PAUVRE MERCURE
(à Laforgue)
Non, pas dimanche, je vous prie
pas dimanche, merci !
Ça va, j'en ai des pianos dans la tête
ma tête comme une girouette
avec le nord en moins - trop loin,
et puis trop gris, et puis trop froid,
pas bon pour moi et mes myriades
de machins minuscul’s et malades.
Lundi ?
...vous êtes occupée,
tant pis.
Voulez-vous que nous disions Mercure ?
Allons, allons, joli poison...
Laissons-nous tenter l'aventure.
J'aurai des ailes à mes pieds d' nez
ainsi, pour sûr, me reconnaîtrez
à mon visage pâle, aussi
- c'que c'est qu'être mâl' par temps gris !
Passez, passants, vos routes obscures...
Je vous dis que j'attends l'aventure
et que n'en sachant le nom ni la mère,
je veux, mon neveu, que je l'espère !
Oh, les mères !
tagada tsoin tsoin
tous cors dehors
dès le matin
Oh, les vilaines
- qui me gâcheraient la semaine !
avec elles, de l'art
... bon, mais de la manièr' donc !
Ça ! j'entends des alleluias...
Est-ce que soyez déjà là ?
Je ne vous y vois pas !
Vous n'auriez pas cette farine
à votre cou de gourgandine.
Vous ne coifferiez pas si haut
de si belliqueux oripeaux.
Je vous voyais Cybèle
pas de ces robes isabelle !
Je vous rêvais Hermione
pas de ces sinistres dragonnes !
Ah, dites-moi, dites
dites-moi tout...
Mais dites-moi que ce n'est pas vous !
Ça ! j'entends des Væ soli
C'est-y qu'on s'rait déjà Ce Dimanche ?
Ah, non merci.
Au clocher sonne un conciliabule
(je vais me faire appeler Jules).
Alors adieu mon aventure
(puisque vous préférez l'Arthur).
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustration : Ludger Larose, La leçon de piano.
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DANS LA MAISON DE PIERRE
(à Reverdy)
Dans la maison bien élevée de Pierre
le vent
entre ses rochers blancs
titille un feu qui pleure et se fend
d'un souvenir passant
Dessus, l'horizon est assis
il médite
de tout son poids sur l'ardoise du toit
de tout son poids mort
loin des trottoirs corridors
où nul visage, aucun nom ne séjournent
il évite
le vol triangulaire d’une flèche criarde
et tous ces mots attendus qu’on ajourne
cependant qu'on bavarde
Sous sa maison, les maisons qui s'oublient
Les saisons froides sans aucun bruit
Leurs ombres roulent de lourds tapis
sur les cadavres des lampes éteintes
Tous les enfants n'y sont qu'une plainte
sourde
et morne
et jugée gourde par les yeux borgnes
Un arbre
lavant au ciel ses pas de marbre
Et, juste à coté, la rue qui tremble des pieds
tiniak ©2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
illustration : Joan Miró