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poésié - Page 124

  • halluviales

    Gavé de précoces printemps
    qu'aux montagnes saignées à blanc
    il exige impérieusement pour son eau sale

    Roi fainéant, au cours allant
    partager les vallées vassales
    en sa morgue monumentale

    un fleuve écoule sa légende

    Hommes et bêtes s'en amendent
    par le respectueux hommage
    des regards obligeamment sages qu'il commande

    C'est l'enfant qu'un dieu oublié
    dans la terre fraîche a tracé
    d'un ongle pris de nonchalance

    de là, toute son indolence

    Et cette insigne majesté
    écarte loin de sa portée
    les monts et collines réfugiés à distance

    même la lune se méfie
    des caprices de ce nanti
    et n'y baigne que son image

    un fleuve s'abreuve des âges

    Je dois redoubler de prudence
    quand, tout à la contemplation
    de ses fluviales alluvions je m'abandonne

    je manque de m'y absorber
    l'esprit et l'âme tout entiers
    sacrifiant amours et beauté à sa couronne

    voyez d'ici le préjudice !

    je m'accorde alors le délice
    que je prends libre et libertaire
    d'y pisser dru, le nez en l'air

    Paul-PINSON_MissPissBleu.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Paul PINSON, Miss Pissbleu.

  • nuit canine

    Ta peau ruisselle
    ville engourdie
    mon pouls martèle
    cet ennui

    que tes ruelles
    veinées d'orange
    relient entre elles
    et mangent

    Vois, je me verse
    un tralala
    dont je me berce
    pas à pas

    HURLE.JPGQuartes et tierces
    - tout ce barnum !
    Qui me traverse
    m'assomme

    Si nulle oreille
    ne m'est acquise
    quand les sommeils
    se suffisent

    je m'émerveille
    de vivre encore
    seul et pareil
    alors

    au chien qui hurle à la mort

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : d'après Nicola SCOTTI, Le Hurle - 2008.

  • (le dernier) maestro

    Pétrin modeste
    liant ma non troppo
    des harmonies d'orchestre aux riants oripeaux,
    pour toi le dernier mot
    sera, lent comme un geste entame un fandango

    l'écoulement de l'eau qui leste
    au flanc du pèlerin céleste
    soprano largo crescendo
    la souple gourde en vessie de veau
    sous la veste à même la peau

    la boucle fermant dans ton dos
    le collier formé de mes os
    couronnant de ces restes
    que plus rien ne moleste
    allant sinistre à dextre
    la preste lettre O

    nonos.jpg

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

  • Épitaphe

    Je flottais.
    Ne sachant plus d'où j'arrivais, l'habit moins chiffonné que l'intérieur, le pied bien maladroit et le regard absent, il était temps pour moi de marquer une pause après une nuit bien remplie, comme on dit pour ne pas dire ce qu'on ose, loin des pensées à l'eau de rose.
    J'allais au cimetière.
    C'est une lubie que j'ai, subite, par moments, quand j'ai besoin de faire de ma vie un roman et d'y mettre des fleurs. Des tulipes, toujours. C'est mon petit bonheur. Puis, j'erre parmi les sépultures, lisant les épitaphes. C'est ainsi que je tombai, ce jour-là, interdit, devant ce court paraphe : « C'est sympa d'être passé ».
    Merde ! Peste ! Fait chier !
    C'était là, au mot près, ce que j'avais l'idée d'inscrire pour moi-même et mon dernier séjour en éternel repos. Alors, de chiffonnée, mon humeur fut maussade. Je massacrai le gravier des allées, donnant des coups de pied comme un malade, une bonne heure durant, me sembla-t-il. et dans cet intervalle, un soleil déchirait les nuées matinales dans un ciel incertain de son sort, hésitant, ne sachant trop que faire des couleurs lui faisant, bayadère, un front horizontal, strié du bleu à l'or.
    Et voici qu'un cortège avançait dans la travée vers la tombe. Oui, vers la tombe même qui m'avait rendu tout un blême, sombre, aigri, désolé que la vie me fasse l'ironie de narguer mon esprit badin.
    J'y reconnus quelqu'un !
    Puis cette autre, et cet autre, et ces deux-là aussi, que j'avais pour amis quand j'étais en Allemagne. Ah ça ! ai-je connu celui qu'on accompagne dans son cercueil écru comme une porcelaine aux dorures champagne ?
    Et quand je vis mes filles, ma compagne d'alors... nul doute, je le compris dans l'instant : j'étais mort.

    TOMBE1.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

     

  • épigramophone

    manche (2).jpg

    Norme, endimanche
    l'amer crédit
    des soupes blanches
    (crème et orties)

    L'ombre s'épanche
    (aplats de gris)
    épigramme au faune l'envers
    d'un Triste Lundi populaire

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK