièce encombrée de choses disparates
    qu'harmonise de bruns le déclin d'un long soir
    Des cadres s'y renvoient des reflets d'acétate
    dans un plan rigoureux au jeu aléatoire
    où des sujets connus aiment traîner savate
    par les lignes de fuite aiguillant les contours
    et d'autres, plus récents, préfèrent jouer petit
    (aurais-je enfin trouvé dans ta photo jaunie
     la chambre de l'oubli où figer mon parcours ?)

    Angles et arrondis se font des politesses
    pour s'offrir un abyme à mettre en perspective
    avec la porte ouverte à ces délicatesses
    que figurent l'arrêt d'une danse lascive
    l'ivoirin velouté à l'intime souplesse
    le brumeux dégradé d'une fatale errance
    la courbe résignée dans sa pose immuable
    la poussière imitant le grammage du sable
    et le pli d'un cheveu accordant ses brillances

    Le regard éperdu s'amourache d'un rien
    balle folle aux rebonds qu'orchestre le hasard
    pour la chromaturgie de l'empan rétinien
    passe d'une vision à l'autre, puis s'empare
    d'un rayon lumineux, d'une ombre et s'en revient
    prendre plus largement mesure de l'ensemble
    que la vie occupée à ses débordements
    quelque part à l'entour reste un oubli béant
    tant que l'œil à l'affût est à ce qui lui semble

    gaëna da sylva

    (aperçu d'un clic)

    tiniak ©2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré par une photographie de Gaëna Da Sylva
    "L'exposée..." extraite de sa >CHAMBRE NOIRE<