Mouchoir,
mon beau mouchoir, dis-moi
quoi me rappeler aujourd'hui
Défaits tous les nœuds de ma vie
je reste sans espoir
Et je n'ai rien compris
rien appris des miroirs
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
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Mouchoir,
mon beau mouchoir, dis-moi
quoi me rappeler aujourd'hui
Défaits tous les nœuds de ma vie
je reste sans espoir
Et je n'ai rien compris
rien appris des miroirs
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Et, d'aussi loin que souhaitable
me rengaine un soupir
les mains bien à plat sur la table
je m'entends dire
Enfant, ce terrain gras souillait
tout sens dessus dessous - crottés
souliers, pantalons, manches !
les habits guindés du dimanche
Bonne Mère ! Tout ce vert !
Qué faire ! ...comment le ravoir ?
peste peste et bave au lavoir
gorge, battoir et vaste hanche
Fantine à sa lessive blanche
A bout de sente, fatigue
la prairie se fait garrigue
Garrigue, garrigou, garriguette
Chênes verts, genêts et bluettes
Jeunesse en génèse, amours fous
Garrigue, garriguette, garrigou
Fatchede, la mignonne
au cheveu court garçonne
un giron doux
A bout de souffle, castagne
la combe se fait montagne
Verts pâturages dominant
la vallée verte et rouge et or
qu'embrasse un fleuve à bras le corps
en lui promettant l'océan
Foutaises !
ironise un soleil de braise
enrubanné dans le ponant
A bout de rêve, un ciel
où frétille un battement d'ailes
En exil dans les Mascareignes
où j'aime autant que mon coeur saigne
L'oracle et l'Oiseau Vert se gardent
de connaître qui les regardent
La nuit qui vient m'est grand ouverte
Lève donc ton verre à ma perte
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un défi du samedi [#88]
illustré d'après une photographie de Val Tilu
« Tu voudras bien d'un gâteau, maintenant »
dit la bouche fine, parlant
sous le regard à l'ombre
avec, sur le gâteau
une manière de prière
et dans le dernier mot
à deux doigts de l'espièglerie
une certitude alanguie
déposée devant les mains jointes
l'une par-dessus l'autre, éteintes
ou peut-être engourdies
ou feignant de s'être assoupies
...Et quoi ! d'autres font la sieste à cette heure
au prétexte que la chaleur l'exige
Ça, et puis le nombre de piges...
Sur la nappe en toile cirée moutarde
une couteau patiente sur sa garde
il ne veut plus jouer à l'horloge
espérant là qu'on l'en déloge
et bientôt tinter dans l'assiette
et trancher et faire des miettes
mais l'assiette aussi, vide et pâle
attend au pied du verre, sale
où de vestiges en fragments
subsiste une gloire d'enfant
L'assiette à un bout, la voix de l'autre
et au milieu boude une poire
Une poire en est pour ses frais !
Elle qui s'est coupée en quatre
en quatre encore et puis en quatre
Elle a sucré, de ci de là
de quelque bras long quelques doigts
Elle en garde le dos pelé
et personne pour y goûter ?
C'est gâcher ! C'est misère !
et qu'en dire à la Terre Mère !
Dans le rai de lumière
que laisse un volet entr'ouvert
partager l'intérieur
arrimé ferme à son balcon
l'oiseau de la tête, non-non,
décline cette invitation
C'est qu'il a résolu hier
de faire maigre tout l'hiver
ayant cet été pour dessein
de voyager léger (enfin!)
C'est ainsi ...allez !
C'est tant pis, pour les
bonne poire,
fête des miettes,
voix dans le noir...
l'oiseau a quitté son perchoir;
il ne reviendra de sitôt
que l'on célèbre l'an nouveau
Voici comme en révolution
s'ensuivent les résolutions
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
impromptu littéraire - tiki#64
A quoi ça tient, la beauté du monde...
Tout peut changer dans la seconde
il y suffira d'un regard
d'une voix qui vient tôt ou tard
de l'attention d'une caresse
d'une vertigineuse ivresse
et c'est l'univers qui bascule
de lumière à ombre et retour
et tout le chemin à rebours
jusqu'au prochain arrêt
interdit devant la Beauté
Beauté
de toutes la plus diligente
à force d'harmonies profondes
où se disent les cris du monde
et ceux de l'intérieur s'entendent
fouler des rêves la face tendre
Beauté, de ta beauté
apprendre
la partition des genres
et se donner la main
avant de traverser
Les couleurs de l'étrange
et reprendre des murs
le crépi fatigué
Le goût de la lumière
et comment on s'abreuve
à ses virginités
Beauté, j'ai su ton nom certain matin de fièvre
j'y ai su et connu comme du bout des lèvres
s'impose à nous ton ouvrage latent
Beauté, bottée par tous les temps
Moi qui pensais aimer au soir
la fin de tous les vains espoirs
je t'appelle, Beauté, qu'au fond du corridor
ta parenté m'inspire encore
armé léger devant le pire
la grimace d'un gris sourire
et ce Cri !
j'en ai l'oreille abasourdie
et ce Sang !
j'en ai le poumon vide et blanc
et ce Jour !
j'en ai brûlé tous les contours
mais je n'ai jamais pu solder
ma redevance à tes clartés
Beauté, oh Beauté des beautés
Beauté qui vois où court le monde
à l'escalier de ta rotonde
un nouveau tableau chaque fois
cadre de fer, cadre de bois
vient compléter ta galerie
sans en altérer l'harmonie
J'ai su
des champs et des forêts sauvages
crachant de fureur et de rage ;
il y pousse des pieds sans jambe
et des bordées de fleuves flambe
l'autodafé des parricides
au long de leurs berges putrides
où chanteront le crapaud-buffle
avec tous les corbeaux - ces mufles !
tandis que la terre ravale
des corps mutilés tous les râles
Je vois
au matin, des chemins d'école
où des cartables les lucioles
sous une lune bienveillante
à demi rongée, indolente
adressent quelques pieds de nez
au soleil à peine levé
J'ai vu
s'effacer le visage aimé
au dernier mouchoir dénoué
puis dans le bougeoir s'affadir
la pâle flamme du désir
l'ombre ramassée sur son ventre
se donner des allures d'antre
où ne dort pas le Minotaure
ni ne passe aucun météore
Je sais
à l'humeur changeante du jour
comme le temps suspend son cours
pour écouter sur l'océan
poussé par les vagues le chant
étrange et mage cantilène
disant de lointaine sirène
le puissant et vif appétit
où s'écrit le bel aujourd'hui
Beauté, Beauté !
t'ai-je tout dit ?
je dois partir avant la nuit
gagner mon rêve
à marcher pieds nus sur ta grève
tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
Le monde ouvre les yeux et c'est de moi qu'il rêve
La couronne et la fève
je les ai tous les deux
Au plus fort de l'hiver entre l'année nouvelle
Je bois de l'hydromel à son regain fiévreux
Que dit ce firmament venu froisser le ciel
au ras des horizons brisés que les toitures
alignent en fatras de cohésions obscures
dont je suis sans savoir le serpent qui ruissèle
et draine en contrebas l'ennui dans les fissures
hein ?
Le monde ouvre les bras et c'est moi qui l'emporte
Je suis la mère forte
la vie à chaque pas
De sourdes profondeurs je puise à l'essentiel
Ma course est naturelle et m'élance au-delà
Qui reprend en écho ma rauque ritournelle
au flanc des murs crépis qui m'écorchent la voix
quand j'avise une vrille où des feuilles tournoient
et que je les poursuis au bas de la tourelle
en laissant aux créneaux mon écharpe de soie
dis ?
Le monde ouvre les jambes et c'est moi qu'il accueille
Je suis nu sur son seuil
et j'ai le premier cri
Au plus fort de la nuit entre l'âme nouvelle
et son doux hydromel j'en bois tout à l'envi
- Qui pleure ?
- C'est la pluie.
tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un défi du samedi [#87]