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poésié - Page 80

  • dramaturgies caractérielles

    CaillebotteDes catalogues de misères
    j'en ai en-veux-tu-en-voilà
    suffit que je regarde en bas
    dans la rue sous son réverbère

    Il en court aussi sous mon crâne
    mais je m'en débrouille assez bien
    suffit que je tienne mon chien
    et m'allonge sur ma rabane

    Tenez, prenez cette bourgeoise
    le sac arrimé sous le coude
    on pourrait penser qu'elle boude
    mais elle sait comme on dégoise
    sur son cru
    réputé pour ses allants convenus

    Et que dire de ces jeunesses !
    les yeux rougis au vin mauvais
    Que dire de ce rire épais
    où s'entend leur vaine détresse
    à cette heure
    où se vendent nos capricieux bonheurs

    Et l'autre au cerveau saturé
    d'obligations, d'ordres, de chiffres
    conscient de n'être qu'un sous-fifre
    au chœur des pipeaux biseautés
    Sa rage
    à l'aune de son manque de courage

    J'en cause, mais vous les voyez
    chaque jour né du coin de l'œil
    en serrant votre portefeuille
    où ne tinte plus de monnaie
    que des cartes
    qui obligent à vivre à la spartiate

    Bon, c'est dit ! Je le vois le monde...
    mais faudrait-il que j'y abonde ?
    De quell' sorte ?
    Me suffit de fermer la porte
    et d'y voir
    l'occasion de lustrer ma tour d'ivoire

    Ciel, pourris ! Terre, pue !
    Déjà ce que j'aime n'est plus
    qu'un îlot
    où je consume les brûlots
    qui me viennent
    par dépit, et faute d'antienne
    rigolote
    qui alimente ma Charlotte
    (ma guitare)
    seul à traduire où porte mon regard
    et pour qui ?...
    Autant n'en rien savoir et lalali
    lalala
    garder un œil sur ce qui s'passe en bas

    Oh, ma tour ! Oh, mon fief !
    Sachons mettre l'ouvrage derechef
    sur le tas
    en se donnant le ton du cancre las
    de ce monde
    mais prenant soin d'en relayer la sonde
    et d'en faire
    le théâtre de nos Petit's Misères

    Caillebotte
    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration d'en-tête : Gustave Caillebotte (portrait ci-dessus)

  • Le jour se met en frais pour le soir à venir...

    Le jour se met en frais pour le soir à venir
    appuie de longs soupirs, à soulever les jupes
    des arbres alignés (qui, n'en soyons pas dupes
    gardent leur naturel)
    J'en reconnais l'appel et m'apprête à sortir

    La chaussée affublée d'un semblant de miroir
    égoutte ses trottoirs poisseux de feuilles mortes
    Tant pis pour la saison, je referme la porte
    l'air de n'en pas souffrir
    arborant gris sourire et galure de foire

    J'ai tout laissé dedans, la maison est tranquille
    et se tient en droit fil des mitoyens étals
    soucieux de politesse environnementale
    juste particulière
    contenant son enfer de grave, de futile

    Devenu étranger, me redore l'estime
    avec mon anonyme à son petit galop
    sabotant le mépris des volets, des rideaux
    ou des porches malades
    vais comme à la parade agrémenter ma rime

    D'un vaporeux frangin pinaillant son rentier
    je me fais un prunier au bruit de maracas
    avant de m'attabler quelques miennes sœurasses
    à l'allure nantaise
    racées à la balaise et tendres du poignet

    Un idiot cherche noise et le parti d'en rire
    le ramène à vrai dire au meilleur de lui-même
    Il quitte, auréolé d'un absolu « je m'aime »
    l'assemblée qui s'en moque
    et s'en va déverser ailleurs son soliloque

    La patronne a jeté dehors le festival
    On invoque Stendhal, que la nuit se prolonge
    "Il faut secouer la vie, avant qu'elle nous ronge"
    Pour ça, j'ai mon idée
    que j'aurai démontrée si tu cèdes, vestale !

    Mais tu as repoussé la manœuvre grossière
    l’œil et le tétin fiers d'être à leur vocation
    pour le Seul Qui de Droit et par Obligation
    refermera la porte
    laissant pour lettre morte une audace éphémère

    La nuit s'est mise au frais pour le jour à venir
    J'égaille mon désir à mater sous les jupes
    des arbres allumés (qui, n'en soyons pas dupes
    pichetgardent leur naturel)
    Il me tombe du ciel une envie de vomir

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#126

  • Adam et les fourmis

    fourmiTotalité mineure, un caillou sous nos pieds
    va sa révolution tranquille et orbitale
    Que je m'y penche un peu et je m'y fais du mal
    aussi des pieds de nez
    puisant au poudrier de mon sentimental
    de quoi me faire un masque en suivant mon sentier

    Parlant de nez, dessous passe un rang de fourmis
    Vous l'ai-je déjà dit ? Je suis un rien rêveur
    parmi les Petits Riens qui me laissent songeur
    et m'offrent l'aujourd'hui
    comme l'aveugle aimant souffre un bouquet de fleurs
    pour avoir l'intuition des couleurs de la vie

    ANTS2A.JPGNon, sans blague !
    L'infiniment petit (qui passe sous mon nez)
    ne sait pas l'aujourd'hui, n'a pas l'humilité
    nécessaire
    qui faisait conclusion chez Candide (Voltaire)
    et nous offrait d'aller cultiver nos jardins
    plutôt que s'occuper du sort... des fourmis, tiens !
    Mais voilà, c'est ma dague !
    et me l'enfonce au cœur comme une peine vague

    Eh, salut météore !
    Je t'aurais reconnu d'entre les mille morts
    que me souhaite
    (quand, c'est vrai, j'ai trop bu et n'ai plus "…tout' ma tête…")
    Le monde est fou, ici...
    Débouchons un Lewis à nos vices transis !
    Hurlons !... Quoi ? Je suis seul ?
    Eh bien, je prends le vide du ciel pour linceul

    ants_arrow.jpg

    Mais... (j'ai une question) qui fait des ricochets ?
    Qui jette des cailloux dans la nuit étoilée
    Qui prend pour une bille
    cette péréquation de matière, de vrille
    et de songe habitée ?
    De là qu'il nous fallait nommer le monde : chance !
    espoir ! destination ! carrière d'importance !
    ou nous asseoir dessus
    écoutant les fourmis nous grignoter le cul

    2565091927.jpg

    Bien le bon jour, ma Dame...
    Si j'en crois votre port, vous logez haut votre âme
    (par contre le tétin...
     n'est plus de ceux qu'un monde abouche pour sa faim)
    Ô Nuptiale
    Vous ai-je déclamé tout mon être ? Partiale !
    Comme vous, déclinais
    sans frémir et terrestre, avec mon vin mauvais
    bouchonné à la diable
    à picorer mes miettes du doigt sur la table
    et vous le rendant bien
    au passage
    ce regard de dédain sous votre maquillage
    - mais seul, et pour moi-même
      ne sachant plus à qui donner du « je vous aime »
    quand soudain m'avisai que j'avais ce caillou
    là, juste sous mes pieds
    J'y tombai à genoux, l'emphase sidérée
    affranchi d'habituelles arguties (d'errer,
    quoi… d'aller voir
    et de me raconter en fantasques histoires)
    Ce sera tout ? Bonsoir !

    ants3x.jpg

    Un caillou après l'autre, je sais
    ça nous conduit toujours devant l'Ogre, Poucet

    Ris, cochon ! Vaste blague !
    Pas restée bien longtemps à son fourreau, la dague

    Que me serve
    d'aller chercher des pouls au cheveu de Minerve
    et me visse
    à ce foutu caillou le piquant de mes vices
    (femme, vin, cigarette, écriture...
     pas d'quoi fouetter un chien, mais quelques aventures)
    le cocasse
    qui me fait préférer La Vie est dégueulasse
    à Victor
    et me pousse à quérir quelques sous d'hellébore
    pour mon thé sous le ciel
    en me remémorant toute, ma ritournelle

    Adieu, Dames, fourmis, mystères intrinsèques
    J'envoie d'un coup de nez ce caillou chez les Grecs !
    Et pif !
    juge que je n'en ai pas moins contemplatif
    le Verbe
    (tant que Qui-Vous-Savez file son train dans l'herbe)

    Totalité mineure
    que n’ai-je ce caillou à la place du cœur !

     

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    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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  • Emulsion, bleu

    taureau, OsborneBanquettes arrières, ces vapeurs !
    moites suées dans la chaleur
    estivale des traversées
    de nord à Méditerranée
    cuisant l'automobile et familiale
    fournée se trimbalant tant bien que mal
    droit vers l'Espagne
    déroulant des campagnes passagères
    où révoquer l'alphabet de nos pairs
    en défendant l'orthodoxie
    d'orthographiques fantaisies
    mais, tout du long
    nous gardant bien de crêper nos chignons

    Blanquette avare de vin blanc
    et toi, le haricot craquant
    notre palais ne goûtera
    bientôt plus que la paëlla

    Silhouette noire à l'horizon
    un taureau plante son signal
    de stature monumentale
    aux formidables proportions

    Soudain, au détour d'une arête
    (franchie à la bonne franquette)
    voici que tout le bleu du ciel
    plonge
    vers la raison d'être de ma serviette éponge

    Enfin défaits tous les bagages
    il est oublié, le désert !
    La finalité du voyage
    c'est la mer

    Ce bleu qui fait le ciel
    Ce bleu qui me rappelle à tout instant
    ce qui naît, me nourrit le sentiment
    puérilement limpide
    comme l'eau sous le vide
    une intuition que la vie et la mienne
    trempent leurs pieds revigorés
    dans ce bain bleu de Syène

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#125

     Allez, tiens... un parti pris :

    corridas

  • Éconduites

    ANE.JPG

    Donc, j'étais encore à vos pieds, tout feu tout flamme
    à me déverser sang et âme - et bellement !
    quand il m'est apparu, clair et vain, que mon brame
    avait le ridicule idiot d'un bêlement

    Joignant le geste à ma parole
    vous me tondites
    de la queue jusqu'au ras du col
    à la va-vite

    Lors, j'étais encore à sonner à votre porte
    toutes mes cloches d'allégresse, à satiété
    Il m'aura soudain semblé aller à confesse
    Je tournai mes talons vers d'autres sociétés

    Ainsi, je vous laissai en plan
    à votre porte
    et notre rendez-vous galant
    pour lettre morte

    Éconduites
    nos conduites
    ne valaient donc pas le tuyau

    Et de fuite
    en poursuite
    nous voici rendus dos à dos

    ane_drinks.jpg

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK