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épitaphe

  • Épitaphe

    Je flottais.
    Ne sachant plus d'où j'arrivais, l'habit moins chiffonné que l'intérieur, le pied bien maladroit et le regard absent, il était temps pour moi de marquer une pause après une nuit bien remplie, comme on dit pour ne pas dire ce qu'on ose, loin des pensées à l'eau de rose.
    J'allais au cimetière.
    C'est une lubie que j'ai, subite, par moments, quand j'ai besoin de faire de ma vie un roman et d'y mettre des fleurs. Des tulipes, toujours. C'est mon petit bonheur. Puis, j'erre parmi les sépultures, lisant les épitaphes. C'est ainsi que je tombai, ce jour-là, interdit, devant ce court paraphe : « C'est sympa d'être passé ».
    Merde ! Peste ! Fait chier !
    C'était là, au mot près, ce que j'avais l'idée d'inscrire pour moi-même et mon dernier séjour en éternel repos. Alors, de chiffonnée, mon humeur fut maussade. Je massacrai le gravier des allées, donnant des coups de pied comme un malade, une bonne heure durant, me sembla-t-il. et dans cet intervalle, un soleil déchirait les nuées matinales dans un ciel incertain de son sort, hésitant, ne sachant trop que faire des couleurs lui faisant, bayadère, un front horizontal, strié du bleu à l'or.
    Et voici qu'un cortège avançait dans la travée vers la tombe. Oui, vers la tombe même qui m'avait rendu tout un blême, sombre, aigri, désolé que la vie me fasse l'ironie de narguer mon esprit badin.
    J'y reconnus quelqu'un !
    Puis cette autre, et cet autre, et ces deux-là aussi, que j'avais pour amis quand j'étais en Allemagne. Ah ça ! ai-je connu celui qu'on accompagne dans son cercueil écru comme une porcelaine aux dorures champagne ?
    Et quand je vis mes filles, ma compagne d'alors... nul doute, je le compris dans l'instant : j'étais mort.

    TOMBE1.JPG

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Défi du samedi

     

  • ultime pirouette

    Toc, toc
     C'est qui ?
    La Mort
     Encore ?!

    Oui, mais cette fois-ci,
    je viens remporter la partie

    (à part lui) Que tu crois…
    Que je dis !

    Toc ! Toc ! …alors !?
     C'est bon, j'arrive
     (soupir) Je n'ai déjà plus de salive

    Qu'importe ! où nous allons,
    il n'est nul besoin de chanson

    Toc…
     Oui
    Ah, c'est heureux…
    …enfin… quand même !
     Vous ai-je dit que je vous aime ?

    Si je vous baise les yeux,
    m'aimerez-vous un peu ?

    Ah, ça ! qui parle ?
    Le Prince Charles ?
    Toi, mon cher Jules ?

    - Elle s'avance, je recule -

    Allons ! allons, mon bon,
    ne faites pas tant de façons

    Mais oui, mais non, ma chère…
    A propos, qu'allons-nous en faire ?

    De… ?
     …ma chair, pardi !
    Nous la laisserons là, sans vie
     J'entends bien, mais après

    Il n'est pas de "mais" ni "d'après",
    pas plus que de "si", de "peut-être",
    ni aucun tralala
     Et je dois gober ça ?

    C'est le lot commun; c'est l'usage
     Ne m'en dites pas davantage
     Je suis prêt, j'ai fait mon bagage

    Vous voyagez léger
     Ça vous ennuie ?
    Non, c'est assez
     Et pour mon épitaphe ?
    Apposez là votre paraphe
     Oui, mais dites, qu'en pensez-vous ?
    C'était couru, venant de vous
    …c'est plutôt bien tourné :

    « C'est sympa d'être passé »

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

     

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